BATAILLONS DE CHASSEURS

Et des anciens DIABLES BLEUS du 30°BCA, 30°BCP, 30°GC
 
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 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE

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Thierry GUYON
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MessageSujet: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 16:48

DEUXIEME CHAPITRE

1914

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE


Le 1er août 1914, le bataillon est dans sa chère montagne à Jausiers ; absorbé par ses travaux, ses reconnaissances, son programme de pitonnage, il ignore presque les troublantes nouvelles que les journaux apportent bien tard dans ce coin si reculé.
A 5 heures du soir, télégramme annonçant la mobilisation générale ; puis, ordre de rester sur place en couverture. Stupeur, enthousiasme, déception, se succèdent et enfièvrent le bataillon.
Huit jours d'attente sans nouvelles ; on part enfin ; deux longues étapes jusqu'à Chorges où l'on embarque, deux jours de chemin de fer ; on débarque à Gérardmer le 12 et on est le soir même aux avant-postes à la frontière au col de Bramont

VERS COLMAR

Le 14 août, un peu après minuit, le bataillon est rassemblé et va à son premier combat ; il arrive au Hohneck à 5 heures et débouche, compagnie TOUCHON en avant-garde. Sous les balles, et bientôt sous les obus, foulant avec joie la terre d'Alsace, on va à l'ennemi en dévalant les pentes nues du Hohneck.
Un poste est chassé du mamelon boisé de Gaschney ; une tranchée dont d'épais abatis défendent l'accès arrête un instant l'avant-garde ; nos mitrailleuses arrivent ; le mitrailleur CHAMPETIER reçoit un shrapnel au pied, porte sa pièce 400 mètres et n'annonce sa blessure que lorsque la pièce est sur l'affût.
La compagnie TOUCHON se déploie, la section BERTRAND, de la 2ème, intervient, l'assaut est donné ; les abatis sont franchis sous le feu d'un élan magnifique, l'ennemi s'enfuit.

La poursuite continue toute la matinée dans le Silberwald à travers les beaux sapins d'Alsace et le bataillon s'installe au col de Sattel et au Reichackerkopf sous un violent bombardement de gros calibre.
Le chasseur CRAMPE découvre vers le soir deux compagnies ennemies qui approchent par la route ; elles sont encore en colonne par :quatre quand la section de mitrailleuses et la compagnie TOUCHON les fusillent à courte distance
20 Allemands restent sur le terrain les autres s'enfuient en jetant sacs, fusils et casques.
C'est ensuite la section FROMENT qui charge et disperse un groupe ennemi arrivé très près à la faveur des bois épais.
Le baptême de feu a été tout à fait brillant ; la première nuit sur le champ de bataille est passée sous une pluie torrentielle, avec de nombreuses alertes provoquées par le va et vient des Allemands qui pourtant paraissent beaucoup plus occupés à ramasser leurs blessés qu'à contre-attaquer. Mais on n'est pas encore de vieux guerriers.
Le bataillon doit attendre que les voisins arrivent à sa hauteur, et les jours suivants sont assez calmes ; il descend le 17 à Stosswihr, où il reçoit sa batterie de montagne, la 1ère du 1er Régiment, commandée par le capitaine LE' MASSON.


COMBAT DE GUNSBACH.

Le 19, ordre d'attaquer par la rive Nord de la Fecht pour faciliter le débouché d'autres corps qui agissent par la vallée Wasserburg, Sultzbach.
Les compagnies MANICACCI et BANELLE sont en avant-garde. Sous la fusillade, sous de nombreux gros obus, elles progressent lentement dans un terrain extrêmement difficile, pentes escarpées coupées de hauts talus, fourrés très épais de genêts et de broussailles.
La compagnie MANICACCI est bientôt prise à partie par un bataillon ennemi ; elle se cramponne sans faiblir, tient pendant plusieurs heures au prix de pertes sensibles ; le lieutenant GONNET est tué ; un deuxième bataillon débuche sur elle quand la compagnie DE FABRY vient la soutenir.
La compagnie BENELLE, soutenue par la compagnie TOUCHON, a aussi son dur combat ; mais elle progresse, se faufile dans les épais fourrés, arrive près d'une batterie de 150 ; elle extermine le soutien de la batterie et une partie de son personnel.
Vers 15 heures, un troisième bataillon ennemi sort de Gunsbach, se glisse le long de la voie ferrée, commence un mouvement tournant très dangereux pour nous ; la section de mitrailleuses et la batterie LE MASSON viennent de trouver de bons emplacements, elles le prennent à partie, lui causent rapidement de dures pertes, le font refluer en désordre.

Ce reflux amène le recul de toute la ligne ennemie ; la poursuite commence, énergique, gênée par les hautes vignes et leurs fils de fer. C'est presque le corps à corps par instants ; l'adjudant LAGRANGE abat d'un coup de revolver un Allemand qui vient de le blesser deux fois.
Le bataillon est à 20 heures à Wihr-au-Val, au débouché de la vallée de Sultzbach ; sa mission est bien remplie ; il a mis en déroute le 121ème régiment wurtembourgeois en entier, des fractions des 123 et 124ème régiments, et avancé de plus de 6 kilomètres.
Il reçoit le lendemain les félicitations suivantes : " Le général commandant le détachement s'empresse d'adresser toutes ses félicitations au lieutenant-colonel GOYBET, commandant le 30ème groupe de chasseurs, et à ses braves troupes pour leur succès d'hier contre un ennemi très supérieur en nombre."
Vigoureusement talonné de toutes parts, l'ennemi continue à céder ; le bataillon est le 20 à Waldbach, le 21 à Türckheim.

COMBAT DE LOGELBACH :

Le 22 Août, la compagnie BOUQUET a été poussée devant Logelbach, aux portes de Colmar. Les obusiers allemands sont particulièrement actifs ; la compagnie BOUQUET, à découvert, principalement prise à partie, très sérieusement éprouvée, subit héroïquement le premier bombardement vraiment violent.
Vers 11 heures, avec l'appui de ses obus de plus en plus nombreux, de longues et incessantes rafales de mitrailleuses qui rendent très difficile l'arrivée de nos renforts, l'ennemi débouche de Logelbach en épaisses colonnes ; les chasseurs restent inébranlables ; la précision de leur tir fait des ravages dans les rangs ennemis.
Le Caporal rengagé CHAPRE, isolé avec son escouade, tient en respect un fort détachement bien pourvu de mitrailleuses.
Le Chasseur MONTAGNE, grièvement blessé à l'épaule, continue à faire le coup de feu de toute la journée.
La compagnie DE FABRY et la section PIOT, de la 6ème réussissent à prendre position à droite de la compagnie BOUQUET, elles résistent aux attaques de plusieurs bataillons et d'une compagnie de mitrailleuses.
A 16 heures, c'est le tour de nos canons et de nos mitrailleuses ; l'attaque mollit, puis fait demi-tour. Les Allemands rentrent dans Logelbach l'évacuent ; on les suit, on croit aller à Colmar quand vient l'ordre de céder la place à un autre Bataillon.
Le 30ème revient à Türkheim et va cantonner à Zimmerbach.

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" Quand le drapeau avance, il faut le suivre ; quand il tombe, le relever pour le porter toujours plus loin ". Colonel DRIANT


Dernière édition par le Ven 18 Jan 2008 - 18:10, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 16:51

LES VOSGES


Les chasseurs goûtent à Zimmerbach un repos bien mérité ; choyés par les Alsaciens délivrés, ils fêtent leurs beaux succès, insouciants des grosses marmites qui craquent toujours bruyamment vers Colmar.
Brusquement, le 25, ordre de regagner la frontière vers les cols du Bonhomme et des Bagenelles.
Départ à 13 heures : dure étape, avec la tristesse .d'abandonner les villages où l'on a reçu un accueil si touchant, le sol où l'on a vibré des premières émotions de la victoire. Toute la nuit, entre le Lac Blanc et le Louchpach, il faut frayer un passage aux équipages et à la Batterie alpine à travers les innombrables abatis de gros sapins reliés par des fils de fer qui barrent la route.
Après vingt quatre heures de marche, le Bataillon est dispersé du Col du Bonhomme au col de Bagenelles.


MANDRAY


Il se rassemble dans la soirée du 27 ; d'importantes troupes allemandes refoulent le 14ème corps dans la vallée se la Meurthe, le bataillon va inquiéter leurs arrières.
Sous bois, par le Chipal, on marche sur Mandray, on se relie au 13ème bataillon.
Avec une compagnie du 13ème la compagnie TOUCHON et les éclaireurs du lieutenant BERGE s'emparent du convoi d'une division bavaroise : 230 prisonniers, chevaux, voitures, et même les bagages du général nous restent.
Le lieutenant-colonel GOYBET, ^1 commande le-30ème depuis 8 ans, va prendre le commandement du 152ème d’infanterie. Le capitaine BOUQUET le remplace.
Le lieutenant-colonel BRISSAUD-DESMAILLET prendra le 10 septembre le commandement du groupe des bataillons de Chasseurs, formé par les 13ème, 22ème, 26ème et 30ème bataillons.

COL DES BAGENELLES
LA POUTROYE


Tous les jours, combats plus ou moins vifs.
Le 2 septembre, au col des Bagenelles, les compagnies MANICACCI et BANELLE repoussent les assauts d'un bataillon allemand ; le lieutenant ROY est tué en accourant pour contre-attaquer.
i Le nême jour la compagnie de FABRY est envoyée à la Poutroye en renfort au 28ème bataillon violemment assailli ; elle résiste à toutes les attaques d'un bataillon, elle est presque tournée quand la compagnie NICOLLE arrive et la dégage.

CREUX-D'ARGENT


Le 4, la compagnie NICOLLE va à Creux-d’Argent pour appuyer une attaque faite par le 28 ; le lieutenant GONTHIER tombe à la tête de la section d'avant-garde.

PRE-DE-RAVES
COL DES JOURNAUX


Le 6, dans la matinée, la compagnie TOUCHON, avant-garde d'une reconnaissance, engage à Pré-de-Raves un dur combat où le lieutenant PIOT charge brillamment ; on enlève une série de tranchées.
L'après-midi, un autre détachement où la compagnie NICOLLE est en avant-garde va prendre part à l'attaque du col des Journaux. Notre artillerie prépare énergiquement l'attaque, hache les sapins qui masquent les tranchées ennemies.
Le bel assaut de la 1ère est irrésistible ; toutes les hauteurs qui dominent le Chipal et Fraize sont définitivement à nous.

ROSSBERG-BONHOMME.


Le 7, dès le point du jour, les compagnies MANICACCI et BANELLE sont violemment bombardées au Rossberg ; un bataillon 3ème landwehr bavarois essaie en vain plusieurs attaques de midi à 15 heures et se retire en abandonnant de nombreux cadavres.
Le caporal ROCHE, excellent tireur, a abattu un grand nombre d'ennemis ; assis sur le parapet, il désigne à ses hommes celui qu'il vise et le manque rarement.
Le lieutenant ALLOIX a été tué d'une balle au front en se portant au devant de l'attaque.
L'ennemi se venge de son échec en bombardant avec acharnement la région pendant la journée du 8 ; les obus sont particulièrement nombreux au col du Bonhomme ; le général BATAILLE y est tué au milieu des Chasseurs.
Le 9, nouvelle attaque au Rossberg, précédée du bombardement d'usage ; le nouveau bataillon qui apparaît devant les compagnies MANICACCI et BANELLE n'est pas plus heureux que celui de l'avant-veille, il se retire très malmené par nos balles ; la clairière du Rossberg est couverte de ses cadavres. Le caporal POUPON a traversé quinze fois la zone de feu pour transmettre des ordres ou des renseignements.

BAGENELLE


Le 14 septembre, une reconnaissance offensive est faite sur les pentes Est du col des Bagenelles, compagnies BANELLE et TOUCHON en avant, compagnies, DE FABRY et MANICACCI en soutien. On se bat toute la journée sur les pentes boisées, on enlève plusieurs tranchées, on progresse jusqu'aux abords de la cote 950. Le sous-lieutenant ITIER tombe au dernier assaut.
Puis les lignes se fixent ; pendant plusieurs semaines, sous les obus, par la pluie, par la neige bientôt venue sur ces hauteurs, le bataillon vit sous bois, sans feu et sans abri, des Bagenelles au Louchpach il creuse des tranchées, pose des fils de fer ; de mordantes patrouilles bousculent les petits postes ennemis, font des prisonniers, entretiennent l'ardeur guerrière.

LESSEUX.


Le 24, les compagnies DE FABRY, PIOT (3ème), BANELLE et TOUCHON se portent à minuit vers Lesseux et Herbeaupaire où les 13ème et 28ème bataillons sont violemment attaqués.
Dès 9 heures, la compagnie DE FABRY est en ligne et repousse plusieurs tentatives ennemies ; puis, passant à l'offensive avec un peloton de la compagnie PIOT, elle prend d'assaut les tranchées de la hauteur du Mont et du bois de Chena.
Le caporal ISABELLE, envoyé en patrouille de combat après l'assaut, a disparu avec son escouade ; il rentre pendant la nuit.
La compagnie BANELLE a enlevé à 17 heures les tranchées de la croupe de Lesseux.
Le lendemain, la compagnie BANELLE attaque encore.; clairons sonnant la charge, elle enlève dans un assaut très brillant un mamelon au Nord de Lesseux, fait subir de dures pertes à l'ennemi, poursuit, et dépasse son objectif.
Elle est bientôt soumise à un très violent bombardement. Le capitaine BANELLE et de nombreux chasseurs tombent ; la compagnie reçoit l'ordre d'aller s'abriter à la contre-pente ; le caporal RICHELET, légèrement blessé, n'exécute pas l'ordre, reste sous les obus, et lorsqu'à la fin de la journée il voit le régiment voisin qui attaque, il part aussi à l'assaut avec son escouade.

VIOLU


Fin octobre, on prépare la prise de la Tête de Violu, qui domine toute la région de Saint-Dié et de Sainte-Marie-aux-Mines. Des diversions sont faites avec une parfaite abnégation pour détourner l'attention de l'ennemi de nos préparatifs d'attaque ; le sergent BOISSON se fait remarquer par l'ardeur avec laquelle il accroche dans ce but l'ennemi à la Maison du Bois.
L'attaque est faite le 31 octobre et le 1er novembre, les compagnies DE F'ABRY et BERGE y prennent part ; les Chasseurs voient pour la première fois notre artillerie faire une préparation fort bruyante et efficace.
Tous les objectifs sont atteints ; toutes les contre-attaques n'ont d'autre résultat que d'augmenter le nombre des cadavres ennemis qui gisent sous les sapins.
Le caporal FAFOURNOUX s'est signalé par les patrouilles qu'il a faites pendant les quatre jours qui ont précédé l'attaque.
Le sergent LAVIALLE a donné un assaut particulièrement brillant.
L'adjudant BULLIARD a montré une très grande habileté dans la conduite de sa section à travers d'épais fourrés, une ardeur remarquable à l'assaut.
Le bataillon obtient sa première citation à l'ordre du groupe des bataillons de Chasseurs de la 66ème division.

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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 16:55

LA TÊTE DES FAUX


La Tête du Violu prise, il reste encore à l'ennemi la Tête des Faux, observatoire précieux pour lui, fort gênant pour nous.
A 3 ou 4 kilomètres de nos lignes, ses 1 219 mètres dominent et voient toute la crête frontière, toutes les hautes vallées de la région, les chemins et les routes qui sont la vie de notre front, tous les trains qui arrivent à Fraize.
Des éboulis d'énormes blocs de granit, d'épais fourrés de pins rabougris que le poids des neiges couche et emmène chaque hiver en enchevêtrements inextricables lui font une ceinture qui semble défier tous les assauts.
Le mois de novembre est très mauvais ; la pluie glacée, les tourmentes de neige rendent la vie très dure dans les noirs bois de sapins où gîtent les Chasseurs. De nombreuses mais discrètes reconnaissances sont faites vers le piton convoité ; il faut étudier son chemin sans mettre l'ennemi en défiance.
Le 2 décembre, à 2 heures, un détachement formé de deux compagnie du 28ème, des compagnies MARION (1ère), MANICACCI, TOUCHON, quitte le RUDLIN, chemine sous bois, arrive à 11 heures au pied de la Tête des Faux sans avoir donné l'éveil.
Notre artillerie, bien peu nombreuse, s'efforce d'arroser efficacement le sommet ; la compagnie TOUCHON en avant et à droite marche droit sur le point culminant, court à travers les fourrés, escalade les gigantesques éboulis ; arrêtée aux fils de fer, ses clairons sonnent la charge.
Le capitaine TOUCHON, blessé dans le réseau d'une balle à la cuisse, ne tombe pas ; les chasseurs MAZET et LECOMTE sont tués en coupant les fils de fer à coups de hache ; on passe.
Le caporal MOISSONIER tue deux Allemands à coups de baïonnette.
Le sommet est enlevé ; l'ennemi se retire dans ses tranchées de la contre-pente où ses renforts accourus nous arrêtent.
Toute la soirée, toute la nuit, les contre-attaques se succèdent ; le Chasseur VINCENT,excellent tireur d'un grand sang-froid, fait merveille ; un dernier effort tenté à l'aube n'a pas plus de succès ; le tapis de cadavres qu'éclairent les premières lueurs du jour montre quel prix l'ennemi attachait à son observatoire.
Puis, c'est le bombardement continu, les mines et les tuyaux de poêle les rafales de mitrailleuses, la fusillade incessante et impitoyable, à 40 mètres, où chaque balle tue ; le vent, le froid, la neige épaisse qui tombe en tourmentes aveuglantes, les pieds gelés.
Impossible de creuser des tranchées dans le roc et la terre glacée, impossible de poser des réseaux. On se tapit dans la neige le jour, et la nuit on se fait un toit de branchages, on pose devant soi quelques caisses pleines de terre, les "boucliers Azibert" ; on jette quelques "araignées" que la fusillade hache, que la prochaine neige couvrira.
Aux engins de mort perfectionnés de l'ennemi nous ripostons de toute la force de nos pauvres moyens : vieux obus de 90, bombes qui datent de Louis-Philippe, pétards faits d'un paquet de cheddite ficelé à une branche de sapin.
Fiers, les Chasseurs tiennent ferme sur le rude piton ; aux plus vaillants le poste le plus périlleux ; le soleil luit, leur montre le but, la plaine d'Alsace où leurs frères les attendent, le Rhin qui scintille et qu'on atteindra.
A partir du 20 décembre, de sourds coups de mine sont entendus jour et nuit, de nouveaux préparatifs surgissent, les approches de l'ennemi apparaissent à 20 mètres du centre de la compagnie TOUCHON où les maigres fils de fer sont détruits sans cesse par les bombes et les grenades.
Notre ligne va-t-elle sauter ? Un peu à contre-pente, on noie de fils de fer invisibles à l'ennemi l'arrière de l'espace menacé, on aligne quelques boucliers Azibert autour de cette zone condamnée.
Le 24 décembre, les compagnies PIOT et TOUCHON sont en ligne, la compagnie TOUCHON au point le plus délicat ; un dur bombardement pendant la matinée, les 210 de la Poutroye et les grosses mines de Grimaude ont donné ferme ; l'après-midi est calme, la nuit commence remarquablement tranquille.
Soudain, à minuit, des hurlements et la fusillade assourdissante. Les Allemands ont surgi en masses serrées. Ils entrent dans la section BONREPAUX au centre de la compagnie TOUCHON, sur les 50 mètres où le fil de fer manque ; partout ailleurs, pas un ne passera, et leurs cadavres s'entasseront si nombreux et si proches que par endroits ils empêcheront le tir par les créneaux.
Dans la partie envahie c'est un corps à corps très meurtrier où presque tous les nôtres submergés succombent après une lutte héroïque ; on trouvera de nos morts serrant encore une pioche enfoncée dans une poitrine allemande ; la masse grossit s'entre-tue avec ses grenades, mais avance.
La section de réserve de la compagnie TOUCHON accourt avec le capitaine garnit les boucliers Azibert de la deuxième ligne ; la section de réserve de la compagnie PIOT bouche le trou à gauche entre la partie qui a tenu et la deuxième ligne. Le caporal BESSE tombe mortellement blessé et crie : "En avant quand même !" Les feux croisés de ces deux sections font des ravages chez les assaillants empêtrés dans les fils de fer.
Les nôtres maintiennent une fusillade enragée. Le lieutenant d’artillerie CHABERT a voulu passer la nuit de Noël à son observatoire près du Sphinx ; il prend la direction du ravitaillement en cartouches ; ses ravitailleurs seront aussi héroïques que les combattants.
Le chasseur PELLET offre des cartouches à deux Allemands s'aperçoit de son erreur, les tue.
Le Chasseur COUP-LA-FRONDE, un bras brisé, fait vingt-deux fois le trajet du dépôt de munitions à la ligne de feu, et il est beaucoup plus périlleux d'entrer dans la tranchée et d'en sortir que d'y rester.
Mais les Allemands se renforcent sans cesse, les nôtres diminuent ; il ne reste bientôt plus à la section de réserve de la 6ème que les sergents LARGERON et PAUCHON, le caporal CRAMPE et huit Chasseurs, qui répondent aux cris allemands : "On ne passe pas ! Vive la France" et chantent la Marseillaise en continuant leur feu.
L'attaque est par bonheur bien contenue partout ailleurs, où les fils de fer sont suffisants.
Le Lieutenant PIOT accourt sous les balles pour dire : "Chez moi, ça va, la ligne tient, mais nous en tuons, nous en tuons !"
L'adjudant COLONNA répond invariablement à toutes les demandes de renseignements : "Nous tiendrons !"
Le Lieutenant BERGE parcourt sans cesse sa ligne avec son calme prodigieux, sa seule présence est une assurance que tout ira bien.
Le Chasseur VILLARD prend le commandement d'une demi-section dont le Sergent et les deux caporaux sont tombés.
Les caporaux GADANT et GAVEYRON montrent un splendide courage.
Le Chasseur MONNET tient toute la nuit isolé avec trois camarades.
Le Chasseur MOURGUE, grièvement blessé au bras gauche, tire quand même toute la nuit.
Arrive enfin une section de la 1ère compagnie, accourue de La Verse ; c'est la seule réserve du lieutenant MARION, pris à partie aussi, il n'a pas craint de s'en défaire.
Deux assauts encore, brisés aussi ; au dernier, les Allemands ont trouvé une brèche, en avant et à droite de la deuxième ligne ; ils glissent derrière la section LESPECT, l'entourent ; les Chasseurs tirent les uns en avant, les autres en arrière, tiennent.
La section BOYER de la 2ème, venue de la ferme Mathieu, arrive à point pour dégager la section LESPECT.
Enfin, un dernier assaut avec fifres, tambours, hurlements de : unser Kaiser (notre Kaiser), Kaisers befehl (ordre du Kaiser), rafales de mitrailleuses dont on voit la flamme à quelques mètres. L'acharnement de l'ennemi ne sert qu'à augmenter ses pertes.
Il est 4 heures, l'Allemand n'attaque plus ; dans le bout de tranchée qu'il a pris ,il s'installe, entasse des boucliers en fer, des sacs à terre, une mitrailleuse.
Courte et pénible installation, sous notre fusillade sans répit. Au petit jour le caporal CRAMPE bondit avec quelques Chasseurs et reprend toute la tranchée perdue. Il y retrouve encore vivants quelques-uns de nos blessés ensevelis sous des piles de cadavres.

Le commandant interroge les prisonniers ; ce sont des chasseurs mecklembourgeois du 14ème bataillon ; des cocardes multicolores ornent leurs shakos de cuir ou de feutre. Ils portent tous au porte-épée une dragonne verte.
Le capitaine fait réunir ces dragonnes et tout à l'heure le tailleur de la compagnie y coupera des galons pour les caporaux ; ce sont les premiers galons verts des chasseurs, ils remplaceront pour un temps les trop visibles galons jonquille.
Un officier ennemi déclare que les siens ont éprouvé des pertes terribles ; il les estime à 500 hommes mis hors de combat.
Quatre compagnies de chasseurs, deux compagnies bavaroises de pionniers ont mené l'attaque. Le dernier assaut fut fourni par la compagnie cycliste ; son recrutement était de choix, son équipement splendide. Les vainqueurs se montrent en riant les pompes de bicyclette et se partagent les étuis de cartes, tout flambants neufs 1
Les prisonniers sont groupés devant le poste du capitaine ; lorsque passe un Chasseur, un simple petit Chasseur de 2ème classe, tous, ostensiblement "rectifient la position" ; un feldwebel, interrogé, se fige dans un "garde à vous" impeccable, montre du menton un de ses gardiens et dit simplement :
"Die besten Truppen in der Welt (les meilleurs troupes du monde)."
Ultimes paroles d'admiration, et d'orgueil aussi de l'ennemi vaincu"(1).

Une citation entre toutes, celle du clairon MAILLER, tombé la cuisse brisée, exprime l'exaltation héroïque des Chasseurs dans cette nuit de Noël

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DETACHEMENT DE L'ARMEE DES VOSGES

1915

Ordre général n° 5, 25 janvier 1915

"MALLIER, Chasseur de 1ère classe, clairon à la 6ème compagnie du 30ème. "Atteint dès le début de l'action, dans la nuit du 24 décembre, à la Tête des Faux, d'une grave blessure, est tombé entre l'ennemi et nos réseaux de fil de fer, à quelques mètres de nos tranchées, a entonné la Marseillaise et a crié à ses camarades qui n'osaient tirer de peur de l’atteindre : "Qu'est-ce que cela peu bien f..., tirez, tirez, nom de D… ! Vive la France !"
Après la rafale à répondu à ses camarades qui lui demandaient s'il était toujours là : "Oui, je viens de recevoir une de vos balles, mais je n'y suis pas encore cette fois. Les voilà qui reviennent. Ils sont tous près de moi. Allez-y tirez. Vive la France ! Est mort au-point du jour à la même place."
(1) Commandant TOUCHON, trois Noëls d'Alpins.
La compagnie TOUCHON est citée à l'ordre de l'armée.
Puis la même rude vie recommence.
Enfin, le 20 janvier, pour la première fois depuis le 9 août 1914, le bataillon est rassemblé en entier au repos à Plainfaing et à la Truche ; il reçoit des populations qui doivent leur sécurité à sa gloire un accueil exceptionnellement cordial ; tous les anciens du 30ème en gardent un profond souvenir.



AVANT LE LINGE

Pendant les quelques jours qui suivent, le bataillon n'a presque pas d'histoire ; il s'éparpille entre le col du Bonhomme et le col de Wettstein ; fait des abris ; parfois une compagnie a la joie de quitter les bois marmités et de descendre dans la région de Plainfaing.
Au début de février deux compagnies montent au Rossberg et au Bonhomme ; une autre s'en va bientôt au Lac Noir, elle ne peut y faire de feu et elle souffre cruellement du froid ; puis une autre vient occuper Basses-Huttes, où de nombreuses patrouilles se distinguent.
Le 19 février, l'ennemi attaque furieusement de Wettstein à Stosswihr. La compagnie TOUCHON monte au Combekopf, piton rocheux, nu, sans aucune tranchée, en avant de Wettstein ; l'ennemi y croise ses feux du Schratzmännele et du Barenkopf ; il y a fait quelques petites attaques, toutes repoussées.
La compagnie TOUCHON passe trois pénibles semaines ; les obus sont nombreux ; le vent se heurte au Barenkopf, au Schratz, à l'Hornleskopf y soulève sans cesse d'aveuglants tourbillons de neige ; les blessés ne peuvent être évacués que la nuit.
Petit à petit, malgré le roc et le gel, tranchées et boyaux se creusent. Le Combekopf s'organise ; on prévoit l'attaque du Linge, le Combekopf sera le point de départ ; les compagnies y viennent à mesure qu'elles trouvent de la place ; elles travaillent avec acharnement. En juin le bataillon en entier travaillera aux parallèles de départ sous les obus et les mines.
Le 15 juin, on fait une audacieuse sortie, diversion pour faciliter nos attaques vers Metzeral.
Dans la journée l'adjudant DUSSERT armé d'un revolver, le Chasseur MARION armé d'un couteau, rampent vers le Linge, se glissent dans le bois, débusquent une sentinelle et un petit poste ; le cheminement est reconnu
La nuit venue, absolument noire, les compagnies BERGE (3ème) et BERTRAND (5ème) sortent en silence ; les cisailleurs des caporaux BERNARD, FOUSSAL, PELIN, font sous le feu, des brèches dans deux réseaux trouvés à tâtons ; on met en fuite une série de petits postes, on se retranche ; puis les deux compagnies rentrent avant le jour, leur mission terminée.
Cette opération délicate s'est faite presque sans pertes grâce à la parfaite discipline du bataillon ; droit au but sans riposter pour ne pas s'entretuer.
Le Bataillon entier est descendu à Plainfaing le 2 juillet ; il s'équipe et s'entraîne pour les prochains assauts, s'exerce au lancement des nouvelles grenades et des nouveaux pétards, .répète la manoeuvre du grand jour.
Il est passé en revue par le général DE MAUD'HUY, au col du Bonhomme le 8, à l'occasion de l'inauguration du monument provisoire élevé à la mémoire du Général BATAILLE ; les fanions des 1ère, 4ème, 6ème compagnies et de la section de mitrailleuses reçoivent la croix de guerre.
Il commence à remonter le 13 vers le Combekopf ; encore quelques coups de pioche, et bientôt la grenade et la baïonnette.


LE LINGE

Le 20 juillet, bien avant le jour, le bataillon est en place dans ses parallèles, sur le glacis nu.
En première ligne : compagnie BERTRAND à gauche, face à la lisière sud du bois du Linge ; elle ne voit rien de l'organisation ennemie parfaitement masquée par le bois intact. Compagnie BERGE à droite, face à la petite carrière du Schratzmännele qu'elle voit gardée par les larges réseaux et les solides blockhaus.
L'attaque retardée à cause de la préparation d'artillerie visiblement insuffisante, est enfin décidée pour 14 heures.
Les vagues sont d'un peloton dans chaque compagnie d'attaque.
Le lieutenant MAGNE, à la tête de la première vague de la compagnie BERTRAND, entre sous bois ; il est arrêté aussitôt par un épais réseau, des tranchées intactes fortement occupées, des blockhaus ignorés où des mitrailleuses se révèlent.
La deuxième vague, avec le capitaine, est criblée de balles dès qu'elle débouche ; le capitaine est tué, le sous-lieutenant RICHELET grièvement blessé ; ce qui reste debout rejoint la vague MAGNE. La compagnie perd quatre-vingt-quinze hommes en un instant.
A droite, la première vague de la compagnie BERGE, précédée du clairon SYMIAN-MERMIER sonnant la charge l'arme à la bretelle, atteint les défenses accessoires qui bordent la route du Hohneck et le Schratzmännele ; toute l'organisation intacte ne peut être franchie.
La deuxième vague, mitraillée dès le départ, rejoint très diminuée ; les pertes sont vite considérables : sous-lieutenant SIMONNEAU et BLANCHON tués ; lieutenant COLONNA blessé ; l'adjudant MAITRE, une jambe brisée, crie aux Chasseurs qui veulent le penser : "Ne vous arrêtez pas ! En avant ! Marchez !"
Les caporaux GAVEYRON et GADANT, mortellement blessés, crient : "En avant ! Vive la France !"
Le commandant lance en renfort deux sections de la compagnie WEILL ; sous un feu terrible qui les prend dès la sortie de la parallèle, elles avancent avec un entrain et un ordre magnifiques. Les deux chefs de section, sous-lieutenants MICHEL et BOURGALAY, sont tués ; ce qui ne tombe pas renforce la 5ème.
Puis le lieutenant-colonel MESSIMY arrête l'attaque ; il commande le groupe 30ème-70ème depuis quelques temps, il a vu tout le combat, il sait qu'il vaut mieux garder pour de meilleurs occasions tant de vaillants prêts à se sacrifier.
Toute liaison est impossible avec nos vagues parties ; elles continuent la terrible lutte.
A gauche, le lieutenant MAGNE se multiplie, risque cent fois d'être tué, presque tous ses cisailleurs sont tués avec leur vaillant chef, le sergent-major MASCRE.
A droite, le capitaine BERGE, très douloureusement blessé à la tête, son sac tyrolien criblé de balles, rampe le long des réseaux, cherche en vain une brèche. Il n'y en a pas sur tout le front du bataillon. Il essaie d'employer les cisailleurs ; toute l'équipe du caporal FAFOURNOUX est mise hors de combat et FAFOURNOUX, dont la bravoure est célèbre, est tué ; tous les cisailleurs du caporal MAMESSIER sont tués, lui-même est blessé.
La rage au cœur, des Chasseurs se dressent et, debout contre l'infranchissable réseau, fusillent les créneaux ennemis ; le Chasseur LIOGER ne cesse que lorsqu'une
quatrième blessure lui enlève un oeil ; le Chasseur RECOURA, blessé est un des rares survivants de cet acte d'héroïsme exaspéré.
Vers 18 heures les éléments du bataillon de droite refluent ; sous la fusillade qui redouble, sous les rafales de mitrailleuses qui viennent de trois côtés, l'héroïque capitaine BERGE se retranche avec les neuf hommes valides qui lui restent : le caporal GUIFFRAY, les Chasseurs ROGNIN, LASSAUZET, BENEZET, PARET, GOURCEROT, VIDAL, FAUCHEUX, CAUHAPE.
La nuit venue, les débris des compagnies d'attaque sont relevés sur là ligne atteinte, le bataillon se réorganise.
Puis, cheminant par le passage que le 14ème bataillon a réussi à forcer le 20, compagnies MARION et DE FABRY en tête.
L'assaut est donné d'un bel élan à 10 h 30 ; la préparation d'artillerie est tout aussi efficace que le 20 sur les organisations invisibles.
Au prix de dures pertes : lieutenant GIACCOMONI tué ; capitaine MARION et DE FABRY, lieutenants DOLIGEZ, BOISSIERE et MERLE blessés, les compagnies atteignent sans pouvoir les franchir les réseaux intacts devant lesquels les mitrailleuses des imposants blockhaus croisent leurs feux.
Les cisailleurs de l'intrépide caporal BROUILLARD réussissent seuls à faire une étroite brèche, elle ne peut être utilisée.
Arrive le lieutenant-colonel MESSIMY ; plaqué contre le réseau, il examine les blockhaus ,juge inutiles de nouveaux sacrifices sans action d'artillerie plus efficace, et donne les ordres d'installation.
On s'organise sous le bombardement plus nourri de jour en jour ; les nuits sont fort agitées ; les fusées font un feu d'artifice ininterrompu : la fusillade s’allume pour un rien, s'étend à toute la ligne, se renforce de l'éclatement des pétards, les échos retentissent d'un vacarme assourdissant.
Les patrouilles sont très actives de part et d'autre ; une nuit l'une d'elles tente d'enlever le Chasseur GUILLOT, en sentinelle ; vigoureux et vaillant, il assomme à coups de crosse le Bavarois qui veut le terrasser ; le reste s'enfuit.
Le 26, l'organisation ennemie a pu être reconnue, nouvelle attaque de la crête.
La préparation d'artillerie commence à 13 heures ; les 75 traitent les fils de fer mais ils sont impuissants contre les blockhaus couvert d'une triple rangée de troncs de gros sapins.
Les 155 interviennent à partir de 15 h 45.
L'attaque est fixée à 17 h 45 ; compagnie DELABORDE en tête, puis compagnie WEILL qui se rabattra à gauche.
La section BULLIARD part un peu avant l'heure fixée, arrive sur la tranchée du sommet en même temps que nos derniers gros obus, l'enlève avec son blockhaus.
Quand la compagnie WEILL arrive, la garnison du blockhaus de gauche s'est ressaisie et sa mitrailleuse tire sans arrêt ; trois sections chargent le blockhaus, l'entourent, s'en emparent de haute lutte ; les grenadiers ont dû passer des pétards par les créneaux pendant le tir de la mitrailleuse.
Toute la crête est à nous ; le sous-lieutenant DUPIN est tué en parcourant le nouveau front.
Une vive contre-attaque à 21 heures ; elle arrive à courte distance, les pétards la dispersent ; le sous-lieutenant BULLIARD est tué.
Le lendemain le bataillon passe une dure journée sur cette crête conquise au prix de tant d'efforts ; il subit un très violent bombardement ; le capitaine DELABORDE et le sous-lieutenant CORSEL sont tués, le sous-lieutenant TIVOLLE très grièvement blessé.
Le 28, le bataillon, exténué, est envoyé en soutien au bas du Linge, à la lisière Ouest ; pendant huit jours, il n'a pas à intervenir dans les combats livrés sur la crête par les nouveaux bataillons arrivés.
Le 4 août, à 9 h 20, un bombardement d'une violence encore connue commença ; les rafales de 74, 77 et 105 arrivent sans discontinuer ; les 150 et 210 hachent les gros sapins ; sur la crête, sur un front de 200 mètres; les mines de 170 et de 210 pleuvent à six cents par heure ; le soir, le beau bois du Linge n'existe plus.
Les allemands attaquent à 18 heures ; ils prennent pied dans les tranchées où le terrible bombardement écrase deux jeunes bataillons déjà très éprouvés.
Le bataillon accourt. A droite, la 2ème reprend des éléments de la crête ; le sergent FAURE y reste toute la nuit avec une poignée de Chasseurs, encadrés par des Allemands ; sa ténacité est récompensée, l'ennemi lui cède toute la place au petit jour.
Au centre, le capitaine BERGE ne peut tout reprendre ; sa compagnie a dix-sept hommes et en perdra cinq ; le Chasseur REVOL va faire un barrage en sacs à terre à 10 mètres de l'ennemi ; un combat à la grenade donne un nouveau gain ; au jour un tapis de cadavres gris et verts témoigne de l'ardeur de la lutte livrée par cette poignée de vaillants.
A gauche, le compagnie DONNADIEU (5ème) ne peut tout reprendre un blockhaus perdu ; elle se bat cependant avec acharnement, sous l'impulsion de son ardent capitaine ; elle arrive au corps à corps ; quatre ou cinq de ses Chasseurs disparaissent au milieu des Allemands, ils reviennent bientôt, après avoir furieusement joué de la baïonnette.
Le 6 août, le bataillon retourne à Plainfaing ; quinze jours de combats acharnés lui ont coûté 199 tués, 513 blessés évacués.
Les premières permissions commencent ; le bataillon bientôt recomplèté ira à de nouveaux combats, encore plus ardent, fier des efforts donnés, plus fort de l’expérience acquise.
Une citation à l'ordre de l'armée est la belle récompense de sa vaillance.

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Apprendre à connaître les anciens, c’est pour les jeunes Chasseurs vouloir les imiter un jour.

" Quand le drapeau avance, il faut le suivre ; quand il tombe, le relever pour le porter toujours plus loin ". Colonel DRIANT


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MessageSujet: POINTS DE FRICTION I   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 17:55

POINTS DE FRICTION I

LINGE – SCHRATZKANNBLE
BARENKOFF –REICHACKERKOPF


En septembre 1915, les lignes sont à peu près définitivement fixées sur le front des Vosges, de France et d'Alsace ; les larges et multiples réseaux savamment enchevêtrés mettent les occupants à l'abri d'une surprise ; le bois abondant a permis la construction de solides, confortables, et parfois coquettes "cagnas" ; grâce à l'épaisse forêt qui masque les vues les déplacements aux abords des lignes n'ont rien du pénible cheminement dans les boyaux boueux ; ce sont souvent de délicieuses promenades à travers des sites ravissants.
Quelques points importants ignorent cette existence agréable ; observatoires le plus souvent sur de hauts pitons ; des combats acharnés y ont été livrés, ils ont été pris et perdus plusieurs fois ; ils appartiennent finalement aux deux partis, dont les tranchées sont à quelques pas.
Les plus ardentes troupes les tiennent, y livrent bataille sans trêve ; au coup de fusil, la grenade riposte, la bombe appuie la grenade, l'obus contrebat la bombe, et c'est le grand vacarme ; chacun sait que les projectiles des deux artilleries sont réservés à ces lieux privilégiés.
La belle forêt a disparu ; quelques troncs déchiquetés, où le souffle des bombes a accroché de lamentables débris, sacs à terre, lambeaux de vêtements, et même chevaux de frise ; la terre bouleversée, dépouillée de son dernier brin d'herbe, poussière ou boue suivant le temps, y a pris la belle teinte rosée du grès mis à nu.

Ce sont les "points de friction".
Le 30ème bataillon aura l'honneur de ne pas être eu ligne ailleurs.
Le 4 septembre, par le Rudlin, le Louchpach, le lac Blanc, noms familiers à tous ; par 917 où l'on dit en passant un amical bonjour à la célèbre batterie vingt fois, bouleversée par les 150 et les 210, toujours bruyante, le bataillon va passer quelques heures au lac Noir.
Il tient le lendemain le Linge et l'arête Nord du Schratz.
Les six compagnies sont en ligne, chacune avec une section en soutien à une centaine de mètres en arrière ; le meilleur abri de la ligne est à l'épreuve de la fusée éclairante.
La distance de l'ennemi varie de 20 à 80 mètres. Il nous surplombe en maints endroits et il en tire un gros avantage pour la lutte de pétards.
Mais nous avons pas mal d'engins, beaucoup nouveaux ; pas très parfaits, fort appréciés faute de mieux ; les grenades Feuillette, trop parcimonieusement distribuées ; les mortiers Aazen, qui tuent parfois leurs servants imprudents ; les robustes fusils Guidetti ; les mortiers Cellerier, dont le canon est fait d'un corps d'obus fusant de 77 ; on les aligne en série ; un fil imbibé de pétrole relie toutes les mèches et l'on a de bruyantes salves ; les sauterelles, arbalètes qui lancent les grenades assez loin ; enfin le 58, servi par des Chasseurs du Bataillon,
Les travaux nécessaires sont considérables, très difficiles en première ligne» où les travailleurs sont souvent blessés par les grenades ; ils sont poussés hâtivement.
Le 9 septembre, de 10 heures à midi, la droite du bataillon est très violemment bombardée par mines, un poste d'écoute est détruit, les tranchées sont bouleversées en maints endroits.
Le calme renaît, on commence à réparer les dégâts. A 17 h 30, une pluie de grenades s'abat subitement sur tout le front du bataillon ; à droite, toute la tranchée de la compagnie CONTAMIIN reçoit des liquides enflammés, elle est évacuée.
Les deux sections de gauche réussissent aussitôt à reprendre leur place ; mais à la section de droite, les sacs à terre du parapet et du parados, s*enflamment, les Chasseurs sont surpris dans cette ruelle de feu ; un dépôt de fusées éclairantes s'allume, achève de jeter le désarroi ; plus de la moitié de la section est instantanément hors de combat.
Les survivants conduits par le capitaine essaient en vain de reprendre la tranchée, un barrage de pétards les décime.
Une autre contre-attaque est encore essayée, mais la nuit est venue, l'ennemi s'est déjà couvert par des rouleaux de barbelé, elle échoue ; une nouvelle ligne s'est creusée quelques pas en arrière.
Les jours suivants, la vie habituelle des secteurs agités a repris ; fusillade, grenades et pétards, bombes de toutes dimensions, obus nombreUX, travaux pénibles et périlleux.
Le 13 est un jour de deuil ; un obus tue le Commandant BOUQUET.
Parti avec le bataillon qu'il commande depuis un an, il s'est acquis l'affection de tous par sa grande bonté, son besoin de partager sans cesse les dangers des chasseurs ; la citation à l'ordre de la 7ème armée donnée à l'occasion de sa mort fait comprendre la douleur du bataillon :

"Modèle de toutes les vertus militaires, s'est brillamment distingué depuis le début de la campagne à la tête de son bataillon d'élite, et tout particulièrement au cours des opérations du 20 juillet au 3 août, où il a dirigé plusieurs assauts sous un feu terrible d'artillerie lourde. A été glorieusement frappé dans une tranchée de première ligne alors qu'il inspectait ses troupes et prêchait l'exemple devant elles."
Le Commandant JULLIARD remplace le Commandant BOUQUET ; il a été blessé par une balle allemande dans une reconnaissance en avion ; une réputation de bravoure exceptionnelle l'accompagne.
Il est tué le 12 octobre.
La journée a été exceptionnelle calme ; il est 16 h 40 ; les tranchées sont peu garnies ; les corvées de soupe sont parties à Wettstein ; de grosses corvées profitant de ce que les boyaux ne sont pas bombardés sont allées chercher du matériel au parc.
Dans ce silence inaccoutumé une mitrailleuse claque ; signal sans doute : toute la crête du SCHRATZ s'enflamme ; une pluie rouge de pétrole brûlant tombe sur toute la compagnie CONTANTIN (1ère), et sur la section de droite de la compagnie PIOT (6ème).
Le vent rabat les lourds panaches de fumée noire sur nos lignes, les Chasseurs qui ne sont pas brûlés sont à moitié asphyxiés ; la mitrailleuse qui flanque le front de la Compagnie CONTANTIN tire, dès que les Allemands sortent, mais elle a un enrayage à la septième bande.
A la Compagnie PIOT, pas trop éprouvée parce qu'elle est un peu moins près de l'ennemi, la section pétrolée s'est réfugiée dans la tranchée de doublement ; la première ligne perdue est criblée de grenades la section de soutien arrive, la situation est rétablie en quelques minute.
Le Capitaine PIOT et le Sous-Lieutenant CHARVOLIN ont été très grièvement blessés.
Le Capitaine CONTANTIN, dont toute la compagnie a été très éprouvée, essaie de contre-attaquer avec les Chasseurs qu'il a pu réunir ; arrêté par un violent barrage de pétards, blessé, il échoue.
Le Commandant accourt avec une vingtaine de Chasseurs, il les fait contre-attaquer ; les pétards les arrêtent, tous sont mis hors de combat, sauf cinq.
Puis c'est un groupe de grenadiers sous les ordres du Sous-Lieutenant BRAVAIS ; le Sous-Lieutenant et un sergent reviennent seuls indemnes.
Arrive la section disponible de la compagnie VEILL ; le commandant la lance, dirige lui-même le combat ; le barrage de pétards rend cet acharnement inutile.
A 19 h 30, un peloton du 70ème bataillon approche ; la nuit est venue, nuit de pluie, entièrement noire ; le Commandant va reconnaître le terrain pour monter l'attaque ; il prend en passant ce qui reste disponible à la compagnie PIOT : une escouade.
Il avance dans le boyau qui monte à l'ennemi un fusil d'une main, une lampe électrique allumée de l'autre ; subitement criblé de pétards, il disparaît un seul des Chasseurs qui l'accompagnaient revient.
On saura plus tard que la Commandant JULLIARD a été tué.
Une dernière contre-attaque est tentée à 3 h 10, sans plus de succès, sur l'ennemi déjà organisé.
.Le Capitaine LATRABE, venu du 14ème bataillon, remplace le Commandant JULLIARD.
Le 13, à 19 heures, nouvelle pluie de pétrole en flammes sur la droite, la ligne est évacuée, mais les Allemands, arrêtés par la fusillade et les pétards ne prennent pied que dans un poste d'écoute d'où ils sont bientôt chassés.
Le bataillon est relevé dans la nuit du 15 au 16 ; l'ennemi entend la relève et croit sans doute à une contre-attaque, toutes ses mines et ses canons entrent en action ; et le bombardement extrêmement dur continue toute la nuit.

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MessageSujet: POINTS DE FRICTION II   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 17:57

POINTS DE FRICTION II


Un des postes d'écoute vient à peine d'être passé au bataillon qui nous remplace que l'ennemi l'enlève ; le Sous-Lieutenant MERCERON-VICAT contre-attaque et le reprend; il est blessé.
En six semaines, le bataillon vient de perdre trois Officiers tués, les Commandants BOUQUET, JULLIARD, le Sous-Lieutenant PAULUS ; le Sous-Lieutenant BUTIN, mortellement blessé ; les Capitaines PIOT et CONTANTIN, les Lieutenants CHARVOLIN et MERCERON-VICAT, blessés ; 71 Sous-Officiers, caporaux et Chasseurs tués, 334 blessés.
Des camions le prennent à la SCHLUCHT et le transportent à Corcieux, dans les baraquements du 35ème bataillon ; il les quitte le 26 pour aller cantonner à ANOULD, où il reste jusqu'au 4 novembre.
On remonte le 5 novembre par une abominable bourrasque ; le bataillon traverse Plainfaing, qu'il ne reverra plus, arrive au Lac Noir par la neige qui tombe à gros flocons.
On relève le 23ème bataillon entre Basses-Huttes et la Roche du Corbeau, sur un front de plusieurs kilomètres, où les Chasseurs s'intercalent entre les territoriaux ; les Chasseurs tiennent les points sensibles.
La 5ème, Capitaine DONNADIEU, est à Basses-Huttes-, d'où elle flanque le Linge ; face au Rain des chênes bourré de mitrailleuses, où l'ennemi fait des travaux considérables.
La 3ème, Sous-Lieutenant RINGUET, est au Noirmont, point où la route qui ravitaille le Linge passe très près des premières lignes.
Ces deux compagnies feront des patrouilles très mordantes.
La 1ère, Capitaine CONTANTIN, est en avant de Pairis ; son activité sera peu goûtée des pépères, qui avaient joui jusque-là d'une douce tranquillité dans ce charmant village ; car l'ennemi se fâche et se venge sur Pairis qu'il commence à bombarder sérieusement.
La 6ème, Lieutenant MARCHAL, est à. la ferme de la Beu ; elle installe des fusils sur chevalet qui envoient des balles à tout ce qui apparaît dans Orbey ; l'ennemi en exprime sa mauvaise humeur en ripostant avec force obus et minens.
La 2ème, Lieutenant CANOT, est à Jeunes-Champs ; elle tient, au-delà du profond ravin qui descend sur Orbey, les éboulis grisâtres d'énormes blocs de granit que l'on a baptisés les Carpates ; tout terrassement y est impossible, les grenades à fusil y pleuvent.
La 4ème, Lieutenant DOLIGEZ, à la Roche du Corbeau ; certaines de ses sentinelles, au pied de l'escarpement sur lequel se tient le guetteur ennemi, ne peuvent gagner leur place que la nuit avec mille précautions ; le moindre bruit la moindre quinte de toux attirent une grenade ; la neige atteindra près d'un mètre le 15 novembre, le froid est très vif, on relèvera plusieurs fois des sentinelles presque inanimées.
Le bataillon, relevé par le 11ème le 29 novembre, va relever le 12ème au Linge le 30 ; cinq compagnies en ligne, une en soutient à 200 mètres.
Un brusque dégel coïncide avec la relève ; l'épaisse couche de neige fond subitement ; talus et parapets, en sacs à terre s'effondrent, tranchées et boyaux deviennent des torrents, l'eau emporte tout.
Les Chasseurs souffrent cruellement ; pendant quatre jours ils ne peuvent s'allonger pour se reposer.
On travaille avec ardeur, on fait d'abondantes provisions de matériaux, de bombes de tous modèles.
Le Sous-Lieutenant LAURENT, qui vient d'arriver de l'artillerie, se révèle bombardier passionné ; il est vite chargé des engins de tranchée ; avoir le dernier mot sur l'Allemand ne lui suffit plus, il veut faire plus de bruit que son camarade du bataillon voisin, artilleur aussi, et crapouilloteur marquant.
Aussi y-a-t-il des journées de mémorable vacarme.
La semaine de Noël, du 23 au 27, diversion aux combats qui se livrent à l'Hartmann ; en particulier la nuit de Noël, anniversaire de la défense de la Tête des Faux , le Colonel BRISSAUD, venu dans les tranchées apporter ses souhaits et ses cadeaux de Noël aux Chasseurs, a encaissé quelques minens sensationnels.


1916


Le 27 janvier, anniversaire du Kaiser, annoncé à l'ennemi par l'envoi de la ration forte de bombes.
Un jour, parce que les casquettes vertes ont remplacé les casquettes grises, on souhaite ainsi la bienvenue aux chasseurs d'en face. Une autre fois, parce que nos sentinelles d'un poste d'écoute ont tiré sur un officier et un civil qui inspecte notre ligne avec un sans-gêne fort imprudent, l'ennemi se croit obligé de signaler que les coups ont porté en s'acharnant sur le poste d'où ils sont partis ; il s'attire une remarquable riposte.
L'ennemi essaie de fraterniser, on lui tend un piège ; pendant que quelques Fritz en casquette, le buste au-dessus de la tranchée toute proche, font des signes d'amitié et des protestations de camaraderie, une salve de tireurs postés les fait disparaître ; ils ne recommencent plus.
Le 11 janvier, deux compagnies sont détachées au Barenkopf sous le commandement du capitaine Berge ; nous sommes à découvert dans une prairie, l'ennemi est caché dans un bois encore touffu.
Un crapouillotage quotidien commence ; tout ce qui a des loisirs va voir fumer le Baren ; quand le bataillon s'en va, le Baren ennemi est aussi pelé que le plus triste coin du Linge.
C'est le travail du vaillant LAURENT ; une grenade à fusil nous l'enlève la veille de la relève.
Le bataillon est relevé à partir du 15 mars ; il est groupé à Gérardmer le 18, dans les casernes du 152ème.
Trois semaines fort agréables s'écoulent à Gérardmer ; on y reçoit des tenues bleues horizon que l'on aura la joie d'abandonner vite ; on va faire une manœuvre à la Bresse par de belles journées de printemps ; on applaudit la spirituelle revue LE DIABLE AU COU, du journal de la 3ème brigade de Chasseurs.
On monte au Reichacker le 11 avril ; le col de la Schlucht est passé par un soleil éclatant sans un obus grâce à l'original camouflage fait de morceaux de toile peinte.
On refait le chemin qu'à suivi le bataillon à son premier combat, jalonné par les tombes de ses premiers tués.
Au Reichaker, un terrain bouleversé, peu d'abris, médiocres, les tranchées ennemies à quelques pas et un ennemi fort agressif.
On y reçoit sans répit, en plus des grenades à fusil, tuyaux de poêle divers, minens gros et petits, une collection très variée de choses désagréables ; selon leur aspect au sol ou en l'air, les chasseurs les baptisent oeufs de pigeon, poires, tiares, harengs, tête d'âne, seaux à charbon, cloches à melon.
Au travail, sans guère riposter, nous ferons du bruit à notre heure ; on s'enterre, on renforce les abris qui existent, on en crée de nouveaux, on grossit les dépôts de bombes, on aménage de nouveaux emplacements de 58.
Nous sommes prêts vers la fin du mois ; à nos cent bombes habituelles, l'ennemi riposte d'abord avec une violence extrême ; il nous fera l'honneur de concentrations de trois ou quatre mille obus ; le Reichacker disparaît dans la fumée, les voisins demandent ce qui se passe, jusqu'au lointain Hilsenfirst qui téléphonera à l'arrière ses inquiétudes à notre sujet ; rien de nouveau, on crapouillote.
On soupçonne l'ennemi de se mettre un peu trop à l'abri de nos bombes ; le 17 mai, à 18 heures, le caporal JACOBOWTZ, les Chasseurs SOTHIER, CHETAIL, FRANC, vont s'en assurer, encadrés par les balles de nos mitrailleuses.
Ils trouvent la première tranchée vide, la suivent, tombent sur un fort poste qu'ils traitent à bout portant à coups de grenades et de pistolet et rentrent.
Ce coup d'audace a du provoquer une grosse émotion, il a les honneurs du communiqué allemand :"au Reichackerkopf, nous avons repoussé une attaque française.
Que dira l'ennemi quand toute l'escouade du caporal JACBOWITZ l'attaquera !
Quand le bataillon quitte le Reichacker, l'ennemi est devenu beaucoup plus raisonnable ; jamais il ne tire le premier ; et même ses bombardiers nous envoient beaucoup de bombes non dégoupillées ou non amorcées, invite à la réciproque sans doute. Seules les grenades à fusil sont toujours fort gênantes.
Le 4 juin, le 15ème bataillon nous remplace ; quatre étapes nous amènent à Saint-Laurent, prés d'Epinal.
On se prépare à la bataille dans le camp d'Arches ; on reçoit les capotes bleu horizon, les fusils mitrailleurs, le canon de 37, les V. B., de meilleures grenades à main ; on s'exerce au maniement de ces nouvelles armes, on fait diverses manœuvres.
Le bataillon est réorganisé ; cinq compagnies de fusiliers voltigeurs, deux compagnies de mitrailleuses, u« peloton de 37.
Un premier déplacement amène le bataillon à Sarnois, dans l'Oise, le 27 juin, après 36 heures e chemin de fer ; on continue à y manœuvrer ferme, et même avec la cavalerie ; les Chasseurs, baïonnette au canon, traversent des lignes de cavaliers ; les cavaliers passent au galop à travers des lignes de Chasseurs couchés ; il y a parfois quelques bousculades, jamais graves.
Enfin, le 9 juillet, embarquement à Grandvilliers ; l'enthousiasme est grand ; les promeneurs sont nombreux aux abords de la gare par ce bel après-midi de dimanche, la fanfare donne un concert, le bataillon danse une mémorable bourrée sur le quai avant de monter dans les wagons.

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Apprendre à connaître les anciens, c’est pour les jeunes Chasseurs vouloir les imiter un jour.

" Quand le drapeau avance, il faut le suivre ; quand il tombe, le relever pour le porter toujours plus loin ". Colonel DRIANT


Dernière édition par le Ven 18 Jan 2008 - 18:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:15

LA. SOMME

CURLU


Le général FAYOLLE, commandant la 6ème armée, passe la revue de la 47ème division le 11 juillet sur les hauteurs à l'Est de Maricourt ; le bataillon monte, après la revue, en ligne sur la crête au Nord-Est de Curlu.
Sa gauche à la Chapelle, dont il ne reste que quelques pierres éparses ; sa droite en face d'un blockhaus fort malmené par nos obus ; les tiges de fer du béton armé ont été relevées vers le ciel par quelque 200, on le baptise "la pelote d'épingles" ; notre artillerie le bat parce qu'il est trop près de nous.
Les parallèles de départ sont creusés sous un bombardement d'une violence croissante ; mais notre artillerie' fait un travail magnifique ; les chasseurs suivent de l'oeil avec joie les obus de 220 qui passent au-dessus de leur tête, descendent sur les tranchées d'en face et envoient très haut de gros paquets de terre, des planches, des rondins.

En bras de chemise, noirs de poudre, nos voisins les crapouilloteurs, tirent sans arrêt ; les mulets de nos mitrailleuses portent jour et nuit les grosses bombes à leurs petits canons.
Nos hardis patrouilleurs, conduits par les Sous-Lieutenants : RINGUET, BASSEVILLE, TOUSSAINT, BOISSON, MONORY, THOMAS, MONDON, vont toutes les nuits ramper contre les parapets ennemis pour vérifier le travail fait par nos artilleurs.
L'attaque a lieu le 20, à 5 heures ; compagnie MAGNE à gauche, compagnie CANOT au centre, compagnie MARION à droite, compagnies CONTAMIN et GRAGLIA en soutien ; notre artillerie a peu tiré pendant la nuit pour ne pas mettre l'ennemi en méfiance. Un brouillard épais colle au sol, on ne voit rien à trente pas.
Les vagues d'assaut sont accueillies par une très vive fusillade et de nombreux pétards ; l'intrépide BASSEVILLE crève la ligne du premier bond, la compagnie MAGNE est la moitié de la compagnie CANOT passent ; le reste est arrêté, surtout par les trois mitrailleuses de la "pelote d'épingles" qui flanquent toute la ligne.
Les pertes sont tout de suite lourdes ; le capitaine MARION, les lieutenants CANOT et PERRAUDIN sont tués, les sous-lieutenants BOISSON et MONORY grièvement blessés.
Le lieutenant mitrailleur PISSART veut installer ses pièces, il est tué aussitôt.
L'équipe de 37 du brave sergent BAILLY veut intervenir, elle est tuée en entier.
Les plus ardents progressent de trou d'obus en trou d'obus, un combat à la grenade, une fusillade à courte distance commencent ; le clairon GIMIES, loustic toujours rieur, désigne chaque fois son adversaire du doigt avant de l'abattre ; SOTHIER, déjà célèbre, sérieusement blessé, pleure de rage, et tire sans arrêt, et tue.
La section DUSSERT vient au pas de course et va à découvert couvrir les derrières de la compagnie MAGNE qui a disparu dans le brouillard et qui envoie toujours des prisonniers.
La section BOIZEREAU accourt pour reprendre l'assaut ; ce qui reste de la compagnie MARION ne l'attend pas ; l'adjudant ESSERTEL, le sergent major AUDET, l'aspirant CRAMPE se dressent et chargent ; le sous-lieutenant BOIZEREAU est tué d'une belle à la tête, mais CRAMPE est entré à la "pelote d'épingles".
Une vive mêlée dans la tranchée bourrée d'ennemis ; le capitaine VIDAL, seul officier restant à droite, mène les sections très réduites de la compagnie MARION à leur objectif définitif.
A gauche, un groupe d'officiers résiste ; le chasseur LESPINE en tue un d'un coup de baïonnette ; l'adjudant BELLE saute à la gorge d'un autre, il ne l'étrangle pas parce que les forces manquent à ses bras blessés chacun d'une balle ; enfin un capitaine du 10ème d'infanterie se rend et demande au commandant que ce vigoureux combat cesse ; il rassemble ses hommes.
Tout cela a duré peu de minutes ; pendant ce temps, par la tranchée du Carry, long boyau qui descend vers le tortillard de Hem à Maurepas, plein de profonds abris abritant les réserves, la compagnie MAGNE et les mitrailleurs du capitaine DOLIGEZ progressent toujours ; le combat se termine par la prise de haute lutte d'une mitrailleuse de la Garde dans la tranchée de la Pestilence.
Le capitaine MAGNE et le sous-lieutenant TOUSSAINT sont blessés en fin de combat ; le sergent CHARRIER, le bras traversé par une balle au départ, a continué à mener ses mitrailleuses jusqu'à l'objectif.
En dix-sept minutes, le bataillon a avancé de 1 500 mètres, atteint tous ses objectifs, fait plus de 400 prisonniers.


Le colonel BRISSAUD arrive quelques instants après ; le bataillon ne savoure pas paresseusement la victoire ; il est en ordre, il pioche.
Ce rude combat nous coûte 71 tués et 255 blessés ; sous la direction de l'admirable chef de fanfare PERDRIX, le zèle des brancardiers est tel que le dévoué Dr MARLAND évacue son dernier blessé à 11 heures.
La relève est faite le 27 ; un excellent repos attend le- bataillon au camp des Célestins ; il obtient une citation à l'ordre du 2ème corps d'armée.
Cette citation ne mentionne que 200 prisonniers ; mais dans ce nombre ne figuraient pas 223 prisonniers remis par erreur par le caporal SENAC à un officier d'état-major d'une autre brigade ; le caporal SENAC s'était heureusement fait donner un reçu qu'il put représenter.

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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:19

MAUREPAS

Dans la nuit du 8 au 9 août, sous les obus très nombreux, le bataillon arrive au Sud-Ouest de Maurepas, en face de la partie de tranchée de la Pestilence qui n'a pas été prise encore.
L'ennemi est venu coller à nous pour éviter nos obus ; il est à quelques pas de la 1ère ; il l'attaque brusquement au point du jour ; après une très vive lutte à la grenade dirigée par l'adjudant VILTARD qui est mortellement atteint, les Allemands rentrent chez eux ; ils laissent des cadavres jusqu'auprès de notre parapet.
Le bombardement continu, très violent, rend les travaux fort difficiles ; le bataillon perd 150 tués et blessés en trois jours ; les Chasseurs sont impatients d'attaquer pour se soustraire à ces pertes.
L'attaque a lieu le 12 à 17 h 45 ; 1ère, sous-lieutenant CHAZOT, à droite 2ème, lieutenant CONSTANS, au centre ; 5ème lieutenant GRAGLIA, à gauche ; 3ème, sous-lieutenant BENHE et 4e, lieutenant GUEDENEY, en soutien.
Cinq minutes avant l'attaque, la Compagnie CHAZOT fait un feu d'enfer de V. B. sur les ennemis rapprochés, chez qui l'on a repéré deux mitrailleuses ; le reste est parfaitement traité par les 220.
La tranchée de la Pestilence est enlevée d'un bond, presque sans pertes.
L'attaque continue vers la tranchée des Araignées, sur la crête à 800 mètres plus loin, par un glacis où gisent les nombreux cadavres que nos prédécesseurs y ont laissés dans une attaque malheureuse.
La progression est tout de suite difficile ; le bataillon de gauche est arrêté, et les occupants des tranchées qu'il devait prendre tournent leurs fusils contre nous ; de Maurepas une mitrailleuse invisible nous prend complètement de flanc et tire sans arrêt.
Le capitaine DOLIGEZ avec deux mitrailleuses, le lieutenant CHARVOLIN avec ses 37 interviennent rapidement et neutralisent sérieusement les fantassins ennemis ; la mitrailleuse tire toujours, mais elle est loin.
Ces incidents ont ralenti la marche ; nos obus ont cessé de tomber sur les Araignées quand nous arrivons, il faut les attaquer à la grenade ; le Chasseur BEAUFUME y saute seul, en extrait vingt prisonniers ; le reste se rend, la tranchée est prise.
La tranchée des Araignées nettoyée, la section ANDRE se rabat à gauche, progresse par un rapide combat de boyaux, joint la compagnie de droite du bataillon voisin immobilisée depuis la perte de son capitaine.
La compagnie CHAZOT pousse à la grenade dans le large boyau des Écervelés, encombré de fuyards descendant et de renforts montant ; les grenades font des ravages dans cette cohue ; le mitrailleur TALON fauche tout ce qui émerge du boyau assez maltraité par nos obus ; le mitrailleur DAGUERRE arrive au pas de course avec sa pièce, met en batterie et s'évanouit, épuisé ; le boyau est pavé de cadavres.
Une contre-attaque venue de la direction du Forest ne nous inquiète guère, nos mitrailleuses suffisent à la faire disperser et à la faire disparaître.
Cent cinquante prisonniers et plusieurs mitrailleuses nous restent.
Le lendemain, un dur combat nous fait avancer de 400 mètres et nous fournit des vues sur le fond du ravin qui vient du Forest ; quatre canons de 150 que nous perdons trois vaillants officiers tombés dans la première vague.
L'ardent sous-lieutenant ANDRE venu depuis peu de la cavalerie, dont la réputation de bravoure était déjà solidement établie ; le jeune STOECKEL, officier de la veille, aussi calme qu'un ancien ; le vieux VIGNON, le plus gai des sous-lieutenants malgré sa cinquantaine, malgré une balle qui l'avait défiguré en lui fracassant la mâchoire en septembre 1914 ; mortellement frappé, son dernier mot est : "Au suivant", pendant que son bras indique la direction de l'ennemi.
Le bataillon passe en réserve le 15 ; un obus broie, le 16, le capitaine adjudant-major BERGE, resté avec le bataillon qui nous a relevés.
Rude montagnard d'une bravoure magnifique, d'un sang-froid que les circonstances les plus critiques n'avaient jamais entamé, adoré des Chasseurs pour qui. il savait trouver le mot simple qui provoque les actes les plus audacieux, le capitaine BERGE était une fort belle et exceptionnelle figure ; son âme ardente et tenace restera au 30ème.
Relevé le 21 août, le bataillon s'embarque en camions au bois des Célestins et va au repos à Campeaux (Oise).

CLERY

Le bataillon quitte Campeaux le 11 septembre et vient en réserve de division dans les tranchées aux abords de Feuillères ; il va travailler toutes les nuits vers les lignes sous les obus très nombreux.
Le colonel BRISSAUD va prendre le commandement de la 12ème Division ; le 30ème sert sous ses ordres depuis deux ans, il garde une très grande affection au chef qui a si bien su créer le bel esprit de la 3ème brigade des Chasseurs.
Le colonel DE REYNIES remplace le colonel BRISSAUD.
La division doit attaquer prochainement, le bataillon va relever les débris de deux régiments en avant de Cléry, le 21.
Les obus lacrymogènes obligent à garder le masque pendant une grande partie du trajet ; des voitures brisées, les maisons écroulées de Cléry barrent la route ; des cadavres déchiquetés d'hommes, de chevaux, de mulets gisent de toutes parts.
Sur la ligne, les obus ont fait disparaître dis tranchées entières ; les entonnoirs se touchent, on les relie pour amorcer les parallèles de départ.
Tranchées françaises et allemandes sont enchevêtrées ; dans la tranchée de Nisch, l'ennemi à quelques pas à droite et à gauche de la Haie, que nous n'avons pas, les mitrailleuses tirent à 100 mètres dans le dos des Chasseurs de la tranchée de Nisch.
Le Mont Saint-Quentin en face ; il voit tous nos mouvements de ses pentes bien garnies de mitrailleuses.
Après quatre jours sous un bombardement ininterrompu, le bataillon attaque le 25, à 12 h 35 : compagnie GRAGLIA en avant et à gauche, compagnie DESPUJOLS au centre, compagnie REYNAUD en arrière et à droite ; compagnies MARTEAU et MAGNE en soutien.
L'attaque se heurte à des fils de fer intacts où de violents barrages de pétards l'arrêtent ; des mitrailleuses en flanquement se révèlent à quelques dizaines de mètres.
Le sous-lieutenant CRAMPE, blessé, se bat au revolver ; le lieutenant CONSTANS répond à un camarade qui lui montre le parapet balayé par les balles : "On s'en f..., c'est pour la France." Il bondit, une première balle le blesse, une deuxième le tue.
Le caporal DAMPNE, déjà médaillé militaire, s'est échappé du C. I. D. pour aller à l'attaque, il est très grièvement blessé.
Cependant la première vague de la compagnie GRAGLIA et les débris de la deuxième vague ont pu entrer dans la tranchée de PRUTH, au bord de la Tortille, et y faire quelques prisonniers. Isolés, contre-attaques par les deux bouts, ces vaillants soutiennent toute l'après-midi une lutte acharnée avec les cartouches et les pétards ennemis.
A la nuit, ils sont presque tous tués ou blessés ; le Chasseur BONNAT, tué, le sergent PREVOT, blessé, le caporal DECKER, ont montré un superbe courage.
Deux jours après, ordre d'enlever le quadrilatère tranchée de "la Haie, tranchée du VARDAR, tranchée de Nisch Sud, tranchée du Tortillard : le 30ème seul attaque.
La préparation de notre artillerie fait déclencher une contre-préparation exceptionnellement dure ; les avions signalent des mouvements ennemis vers nous, le bataillon reçoit l'ordre de ne pas sortir et de se tenir prêt à repousser une attaque.
Pendant quatre heures, obus français sur les Allemands et obus allemands sur les Français font un vacarme effrayant ; nous en souffrons. A 18 h 45, la nuit vient, le bombardement ralentit ; tout le monde croit la journée finie.
A 19 h 05, le quadrilatère est pris ; il a suffi que le commandant dise : "Tant d'obus ne peuvent avoir été tirés pour rien, il faut vérifier les effets du bombardement".
La compagnie MAGNE et le peloton THOMAS ont bondi.
Le capitaine MAGNE, toujours heureux, est dans la tranchée du Vardar avant que l'ennemi ne soupçonne l'attaque ; tout le Tortillard est bientôt à lui,
L'adjudant JACOB a pour objectif la trop fameuse mitrailleuse de l'Arbre cassé ; l'attaque est compromise si cette mitrailleuse n'est pas enlevée ; il fonce droit sur elle : cinq balles le blessent, mais la mitrailleuse est prise.
Le sergent PACQUERET, l'insaisissable au rugby, est en soutien et ne doit pas bouger ; il s'esquive avec un sac à terre plein de grenades, se glisse sans autre arme dans une vague d'assaut et entre un des premiers dans la tranchée de la Haie.
Le sergent MARTIN voit son chef de section tomber, il s'écrie : "En avant les gars, nous les tenons".
Le sous-lieutenant mitrailleur DUPAY soupçonne une mitrailleuse gênante,
il se montre, la mitrailleuse a la sottise de tirer sur lui ; une de nos pièces l'empêche de tirer une cartouche quand nos vagues sortent.
Ce court combat nous vaut 70 prisonniers, 6 mitrailleuses, 1 lance-bombes, 2 lance-flammes.
Le 30, la compagnie GRAGLIA s'empare du Fortin de Nul s'y frotte, ruines du temps de Louis XI, sur les bords boueux de la Somme.
On devait y trouver un souterrain inconnu de l'ennemi, se divisant en deux branches à l'entrée de Péronne ; l'une voyait le jour quelque part d'ans la cathédrale, un vieux chanoine l'avait assuré ; l'autre aboutissait dans la cour d'un boulanger, sous un tas de fagots.
Ce n'était qu'une légende ; toutes les recherches pour retrouver l'entrée du souterrain furent vaines et nos rêves d'aller jeter un beau désordre dans les arrières ne purent se réaliser.
L'ennemi nous témoigne naturellement son dépit par des bombardements d'importance ; mais on s'enterre vite dans la craie de la Somme ; nos mulets, des barques, nous apportent les cadres de sape presque à pied d'oeuvre, nous narguons bientôt 77 et 105.
Et pour payer l'ennemi de ses grenades à fusil du Reichacker, nous lui envoyons chaque jour exactement 1 000 V. B.
Le 22 octobre, avant le jour, le caporal FLEURY, à plat ventre en avant de la tranchée où quelques fusiliers-mitrailleurs aménagent des emplacements pour leur arme, évente un groupe ennemi qui approche ; on attend en silence, grenade au poing ; Les cadavres de 2 officiers et 12 soldats du 142ème d'infanterie restent devant notre parapet ; pas un blessé chez nous.
La relève est faite le 26 octobre ; le bataillon s'en va prendre un repos bien gagné dans les Vosges, à Destord.
La Somme lui a coûté cher ; 1 100 tués et blessés ; mais il y a goûté la joie de la victoire ; une deuxième citation à l'ordre de l'armée le récompensera, et la fourragère aux couleurs de la croix de guerre sera la marque visible de sa 'valeur.

LA CHAPELOTTE

Après la Somme, le bataillon passe un peloton de mitrailleuses et une compagnie (la 5ème) au 70ème bataillon ; il n'aura plus que quatre compagnies et une compagnie de mitrailleuses à six sections.
Le bataillon monte à la Chapelotte le 27 novembre. Ce joli coin de forêt est devenu un des plus désolés des Vosges ; les combats y ont été très nombreux pendant toute l'année 1915 ; la crête intenable s'est à peu près vidée, la guerre de mines a succédé aux furieux combats.
Les obus, les grosses bombes, les explosions de mines ont pulvérisé le sol ; le bataillon y passe deux mois par une température souvent sibérienne ; le sol apparaît à chaque dégel un immense tas de boue qui descend la pente; disloque les tranchées, les entraîne vers le bas, les ferme.
Luttant à qui passera sous l'autre les mineurs ont amené leurs galeries à une quarantaine de mètres sous le sol.
Grâce à la roche épaisse, on ne craint plus guère que les tranchées sautent ; mais le sol tremble de temps en temps, les tranchées s'écroulent.
C'est un camouflet, français ou allemand. 10 000 ou 15 000 kilos d'explosifs qui donnent ; des gaz s'échappent par la roche fissurée, tuent les mineurs des galeries souterraines, et parfois les gardiens des tranchées.
Nous faisons de beaux travaux ; nos mulets portent des matériaux aux sapeurs qui, en échange, nous laissent user de leurs perforatrices ; nous installons sous roche une série de mitrailleuse qui défieraient des 420.
On crapouillote ferme, bien entendu ; le 22 décembre, après un sensationnel arrosage par 58, 150, 240, le sous-lieutenant BASSEVILLE et l'aspirant GAVOILLE vont faire une vérification avec les groupes francs des 30ème et 70ème ; toute la tranchée ennemie est bouleversée, mais évacuée.
On aurait bien voulu un prisonnier ; l'aspirant GAVOILLE va le chercher le lendemain soir.


1917


Le 22 janvier, l'ennemi nous inflige un puissant bombardement ; nos crapouilloteurs lui rendent coup sur coup. L'engagement, type du gros coup de main, se dessine à la nuit tombante ; nos mitrailleurs intactes arrosent la crête avec une telle intensité que pas un Boche ne sort.
Nous sommes relevés le 25 janvier 1917.

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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:33

L'OFFENSIVE D'AVRIL

CHEVREUX - LES AMERICAINS - TAHURE -


De la Chapelotte, le bataillon va cantonner à Archettes.
La division est groupée au camp d'Arches ; trois semaines de manœuvres nous préparent à une offensive que tout le monde sait prochaine.
En attendant la bataille, des étapes par Plombières, Luxeuil, Belfort nous amènent en Alsace, à Soppe-le-Haut d'abord, à Hagenbach ensuite ; pendant quinze jours le bataillon creuse des tranchées, des boyaux, fait des emplacements de batteries.
Puis il débarque à Montmirail et marche vers les lignes le 16 avril ; marche terriblement difficile pour nos voitures qui enfoncent jusqu'au moyeu sur les routes ramollies par le dégel.
Trois semaines à Tréloup, au bord de la Marne. Puis quinze jours à La Chapelle-Véronge, près de la Ferté-Gaucher. Huit jours au camp de Faîte, où les bombes d'avions nous font un beau vacarme toutes les nuits.
Le 14 juin, au bastion de Chevreux ; pour en chasser l'ennemi, notre artillerie a tout bouleversé à la perfection ; l'artillerie ennemie maintient fort bien les dégâts maintenant.
Aussi le séjour manque d'agrément ; 1 000 obus au moins par jour ; les boyaux pleins d'eau au point que les Chasseurs enlèvent culottes et caleçons pour aller chercher la soupe.
Un avion allemand survole régulièrement les tranchées à 400 mètres tous les matins ; dix mitrailleuses groupées l'attendent le 19, il tombe en flammes ; son remplaçant vole beaucoup plus haut le lendemain.
Le 23, un coup de main ennemie échoue sur le poste du chemin de fer, un Allemand tué nous reste.
Le 24, par la nuit très noire, bombardement subit, très violent, de la compagnie MARTEAU ; le Lieutenant DEMERON sent venir le coup de main ; il porte sa section en avant pour l'attendre et éviter les obus.
Mais l'ennemi passe à côté de ses obus qui continuent à tomber, il arrive à la compagnie TREFCON ; le Lieutenant CARRIER-CARRERON, de quart, est tué ; le caporal LECLERC est saisi à la gorge ; un Chasseur, RENAUDOT pris par le ceinturon, voit un pistolet lance-fusées braqué sous son nez.
Les grenadiers FERBUS et BALLAMDRAS se distinguent ; leurs grenades font merveille ; trois Allemands sont tués, ils nous restent ainsi que leur pistolet lance-fusées ; aucun des nôtres ne manque.
Le bataillon est relevé le 29.
Il est à Boviolles le 9 juillet ; il va y informer le 1er bataillon du 5ème régiment de marine américain.
Les Chasseurs, fiers de remplir un rôle dont ils comprennent toute l'importance, ont une attitude et une conduite impeccables ; ils sont vite séduits par l'enthousiasme et le désir d'apprendre de leurs nouveaux frères d'armes: ; la franche cordialité s'établit.
On se quitte le 7 septembre, avec le très vif regret que l'espoir conçu d'aller se battre côte à côte ne se réalise pas.
Le général DE POUYDRAGUIN quitte la 47ème division pour le 18ème corps d'armée ; ses visites au créneau le plus exposé, ses promenades dans nos lignes par de durs bombardements lui avaient valu une affectueuse admiration des Chasseurs. Le général DILLEMANN le remplace.
Le bataillon est en ligne au saillant de Tahure du 16 au 26 septembre, à la lutte de Tahure du 11 au 26 octobre.
Il y a eu échange de souvenirs lorsqu'on s'est séparé des américains, des Chasseurs ont rapporté des chapeaux, ils les montrent. A titre de vérification sans doute, l'ennemi tente coup de main sur coup de nain ; peine inutile, il n'a pas un succès.
Le 24 octobre, une partie de la compagnie TREFCON fait une sortie ; l'ardeur est telle qu'il faut désigner non ceux qui sortent, mais ceux qui restent.
Une douzaine de stokes et l'artillerie coiffent parfaitement les mitrailleuses connues, pas une ne tirera. Le capitaine DOLIGEZ complète l'encagement avec une cinquantaine de mitrailleuses.
Trois groupes sortent par la nuit absolument noire, déroulant des tresses blanches pour trouver aisément le chemin du retour dans le terrain plein de trous d'obus, et de fils de fer.
Onze Allemands sont tués, sept abris sont traités avec des bidons d'essence et des grenades incendiaires.
Le détachement rentre au complet, la compagnie est citée à l'ordre de la division.

ITALIE

Les nouvelles d'Italie sont mauvaises, la 47ème Division y est envoyée.
On embarque le 6 novembre à Pogny, près de Châlons.
Par Lyon, Marseille, Vintimille, Gênes, Alexandrie, Mantoue, Vérone, Brescia, le lac d'Iseo, le bataillon fait un voyage délicieux ; la population manifeste sa joie de voir les troupes françaises accourir aussi vite.
Un court arrêt à Cividale, près de Breno, au bord de l'Oglio ; le bataillon rembarque, reste quelques jours auprès de Vicence et s'en va par étapes au Tomba, où il arrive le 5 décembre ; l'ennemi tient le sommet.
Comparé aux secteurs que nous avons tenus, le Tomba est un lieu supportable ; l'artillerie autrichienne ne nous ménage pas ses puissantes marmites ; les Chasseurs souffrent beaucoup du froid, il n'y a aucun abri, et la neige vient.
L'attaque est fixée au 30 décembre ; l'honneur de donner l'assaut est réservé à trois bataillons qui n'ont pas encore de palme à leur fanion : le 30ème n'est pourtant pas inutile à l'attaque.
Le peloton de mitrailleuses DUPAT flanque les vagues d'assaut sous un bombardement très violent ; les stockes du lieutenant FAFOURNOUX criblent les tranchées ennemies ; les vagues d'assaut sont à peine à leur objectif que le 30 a traversé le barrage portant la soupe chaude aux combattants ; il vient travailler sans arrêt à l'organisation de la nouvelle position.
Le 31, le peloton de mitrailleuses BENNE abat un avion, peut-être deux, car. le deuxième a disparu derrière un escarpement ennemi après une chute en feuille morte.
Nos patrouilles sont très actives. Le lieutenant DUPAY va enlever un poste retranché.


1918


Le 2 janvier, le Chasseur ROCHE: se distingue dans le combat.
Le 5 janvier, les patrouilles des lieutenants DUPAY et LAPLASSOTTE poussent à 2 kilomètres et jettent le désarroi jusque chez les soutiens ennemis.
Le bataillon est relevé le 8 janvier 1918.
Il se rapproche des lignes le 25 février ; passé en revue par le roi d'Italie à Thiene, il monte sur le plateau d'Asiago, et il vient en ligne au col del Rosso le 1er avril.
Une crête nue, à 1 300 mètres d'altitude, dominée par les observatoires ennemis ; la neige y couvre mal de nombreux cadavres d'Autrichiens et d'Italiens aucun abri, et presque pas de tranchées à cause du roc.
Le bataillon prépare un coup de main quand il est relevé brusquement le 8.

RETOUR EN FRANCE

Rentré d'Italie par Milan, Turin, Modane, le bataillon vient dans la région de Poix et glisse vers le Nord, derrière le front anglais, en s'arrêtant à Pissy, près d'Amiens, à Montonvillers, à Gauchin-Verloingt, près de Saint-Pol, à Renty vers Saint-Omer.
La ruée allemande sur le Chemin des Dames le ramène sur les bords de l'Ourcq, à May-en-Multien ; les derniers succès ennemis n'ont pas entamé son moral ; le commandant a dit : "Napoléon a eu cent victoires, il n'a pas eu la victoire, et Guillaume n'est pas Napoléon".
Le 5 juin, en ligne dans les blés de Montmarlet, on ne sait pas exactement où est l'ennemi. En le cherchant, on bouscule un petit poste, puis un autre, puis une ligne de tirailleurs dans les trous. On avance ainsi de quelques centaines de mètres. Le Chasseur DUMESNIL reçoit sa huitième blessure dans une de ces petites opérations.
On sait vaguement qu'un jour viendra où on ira de l'avant pour "vider la poche" ; en attendant on se retranche avec ardeur ; les multiples tranchées et les longs boyaux se creusent, les réseaux de fil de fer sortant de terre.
Le bombardement est sévère, les obus à ypérite nombreux. Mais le médecin-major DODEUIL dirige la protection contre les gaz avec une ténacité sans pareille ; il lutte avec une impitoyable énergie contre l'incorrigible insouciance de nos guerriers ; aussi les pertes du bataillon par l'ypérite seront toujours légères.

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Thierry GUYON
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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:34

LA VICTOIRE

L'OURCQ


Le 18 juillet, par une nuit de tempête extrêmement noire, le bataillon est venu prendre sa place d'attaque au bord de la route de Dammard à la Ferté-Milon : compagnie CURET à gauche, compagnie WARTELL au centre, compagnie REYNAUD à droite, compagnie RINGUET en soutien. Attaque par surprise, sans tanks.
Chacun est exactement à sa place prescrite, malgré l'obscurité, la pluie la boue ; pas besoin de guides, on a souvent patrouillé par-là.
La pluie a cessé à l'aube ; pas un coup de canon, pas un coup de fusil.
4 h 35» le tout petit jour ; heure bien choisie, on voit juste ce qu'il faut. Les Chasseurs avancent à belle allure dans les superbes blés qui les masquent jusqu'aux épaules ; les premiers postes ennemis sont bousculés, leurs fusées rouges demandant le barrage partent ; trop tard, le bataillon est passé ; presque tous les obus tomberont derrière lui.
Les innombrables mitrailleuses commencent leur vacarme infernal ; jamais on n'en a tant entendu ; il y en a partout.
On s'aperçoit vite que les blés offrent une grande protection ; la fumée des obus colle au sol, facilite la manœuvre, on déborde, on tourne quelques mitrailleuses, on en enlève quelques-unes de vive force.
L'intrépide DENIZOT fonce sur un groupe, tue deux Allemands, les autres s'enfuient.
Le fusilier-mitrailleur BADIOU tire en marchant sur une mitrailleuse, il est mortellement blessé, mais la mitrailleuse est prise.
Une mitrailleuse bat presque tout le front du bataillon dans un couloir où les blés sont coupés ; le Chasseur DEVAUX l'approche, s'élance, tue un mitrailleur, met les autres en fuite.
Le sergent-mitrailleur VIRONNEAU réussit à amener une pièce à courte distance d'une pièce ennemie, il tue tous les servants.
Une mitrailleuse arrête une section ; le Chasseur JOUMARD fonce seul, tue un servant, prend la pièce.
Le gros morceau est au carrefour près de la ferme Lessart ; six mitrailleuses groupées, dissimulées sous un tas de fumier à l'aspect inoffensif, interdisent le passage des routes et arrêtent la compagnie REYNAUD ; dès que les premiers éléments de la compagnie RINGUET accourue en renfort approchent, le lieutenant PARVILLE donne l'assaut ; les vieux sergents EARRIER, ROUSSEL-CICQUART, PHILIPPON, si braves et si aimés, tombent ; les mitrailleurs ennemis tirent jusqu'à l'abordage, ils sont tués sur leurs pièces.
Le lieutenant GASCOUGNET avait manifesté la veille le désir d'aller prendre la ferme Lessart, qu'il connaissait pour y avoir cantonné, et qui est au-delà de l'objectif du bataillon ; il tient parole.
A gauche, la 1ère, entraînée par l'ardent lieutenant CURET,, bientôt blessé très grièvement, a filé à toute allure et arrivée devant Macogny ; elle voit avec fierté le régiment de gauche à plus d'un kilomètre en arrière, précédé de petits tanks à peine visibles dans les blés.
Encore un court et très vif combat rapproché contre les mitrailleuses restées terrées ; ils gardent un 77 et tirent dans le dos de la liaison.
Le lieutenant DUPAY, adjoint au chef de corps, dont l'extrême bravoure a toujours besoin d'être contenue, est mortellement atteint ; les mitrailleurs sont réduits, le canon est pris.
Le bataillon a très largement dépassé ses objectifs ; il achève le combat en fusillant à courte distance les nombreux fuyards qui refluent devant le régiment voisin.
L'après-midi, une douzaine d'avions ennemis viennent faire de superbes évolutions au-dessus de nous, nous envoient des milliers de balles qui n'atteignent personne ; nos mitrailleuses en abattent un, les autres s'enfuient.
Le 19, l'attaque est reprise à 3 h 50 ; le bataillon, en soutien derrière le 115ème traverse un désagréable barrage par obus à gaz ; il reste toute la matinée en pleine vue de l'ennemi sur les pentes Est de la cote 167 sous les rafales de mitrailleuses et les obus très nombreux ; les beaux trous faits la veille par nos 155 nous offrent d'excellents abris et évitent beaucoup de pertes.
A midi, ordre de dépasser le 115ème et d'attaquer Rassy. Le mouvement est arrêté dès le début à cause de la violence du bombardement et du tir de mitrailleuses.
Mais le capitaine DE MAILLE peut atteindre avec quelques mitrailleuses la route de Rassy à Vaux par un couloir défilé ; les compagnies RINGUET, GOURBEYRE (1ère), REYNAUD, VARTELL ; nos patrouilles de combat entrent dans les blés et approchent de la crête à l'Est du village.
Le caporal LEGAY, les Chasseurs FORAND et DELPERIER arrivent ainsi à quelques pas d'une mitrailleuse servie par quatre Allemands, ils en tuent trois ; un renfort surgit, ils le fusillent à bout portant et lui font six prisonniers.
La crête est vite à nous ; mais des mitrailleuses plus lointaines nous empêchent d'en déboucher.
A 19 heures, les voisins de droite doivent attaquer ; le bataillon doit surveiller leur flanc. Sous un bombardement très violent qui blesse les lieutenants PARVILLE et LAPLASSOTE, quelques éléments de la compagnie REYNAUD avancent quand même, prenant deux mitrailleuses et quelques prisonniers.
A gauche, à la compagnie RINGUET, la section du sergent CAZENAVE voit à 800 mètres en avant, au bord d'un boqueteau, un char isolé, venu on ne sait d'où, que les Allemands entourent ; elle part sans ordres, délivre le mécanicien et le chef de char, blessés tous deux, fait trois prisonniers, Elle aperçoit à courte distance une batterie d'obusiers de 105 ; la demi-section du sergent ARRIVE va s'en emparer.
La nuit venue, le reste de la compagnie RINGUET, la compagnie GOURBEYRE, les pionniers du lieutenant PERRET, vont rejoindre la section CAZENAVE ; le lieutenant RINGUET commande ce détachement très en l'air.
Le 20, le bataillon doit attaquer en première ligne, précédé de dix gros chars. : Les chars ne viennent pas ; les mitrailleuses et un formidable barrage se déclenchent au premier mouvement : les compagnies WARTELL et REYNAUD ne peuvent avancer.
Mais à gauche le barrage tombe en entier derrière le détachement RINGUE qui progresse lentement vers le bois de Latilly, en pointe à plus d'un kilomètre.
Le détachement est arrêté par la forte tranchée de la lisière- du bois de Latilly ; quatre chars Renault, que personne ne suit, apparaissent à gauche ; le clairon LAMOUR va les inviter à venir, ils arrivent.
Prise par le bout Ouest, la tranchée se vide dès que les chars l'abordent c'est aussitôt une splendide poursuite à travers les fourrés épais et les hautes futaies, Chasseurs hurlant, fusiliers-mitrailleurs tirant en marchant ; le bois a bien un kilomètre, il est vidé en un instant.
La compagnie GOURBEYRE et les pionniers surveillent la droite de la compagnie RINGUET et s'installent face au gros bois Menuet, à 400 ou 500 mètres à droite, bourré de mitrailleuses.
Les caporaux COURT et MARTIN vont installer leurs mitrailleuses en plein champ pour protéger le caporal BEAUFUME et le Chasseur RODET qui s'aventurent seuls vers le bois en rampant dans les blés ; ils sautent dans le bois, y sont fort mal reçus, mais ils en reviennent indemnes et ramènent deux prisonniers.
Toutes les mitrailleuses disponibles, le 37 sont bientôt là : on pointe tout ce qu'on peut sur les derrières du bois pour empêcher toute liaison et toute fuite ; en attendant qu'on puisse attaquer le bois Menuet, nos pièces envoient des milliers de cartouches sur les ennemis qui évoluent au loin, parfois en groupes considérables, devant les bataillons voisins.
Une compagnie du 70ème, le 115èmearrivent par le trou qu'a ouvert le détachement RINGUET ; la compagnie GOURBEYRE et les pionniers vont renforcer la compagnie RINGUET très en l'air dans son gros bois.
L'adjudant-chef PAOLI part faire une reconnaissance vers Latilly avec 1 seul char qui reste, les autres sont en panne ; pour donner confiance à l'équipage qui hésite, il monte sur la coupole du char avec un fusil mitrailleur et se fait escorter par le fusil-mitrailleur WARME.
On peut voir vers 11 heures trois chars Saint-Chamond que guident les Chasseurs BELLICARD et TERRY ; on s'occupe alors du bois Menuet ; le 115ème, des compagnies du 70ème, les compagnies REYNAUD et WARTELL donnent l'assaut et l'enlèvent ; plus de 100 prisonniers sont cueillis.
Le bataillon est dépassé par le 298ème régiment d'infanterie pendant la nuit ; il suit la bataille par Remont-Voisin, la ferme Hallandray ; les mitrailleurs vont vérifier les résultats de leurs tirs du 20 sur les derrières du bois Menuet ; de nombreux cadavres jalonnent les pistes à travers les blés.
Le bataillon est revenu en première ligne dans la soirée du 23 juillet la corne Nord-Est du bois du Châtelet.
Attaque le 24, à 4 h 05, compagnie GOURBEYRE à droite, compagnie CHAMOUX (2ème)à gauche ; les chars promis n'arrivent pas.
Le gros remblai du chemin de fer entre Brécy et Coincy est enlevé, le Chasseur LAGOUTTE entre le premier à Brécy ; le sergent-mitrailleur COCHE est à la sortie de Brécy avec ses pièces en même temps que les patrouilles et de toutes parts malgré les marmites qui arrivent bientôt, des vieillards, des fermes, des enfants sortent de toutes les maisons ; des scènes touchantes, on n'a pas le temps de s'y attarder.
A gauche, le bataillon voisin n'a pas pu déboucher, la surveillance du trou qui s'ouvre est confiée au tenace caporal MEPAL.
La compagnie CHAMOUX est laissée face à Coincy, la compagnie RINGUET la remplace en première ligne, on commence à contourner Coincy en s'infiltrant.
La section de chars Renault arrive enfin, la compagnie CHAMOUX va attaquer Coincy avec eux ; le sergent VALENTIN veut leur ouvrir la barrière du passage à niveau, un pétard lui enlève le bras ; de la côte 200, des canons antitanks prennent les chars à partie ; le Chasseur CAPDERESTET qui les guide reste sous les obus et les mène tous à un défilement.
La compagnie RINGUET continue la progression, très lente avec des ennemis presque dans le dos à Coincy, heureusement très bombardé par notre artillerie.
Enfin, vers 13 heures, trois chars peuvent être envoyés à la compagnie RINGUET. Une très intéressante manœuvre commence ; nos mitrailleuses, bien approvisionnées, arrosent sans arrêt le terrain en avant des chars ; les chars escaladent la pente très dure, rechercher l'ennemi, des mitrailleurs de la Garde très tenaces ; nos patrouilles suivent de près, fusillent les fuyards, on avance lentement, mais à peu près sans pertes.
On approche à 16 heures de la cote 200, l'objectif de la journée : la résistance y apparaît sérieuse ; un bon marmitage est demandé, une belle concentration de 75 et de 155 arrive aussitôt.
L'assaut est donné à 17 heures
Le Chasseur SABATIER se fait tuer à 3 mètres d'une mitrailleuse.
Le sergent FOUILLOUX fonce sur une mitrailleuse, tue un allemand, prend la pièce.
Le Chasseur QUINCIEUX bourre sur un groupe, tue deux Allemands avant d'être blessé.
Le caporal FOUSSAT charge un fort groupe presque seul.
On poursuit les fuyards avec le char-mitrailleuse du brigadier BOURBEL, le seul qui a encore assez d'essence ; le Chasseur DECOMBAZ prend une mitrailleuse ; le fusilier-mitrailleur GUIGAL, hurlant et tirant, disperse une série de groupes qui essaient de se reformer ; le Chasseur CAMPAN force des mitrailleurs à abandonner leur pièce et va se faire blesser par une autre mitrailleuse ; le Chasseur GOUGEON rassemble quelques camarades essoufflés et les mène à l'attaque d'un groupe qu'il a découvert ; le Chasseur BULAND guide le char sur deux 77 qui sont pris intacts.
La cote 200 est dépassée de plusieurs centaines de mètres, la ferme Misère est enlevée.
Des hauteurs enlevées, les Chasseurs ont l'enivrante récompense de leur ardeur ; un splendide tableau de victoire est sous leurs yeux.
En avant, sur la route de Fère-en-Tardenois, des paquets de fuyards que nos mitrailleuses font courir.
A gauche, dans la vallée de l'Ourcq, des détachements ennemis qui vont et viennent, des convois qui coulent vers l'arrière, des batteries qui tirent ; on prévient notre artillerie.
En arrière de nombreux Allemands sac au dos derrière talus et maisons ne se doutent pas qu'ils sont vus, nos mitrailleuses en tuent quelques-uns et font fuir les autres.
Encore plus loin, à 2 kilomètres derrière nous, la cote 141 où les Boches tiennent toujours.
A droite, à travers la bois, aucune liaison possible, on ne sait pas où sont nos fantassins ; nos patrouilles qui les cherchent ne trouvent que des Allemands ; elles ramènent un officier de la Garde, un feldwebel téléphoniste, un officier d'artillerie...
La poche se vide !
Le commandant interrompt le combat par l'ordre suivant :
"Le bataillon sera probablement relevé cette nuit ; comme d'habitude, il s'arrête très en pointe, en liaison à droite et à gauche avec les Boches ; malgré la grande fatigue, il faut faire un dernier effort et veiller avec soin pour conserver le terrain conquis".
Le bataillon va passer quarante-huit heures à Fanteuil, près de Meaux, puis il va cantonner à la Chapelle, près de Poix dans la Somme.
La troisième citation a l'ordre de l'armée le récompense.

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Apprendre à connaître les anciens, c’est pour les jeunes Chasseurs vouloir les imiter un jour.

" Quand le drapeau avance, il faut le suivre ; quand il tombe, le relever pour le porter toujours plus loin ". Colonel DRIANT
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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:36

LA BATAILLE DE ROYE


A partir du 1eraoût, le bataillon n'aura plus que trois compagnies de fusiliers-voltigeurs et une compagnie de mitrailleuses à quatre sections.
Il est enlevé en camions le 8 au point du jour ; en réserve, il suit la bataille par Moreuil, Presnoye-en-Chaussée, Hangest-en-Santerre, Arvillers, Erches.
Il est en ligne le 14 aux lisières est d'Andéchy, pauvre village détruit deux fois, qu'un labyrinthe de boyaux souterrains traverse ; l'ennemi y a abandonné de gros approvisionnements, un train de choux, des milliers de caisses de bouteilles d'eau minérale, boisson précieuse par la grosse chaleur dans cette région aux puits détruits.
L'ennemi est tout près, dans de bonnes tranchées ; un double réseau de fils de fer intacts les protège, mais des boyaux y mènent, on s'en servira.
Le 15 au soir, on force les barrages à la grenade et au V.B., compagnie DEMERON (1ère) à droite, compagnie WARTELL (2ème) à gauche ; on a poussé de un kilomètre au jour ; l'adjudant-chef PAOLI a pris avec le sous-officier qui la commande une corvée ennemie chargée de café tout chaud.
Le combat continue toute la journée du 16, compagnie DEMERON en tête ; un fort blockhaus au bord de la route de Villers-les-Roye à Goyencourt est enlevé ; puis une tranchée un peu plus loin ; vers 14 heures les tranchées continues du Camp César protégées par de bons réseaux arrêtent la progression.

Nous avons perdu le lieutenant EVRARD, rude combattant, tué par un obus, et le vaillant lieutenant THOMAS, frappé d'une balle au cœur ; la chaleur est accablante, les obus nombreux.
Une escadrille vient nous mitrailler longuement, ses balles ne touchent personne.
L'ennemi contre-attaque, le bataillon tient bien ; les voisins de gauche cèdent, et la section de mitrailleuses du sergent CHARRIER est coupée du bataillon et très menacée.
Le sergent ARRIVE se porte à découvert au-devant de l'ennemi avec quelques Chasseurs. Le Chasseur BERMONT, grièvement blessé, ne veut pas se laisser panser ; "Ne vous occupez pas de moi soignez d'abord les Boches", dit-il. Le fusilier-mitrailleur DETRAIT s'installe à découvert sur un talus pour mieux tirer, une grave blessure le couche. Mais l'ennemi se terre.
L'énergique CHARRIER reste isolé, niais tient ferme ; il a comme précieux auxiliaires le vaillant caporal TALON et le mitrailleur DAGUERRE, un des meilleurs lanceurs de grenade du bataillon, qui a découvert un bon tas de pétards allemands.
A la nuit, le bataillon a encore avancé de plus d'un kilomètre ; la compagnie WARTELL passe en première ligne.
L'attaque doit être reprise à 4 heures avec une section de chars, les chars ne viennent pas.
Au petit jour, il semble au capitaine adjudant-major JOMAIN que les fils de ' fer ne sont pas bien épais devant la section NOCHEZ ; II la lance.
Le Chasseur RIV0IRE saute le premier dans la tranchée : le sergent PREVOST se fait de la place par un rigoureux combat à la grenade ; le fusilier-mitrailleur FERREBOEUF sort de temps en temps de la tranchée pour mieux intervenir pendant le combat de boyaux ; on arrive ainsi aux lisières de Roye, au bord de la route ayant progressé d'un kilomètre et fait une quarantaine de prisonniers.
Mais on s'est plus occuper de refouler l'ennemi que de regarder la boussole ; le long boyau pris n'est pas dans notre zone ; on y installe une compagnie du bataillon voisin et on reprend la marche vers le bois de Bracquemont ; un nouveau kilomètre a été gagné quand la nuit vient.
Le 18, l'attaque doit être reprise à 3 h 45 avec une section de chars ; la compagnie WARTELL forcera la corne Sud-Ouest du bois, la compagnie AIGUETINTE qui la suit nettoiera la bois avec les chars.
Les chars arrivent en retard, prennent les Chasseurs pour l'ennemi ; le téléphoniste JULIEN et le coureur TERRY réussissent à les aborder et à arrêter leur tir meurtrier ; mais l'attaque est manquée.
A 15 heures, notre artillerie commence un puissant bombardement du bois de BRACQUEMONT ; les nombreuses mitrailleuses paraissent vite fort bien coiffées ; l'attaque se fera donc compagnie WARTELI à droite, compagnie AIGUETINTE (3ème) à gauche.
Par petits paquets, à découvert, comme à la manœuvre, la compagnie AIGUETINTE prend sa nouvelle place d'as saut.
Assaut à 17 heures.
La compagnie WARTELL enlève en un clin d’œil la ferme La Grange, la lisière sud du bois de Bracquemont, le bois Fendu ; elle ramène un officier d'un autre bataillon, prisonnier depuis deux jours, très grièvement blessé, que les Boches n'ont pas évacué plus loin.
Le sergent PREVOST, chargé de la liaison à droite avec une douzaine de Chasseurs, ne peut résister à la tentation de livrer son combat particulier ; il attaque à la grenade un fort poste qu'il a découvert et lui fait une trentaine de prisonniers.
A gauche, la compagnie AIGUETINTE franchit derrière un barrage roulant impeccable, le glacis de 500 à 600 mètres qui la sépare du bois ; elle enlève en passant, dans un court combat, un blockhaus à contre-pente dont personne ne soupçonnait l'existence.
Elle enlève la tranchée de la lisière Ouest malgré son bon réseau, traverse le bois et commence à nettoyer énergiquement les fourrés que le bombardement a rendus inextricables ; le fusilier-mitrailleur MILLAT-CARUS se fait remarquer par son ardeur dans le nettoyage.
Mais le bataillon est sorti seul, même les détachements de liaison des bataillons voisins n'ont pas bougé.
Nos deux petites compagnies perdues dans ce bois de 800 mètres sont bientôt prises à revers par des feux de mitrailleuses d'une violence inouïe et elles reçoivent une très violente concentration d'obus et de mines.
Des contre-attaques très mordantes se déclenchent, du Sud venant de la gare de Roye, de l'Est venant du talus du chemin de fer, au Nord-Est venant du bois de l'Abbaye, pendant qu'au Nord-Ouest les mitrailleuses du bois Croisette tirent sans arrêt.
Grâce au dévouement des téléphonistes, caporaux MEUNIER et ARNAUD, Chasseur FAURE, les lignes sont toujours réparées sitôt coupées, l'artillerie prévenue intervient très vite. Mais l'ennemi avance quand même, et les balles de ses mitrailleuses lourdes et légères font un vacarme assourdissant à travers les branches.
A droite, la section GOURBEYRE, de la 1ère qui marche en soutien, est placée juste à temps pour boucher le trou que notre avance a ouvert. Elle arrête tous les assauts qui viennent de la gare par le chemin creux.
Plus en avant le Capitaine DE MILLE installe la seule mitrailleuse qui reste disponible, qui tirera ses dernières bandes à quelques pas.
Plus en avant encore, et toujours face à droite, le Capitaine Adjudant-major JOMAIN, bientôt blessé, rallie des groupes épars de la compagnie WARTELL et les dirige.
L'Adjudant NOCHEZ, à découvert, la canne à la main, parcourt les lignes, exalte les courages.
Les caporaux LESPINE, PEPIN-DONAT, le vaillant FERBUS, qui font le coup de feu debout, et le fusilier-mitrailleur BOUJOT qui tire sans arrêt sont le centre de noyaux qui brisent l'attaque à cinquante pas.
Le Lieutenant-mitrailleur JAVOUHEY tire toutes ses cartouches ; le mitrailleur PLEYNET n'a plus de munitions, il tire avec une mitrailleuse allemande qui gît là, bien approvisionnée.
Toute la contre-attaque de droite est maîtrisée ; elle aurait encerclé le bataillon,
A gauche, la compagnie AIGUETINE est aussi furieusement assaillie ; aucun secours immédiat ne peut être envoyé à son faible effectif disséminé à travers le bois incomplètement nettoyé. L'ennemi entre dans le bois, la coupe de la compagnie V/ARTELL, réoccupe par endroits la tranchée de la lisière Ouest.
Le Lieutenant ANTOINE, blessé à la tête, couvert de sang, fait le coup de feu en encourageant ses Chasseurs.
Les sergents SEIGLE, BROUSSE, STARON forment de petits centres isolés mais inébranlables.
Le sergent SIMAN, pris à revers, reste ferme à son poste.
Le sergent BARGOIN regroupe des Chasseurs refoulés et chasse avec eux l'ennemi de la place qu'il avait prise.
Le caporal-mitrailleur MATHON, débordé, refuse de reculer en disant : "Un mitrailleur tient jusqu'au bout."
Le Chasseur CARRE, seul en avant du bois, y reste pour "faire un flanquement".
Deux agents de liaison envoyés pour demander des renforts tombent ; le troisième, CAUSSADE, réussit à passer et s'en tire avec trois balles dans les vêtements ; il fait quarnd même la périlleuse traversée deux fois encore.
Le chasseur CHABERT fait la liaison avec la compagnie WARTELL en passant à travers les Allemands.
Enfin, à la nuit tombante, les deux sections disponibles de la compagnie DEMERON peuvent approcher de la compagnie AIGUETINE ; la tranchée Ouest est reprise, le bois nettoyé, toutes les liaisons assurées, la situation est entièrement rétablie.
Le bataillon peut être fier : il a seul osé attaquer, et il s'est tiré seul de la situation critique où son attaque isolée l'avait placé.
L'ennemi fait un grand recul le 27, on le poursuit, le bataillon en soutien.
Nous sommes en ligne à Breuil le 31 Août, au bord du canal du Nord ; village soigneusement pillé et rasé sans combat, arbres fruitiers sciés, puits pleins de fumier ou arrangés pour qu'un minen éclate si on veut de l'eau : un tableau parfait de ce qu'a fait la sauvagerie boche.
Le sergent ARRIVE, les Chasseurs DELPERIER, CAT, BOUCHERY, BARBAT font une patrouille très audacieuse ; mettant bout à bout des planches sur des pilots sciés, tout ce qui reste d'une passerelle détruite, ils passent le canal sans donner l'éveil et vont tuer quelques Allemands dans le poste voisin.
Relevé le 4, le bataillon va à Loeuilly (Somme) ; les derniers combats lui valent la quatrième citation à l'ordre de l'armée.

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LIGNE HINDENBURG


Embarqué en chemin de fer à Conti le 27 septembre, le bataillon débarque à Nesles et va bivouaquer aux misérables ruines d'Y, en plein dans la zone que les Allemands ont si sauvagement dévastée l'an dernier.
Il arrive le 29 au bois d'Holnon d'où apparaît Saint-Quentin, ville martyre, aux mains de l'ennemi pour quelques jours encore.
Le 30, il glisse le long des premières lignes anglaises par une noire nuit de pluie et arrive devant les ruines du Tronquoy ; les Anglais ont forcé le passage du canal du Nord au tunnel, on va intervertir par le trou qu'ils ont fait.
Larges réseaux de fils de fer en dents de scie, souvent triplés, battus par des mitrailleuses sous blockhaus en béton ; tranchées profondes et nombreuses, sol saturé d'ypérite ; la besogne sera dure.
Le 2 octobre, le bataillon attaque au petit jour ; il dépasse quelques sentinelles écossaises qui battent la semelle dans leurs trous, sac au dos, la pipe aux dents, et qui ont l'air assez étonnées de nous voir passer.
La compagnie DEMERON est en tête. Elle enlève le bois du Chacal, le bois du Poney, trois 77 ; elle est arrêtée à la route de Levergies à Lesdins par les violents feux de mitrailleuses venant du Cuistot, à 700 ou 800 mètres plus loin.
On réussit à enlever le boqueteau de la Mule, en avant et à gauche ; les mitrailleuses du sous-lieutenant HYVRARD y sont envoyées, elles arrosent dur le bois du Cuistot,
Dans le ravin eau à droite, qui aboutit au bois du Cuistot, la fumée des obus à gaz colle au sol et couvre le fond d'un brouillard opaque.
Masque sur la figure, section du lieutenant MAREY en tête, la compagnie DEMERON est glissée dans les gaz ; elle aborde le bois, l'ennemi surpris cède ; le bois est à nous avec le quatrième canon arrêté dans sa fuite, le courrier destiné à la batterie encore dans le sac du vaguemestre.
La compagnie WARTELL vient aussitôt à gauche remplacer dans la tranchée de l'Ecume, les Allemands qui ont suivi la fuite de leur camarades du Cuistot
A droite, une patrouille de combat réussit à prendre pied dans la tranchée du Fracas ; elle s'élargit à la grenade, on la renforce, les ennemis sont refoulés sur le bataillon voisin, toute la tranchée est aussitôt prise.
Puis il faut encaisser le bombardement d'usage, très violent ; il arrête la progression des Anglais qui ont attaqué après nous à notre gauche et sont arrivés à notre hauteur.
Vers 11 heures, une contre-attaque très puissante se déclenche ; nous voyons les vagues d'assaut ennemies sur plus de 3 kilomètres jusqu'au delà de Séquehart.
Nos compagnies ont des pertes sérieuses, mais tiennent bien et couchent un grand nombre à'Allemands ; les Anglais cèdent.
Le bombardement reprend de plus belle ; puis les vagues ennemies essaient encore en vain de nous aborder.
Le lieutenant MAREY, une grave blessure au ventre, n'a pas voulu se laisser emporter, ses Chasseurs ne l'abandonneront pas ; le Chasseur BUFFY se porte au-devant de la contre-attaque, la fusille à genoux jusqu'à ce qu'il tombe ; le fusilier-mitrailleur WARME fait des ravages dans les rangs ennemis jusqu'à ce qu'une blessure l'arrête.

Mais à notre gauche, nous voyons l'ennemi entrer au Charbon-Vert, à Séquehart ; nos voisins anglais disparaissent, nous découvrent à l'excès ; la compagnie MAGE, du 52ème, arrive heureusement à point pour boucher une partie du trou qui s'est produit.
Nous avons eu un peu de distance, pendant toute l'après-midi, un poste que nous avons cru anglais, sur lequel nous n'avons pas tiré ; un officier anglais, venu chercher la liaison à la nuit, nous apprend qu'il n'y a pas un Anglais par-là. Ce sont des Boches avec des casques anglais.
Le bataillon est relevé pendant la nuit et vient en réserve aux abords du tunnel.
Le 5, la nuit venue, il a relevé le 115ème sur la crête nue au Sud du bois de l'Autriche, vers le chemin de Lesdins à Chardon-vert, le Chasseur MASSON va tout de suite tuer une sentinelle pour savoir où est l'ennemi.
Attaque le 6, à 14 heures 2ème à droite, 3ème à gauche.
La 3ème progresse, fait quelques prisonniers, est arrêtée devant la ferme Bellecour par un très fort blockhaus qu'elle ne peut réduire.
La 2ème doit descendre le long glacis nu qui la sépare de son premier objectif, la tranchée des Grenouilles, protégée par de bons fils de fer; nos mitrailleurs contrebattent les mitrailleuses ennemies avec un admirable dévouement le caporal MATRON tire sans arrêt dans la poussière que les baIles ennemies soulèvent autour de lui ; le chargeur DELAIRE remplace son tireur tué ; le chargeur ROUSSY remplace son tireur blessé,
La 2ème aborde ainsi la tranchée des Grenouilles avec peu de pertes, y entre par le bout Nord, s'y élargit à la grenade ; la tranchée est bien garnie, le combat est rude ; le sergent PREBOST, bientôt blessé, l'aspirant NICOLAS, le meilleur grenadier du bataillon, dont toutes les grenades vont à 60 mètres, mènent le combat.
Les grenades manquent, l'ennemi se ressaisit et est difficilement contenu ; le fusilier-mitrailleur GIRARDIN l'arrête un instant en s'installant à découvert sur le parapet, une balle le tue.
Enfin les pionniers arrivent portant les caisses de grenades sous les balles qui en tuent quelques-uns dont le brave petit LOUARN ; le combat est repris, plus de cent Allemands refoulés sur le bataillon voisin se rendent.
Encore un passage difficile, le couloir où la tranchée des Grenouilles rejoint la tranchée des Grognards ; une mitrailleuse invisible en interdit l'accès ; dès qu'on peut la situer, le caporal mitrailleu ALON s'occupe d'elle, on prend pied dans la tranchée des Grognards et on enlève à la grenade les 600 mètres qui sont l'objectif du bataillon.
La 3ème à continué à progresser lentement ; le caporal COCAT, arrêté par une mitrailleuse, a pris le fusil-mitrailleur d'un blessé, fait plusieurs bonds sous les rafales, contrebattu la pièce qui est prise ; le sergent LE FORESTIER, arrêté par une mitrailleuse, a tué le mitrailleur et pris la pièce; le Chasseur DUMAS, dont la section est arrêtée par un groupe, a pu l'approcher de très près, il tue un Allemand, le reste s'enfuit.
Le blockhaus a été débordé ; l'ennemi l'évacue pendant la nuit ; on n'y trouve que des cadavres tous frappés de balles à la tête ; c'est le travail de nos mitrailleurs.
Des prisonniers nous assurent que l'Allemagne demande un armistice.
Le 7, le bataillon ne doit pas attaquer ; on cherche à s'élargir dans la tranchée des Grognards ; l'aspirant NICOLAS avance à pas de loup, grenade d'une main, pistolet de l'autre, il cherche le premier guetteur ennemi ; il le trouve bientôt derrière un pare-éclats, et l'annonce ainsi au commandant qui le suit ; "II lit son journal."
Le lecteur est cueilli tout ahuri ; NICOLAS recommence ses prouesses de grenadier ; la tranchée des Grognards est nettoyée, et on passe la partie qui vient d'être prise aux voisins qui l'avaient comme objectif.
Le 8, attaque à 6 heures, 1ère à gauche, 3ème à droite-, 2ème en soutien.
En avant et à gauche un très fort blockhaus qui n'est pas dans la zone du bataillon ; mais la 1ère (lieutenant DEMERON) sait qu'elle sera exposée à de très graves dangers si le blockhaus tient ; elle sait aussi que les voisins de gauche qui viennent de perdre leur chef ne sortiront probablement pas.
Nous n'avons pas encore vu d'ouvrage aussi fort. Placé au sommet du mouvement du terrain, complètement enterré, parfaitement caché, un toit de béton de deux mètres ; cinq profonds boyaux camouflés avec un grillage supportant des herbes rayonnent en face des cinq créneaux qui permettent aux observateurs de tout voir, aux mitrailleuses de tout battre.

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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 18:42

LA POURSUITE


Le 26 octobre, à 5 h 30, le bataillon arrive à Villers-le-Sec. Attaque à 5 h 45, 2ème en tète (lieutenant FAFOURNOUX), 1ère en soutien (lieutenant DEMERON), 3ème en réserve (lieutenant GOURBEYRE) ; objectif, la partie Sud de Pleine-Serve.
La 2ème progresse rapidement dans la petite brume du matin ; elle enlève le gros bois de Villers-le-Sec, plein de baraques ; puis les carrières devant Pleine-Selve ; elle force la résistance de Parpe-la-Cour et entre à Pleine-Selve.
Des chars Renault remarquablement mordants accompagnent l'attaque ; aussi l'ennemi ne tient guère ; mais nos voisins de droite, très éprouvés par les combats précédents, n'ont pas bougé ; les mitrailleuses qui les ont arrêtés se tournent vite vers nous et la progression se fait sous de violents feux de flanc.
La 1ère, la 3ème, les mitrailleuses disponibles arrivent successivement et ripostent avec toute la violence dont elles sont capables.
Le mitrailleur PLEYNET ne peut réussir à faire taire deux mitrailleuses ennemies avec sa seule pièce ; il va chercher deux chars, les mitrailleuses sont détruites.
Le sergent LECOMTE mène lui-même deux chars sur une autre mitrailleuse qui est détruite.
Les chasseurs trouvent que l'ennemi fuit trop devant nos chars ; quelques-uns des plus ardents, parmi lesquels le caporal FERBUS, le Chasseur BONNETON, traversent le long village à toutes jambes, fusillés parfois à bout. portant, atteignent l'extrémité où ils vont faire un barrage ; la 2ème fait ainsi plus de prisonniers qu'elle n'a de combattants ; les prisonniers sont de deux divisions différentes.
L'adjudant HOCHEZ va prendre avec sa section le bois des Perdreaux, plus de un kilomètre au-delà de-notre objectif.
Survient une contre-attaque qui menace d'isoler la section HOCHEZ ; le caporal FERBUS va chercher deux chars et presque seul avec eux charge la contre-attaque et la disperse.
Un incident met tout le monde en joie ; l'attaque finie, un char part seul pour réduire une mitrailleuse très gênante, qui tire à 400 ou 5CO mètres à droite ; il a une panne, l'équipage l'abandonne. Une demi-heure après une dizaine d'Allemands se précipitent bras levés et vont se rendre à ce char que personne n'occupe.
A 15 heures, sous la protection habituelle des mitrailleuses et des obus, l'ennemi commence un mouvement de repli ; on le suit ; la nuit venue, le sergent ARRIVE peut conduire une patrouille à plus de 3 kilomètres.
La poursuite continue le 27 au jour, 1ère compagnie en avant. La progression est de 9 kilomètres à 13 heures. Les mitrailleuses, les obus, les crapouillots nous interdisent l'approche des tranchées creusées sur les hauteurs à l'Ouest de la route de Marle à Guise»
La 1ère progresse cependant par petits groupes, homme par homme, sur le terrain nu ; deux de ses sections sont à distance d'assaut à 16 heures.

Une trentaine d'obus de 75 viennent de tomber ; trois chars sont disponibles, on les prévient ; mais leur mise en marche est lente à cause des moteurs refroidis, on ne les attend pas ; les sergents ARRIVE et CAUHAPE entraînent leurs groupes, arrivent sur l'ennemi plus occupé à préparer son repas sur les réchauds qui illuminent le fond de la tranchée qu'à faire bonne garde.
Dans un groupe qui reçoit des balles à bout portant, le Chasseur LAMOUILLE crie : "En avant, les gars, la section ne cale jamais !"
Les Chasseurs PERCEVEUX d'un côté, BONTEMPS de l'autre, chacun en tête d'un groupe de grenadiers, commencent à s'élargir à la grenade.
Les chars arrivent, provoquent une belle fuite accélérée par les rafales du mitrailleur CHOULET, des fusiliers-mitrailleurs BAILLARD, BEGUE DE SAINT-PALAIS, FOUCAULT ; plus de 200 sacs et de nombreux fusils sont pris.
43 prisonniers nous restent, ils donnent la note joyeuse ; le commandant les a envoyés sans escorte au P.C. où est le capitaine JOMAIN, l'adjudant-major ; et les voilà errant sous leurs marmites devenues fort nombreuses, demandant à tous les Chasseurs : "P.C. capitaine CHOUMAN ?"
Le bataillon relevé passe en soutien le lendemain.
Le 30, attaque à 5 h 40, le bataillon de première ligne ne peut déboucher, le bataillon ne bouge pas.
L'attaque doit être reprise à 16 heures, le bataillon encore en soutien ; l'adjudant FOUILLOUX est chargé d'essayer d'entraîner le bataillon en première ligne, auquel le clairon FOULON et le pionnier BOUDIN mènent les chars sous des rafales très violentes.
Fière de cette mission, la section FOULLLOUX part d'un élan splendide, gagne la première ligne, la dépasse de 400 mètres ; tous les feux de l'ennemi sont concentrés sur elle qui seule a bougé ; l'adjudant FOUILLOUX, déjà blessé le matin, l'arrête quand une nouvelle blessure sérieuse l'atteint.
L'ennemi se replie le 5 novembre ; le bataillon est en soutien, il suit par Audigny et Beaurain sous la pluie continuelle.
Il passe en première ligne le 6 au point du jour à Proisy.
La compagnie GOURBEYRE (3ème) en avant-garde progresse à travers les vergers, dépasse Marly, est arrêtée par les mitrailleuses et l'Oise aux ponts détruits.
Les patrouilles explorent les bords de l'Oise, à la recherche d'un gué, d'un gros arbre qui pourra être jeté en travers de la rivière ; elles trouvent mieux, une passerelle incomplètement détruite ; nos pionniers ont vite fait de rendre le passage possible avec des planches et des volets pris à un moulin tout proche ; le soir la passerelle sera assez solide pour nos mulets.
La compagnie DEMERON (1ère) devient avant-garde ; elle traverse Englancourt et tourne pas le Sud une centaine d'Allemands qui s'enfuient d'Erloy en abandonnant un canon long de 150. Elle rentre sur leurs talons dans la forêt de Regnaval, traverse un gros dépôt d'obus de gros calibre à double croix jaune, force la résistance de la maison forestière BERTON et est arrêtée définitivement à la nuit devant Sorbais.
Il a plu toute la journée.
Le 7, au point du jour, reprise du mouvement, compagnie GOURBEYRE en avant-garde ; les voisins de droite sont à plusieurs kilomètres en arrière, encore sur la rive gauche de l'Oise, on ne saura rien d'eux de toute la journée.
On va passer au Nord de Sorbais, par Saint-Pierre-Prez, le Petit-Corbion ; une légère brume, un pays coupé de haies et de boqueteaux ; des gens décidés à s'infiltrer ne peuvent manquer de trouver des passages. On tournera toutes les résistances.
On enlève la ferme Robert-Fay, où plusieurs officiers ont passé la nuit et ont laissé une mitrailleuse en action ; ils ont dit que les plénipotentiaires chargés de signer l'armistice doivent passer les lignes aujourd'hui.
Un civil court voir à Gergny, à 1.500 mètres à notre droite, il revient nous dire que les Allemands y sont toujours,
On néglige Gergny, on trouve un peu plus loin quelques femmes stupéfaites, elles nous montrent le pain venant du ravitaillement américain que les fonctionnaires allemands habituels viennent de leur donner à Gergny.
On pousse toujours, la 1ère et la 2ème surveillant la droite avec une attention redoublée.
On aborde avec précaution la cote 212 ; les patrouilles y tournent un parti ennemi qui s'enfuit en jetant une vingtaine de sacs et de nombreux fusils.
Deux mitrailleuses et un mortier d'accompagnement rendent inabordable la ferme du bois de Vimy, l'aspirant BARRE réussit à la contourner par le Nord, lui donne l'assaut et l'enlève ; le Chasseur MARAIS, qui a porté l'ordre d'attaque, donne aussi l'assaut et entre le premier dans la ferme.
Le bataillon, complètement découvert à droite, passe sa dernière nuit de bataille sous les feux croisés de mitrailleuses extrêmement actives.
Le lendemain 8, on espère bien atteindre la frontière toute proche et sortir de France ; les explosions formidables qui retentissent vers Fournies, Hirson, vers la voie ferrée d'Hirson à Anor, sont un indice que l'ennemi cédera vite. Mais l'ordre d'attendre le 54ème bataillon qui nous remplacera dans la poursuite arrive pendant la nuit.
Le lieutenant ANTOINE va cependant s'emparer avant le jour de la voie ferrée devant Rue-des-Marets ; le Chasseur DENIZOT y tue à bout portant la sentinelle du petit poste de la station.
Au jour, pendant que les premiers éléments du 54ème approchent, on découvre une série de trous de tirailleurs sur les pentes qui descendent de Rue-des-Marets ; le fin pointeur CHANAL tue les occupants avec son 37 ou les débusque ; les mitrailleurs installés dans le grenier de la ferme cueillent ceux qui tentent de se sauver.
Puis par petits groupes, sous les obus assez nombreux, le bataillon tourne définitivement le dos à la bataille et va cantonner à la Cour-de-l'Enfant.
Il est au repos à Froidestrées lorsqu'il apprend la signature de l'armistice.
Sa dernière série de combats lui vaut la sixième citation à l'ordre de l'armée et la fourragère à la couleur de la Légion d'honneur.



CONCLUSION

Né de nos malheurs en 1871, le 30ème bataillon n'avait pas d'histoire. Le voici l’égal des plus glorieux.
Combattants du 30ème, disciplinés, opiniâtres, ardents ; pour l'existence de la Patrie, pour l'honneur de l'Arme et du Numéro, vous avez voulu être et vous avez été toujours en pointe. La joie des heures de gloire vous a récompensés.
Votre tâche n'est pas finie. Il reste le Boche, que l'expression "Querelle d'Allemand" caractérise, qui a dit : "La force prime le droit. Un traité est un chiffon de papier" ; qui a tué, pillé, détruit, rétabli l'esclavage au mépris de toutes les lois divines et humaines.
Vous le rappellerez souvent à votre fils. Vous leur ferez vénérer la mémoire de vos héroïques compagnons tombés en accomplissant le suprême sacrifice. Vous leur léguez la Patrie glorieuse et sauvée. Pour que cet héritage sacré reste intact, faites-en de bons Français.

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MessageSujet: Re: 1914 - 1919 - DEUXIEME CHAPITRE   1914 - 1919 -  DEUXIEME CHAPITRE EmptyVen 18 Jan 2008 - 19:02

FELICITATIONS ET CITATIONS OBTENUES PAR LE 30ème BATAILLON

20 AOUT 1914

"Le général commandant le détachement s'empresse d'adresser toutes ses félicitations au lieutenant-colonel GOYBET, commandant le 30ème bataillon de Chasseurs et à ses si braves troupes pour leur succès d'hier contre un ennemi très supérieur en nombre".



ORDRE GENERAL N° 14

6 OCTOBRE 1914

"Le général commandant le groupement des Vosges adresse ses félicitations..
"Il témoigne spécialement sa satisfaction aux détachements des.
30ème bataillon de Chasseurs alpins... qui ont rivalisé d'entrain dans l'attaque des retranchements ennemis".



ORDRE DE GROUPE DES BATAILLONS DE CHASSEURS DE LA 66ème D.I.

Après avoir délogé l'ennemi de toute la vallée de la Fecht, aux combats du Hohneck, de Gaschney, du Sattel (14 et 15 août), de Günsbach (19 août), de Turckheim (21 août), a vigoureusement pris part au combat d'Ingersheim (22 août) en détruisant l'aile gauche ennemie à Logelbach.
Ramené en toute hâte dans la région du col du Bonhomme, col des Bagenelles, violemment bombardée pendant plusieurs jours, y a maintenu l'ennemi par de vigoureuses contre-attaques.
Prenant part aux opérations du col des Journaux, a poussé vers Mandrey des reconnaissances offensives et, de concert avec le 13ème bataillon de Chasseurs alpins, a capturé le convoi d'une division bavaroise.
En septembre 1914, s'est emparé de haute lutte du bois du Chena et du Mont et a coopéré à l'enlèvement des hauteurs de Lesseux.
Par une série d'audacieux coups de main (octobre 1914), s'est emparé de la région frontière comprise entre le Rossberg et le col de Valdhaus, et a puissamment contribué à l'enlèvement du sommet du Violu par le 28ème bataillon de Chasseurs alpins ainsi qu'à l'arrêt de fortes contre-attaques ennemies.



ORDRE DE LA VIIème ARMEE N° 56, DU 4 SEPTEMBRE 1915

Le 30ème bataillon de Chasseurs,
Sous les ordres du chef de bataillon BOUQUET : S'est affirmé une fois de plus comme une troupe d'élite, dans une région montagneuse très difficile : a enlevé sous le feu de l'infanterie et de l'artillerie ennemies d'une violence extrême et après plusieurs assauts, sous bois, une position organisée de longue date par l'ennemi ; s'y est maintenu malgré les attaques réitérées de troupes fraîches précédées par des bombardements d'artillerie lourde d'une intensité peu commune ; a infligé de lourdes pertes à l'ennemi.



ORDRE DU 20ème CORPS D ARMEE N° 252, DU 15 SEPTEMBRE 1916

Le 30ème bataillon de Chasseurs alpins :
Après avoir, du 12 au 20 juillet 1916, organisé, sous le feu de l'artillerie, une base d'attaque modèle, s'est porté sous les ordres de son valeureux chef, le commandant LATRABE, et malgré un feu terrible de mitrailleuses, à l'assaut de quatre lignes de tranchées successives défendues par des forces supérieures, s'en est emparé aux prix de pertes sensibles, les a retournées et organisées, en quatre heures, en une nouvelle base d'attaque, qui a été encore perfectionnée malgré un violent feu d'artillerie, du 20 au 25 juillet. A pris neuf mitrailleuses, deux lance-bombes, des approvisionnements considérables en cartouches et matériel divers et a fait plus de 200 prisonniers.



ORDRE DU G. Q. G. N° 5609 "D", DU 17 SEPTEMBRE 1917

Le 30ème bataillon de Chasseurs alpins :
Bataillon d'élite déjà cité à l'ordre de l'armée. Sous les ordres du commandant LATRABE, a fait preuve, au cours des opérations de juillet, août, septembre et octobre 1916 sur la Somme, d'un esprit offensif qui ne s'est jamais démenti, marquant par une avance chacun de ses combats et capturant près de 600 prisonniers, 10 mitrailleuses et un important matériel.
Signé : PETAIN



ORDRE DE LA VIlème ARMEE N° 627 DU 4 SEPTEMBRE 1918

Le 6ème groupe de Chasseurs : 115ème, 30ème et 70ème bataillons de Chasseurs :
Sous l'impulsion énergique du lieutenant-colonel ZERBINI et le commandement des chefs de bataillon TOUCHON, LATRABE, MASSON, après avoir, les 8, 29 et 30 juin 1918, refoulé les lignes ennemies à plus d'un kilomètre, a pris part à la bataille dernière d'une façon particulièrement brillante, a lutté d'abord sans arrêt les 18, 19 et 20 juillet pour s'emparer de quatre bois et d'un village, a forcé l'adversaire à abandonner sur place de nombreuses mitrailleuses ainsi que d'importants dépôts de munitions : a repris le combat trois jours après et s'est emparé d'une grosse localité et de ses abords, défendus par des mitrailleuses et des canons qui sont restés entre nos mains.



ORDRE DE LA 1ère ARMEE N° 157, DU 30 SEPTEMBRE 1918

Le 30ème bataillon de Chasseurs alpins :
Sous les ordres du commandant LATRABE, chef superbe de froide bravoure et de sage énergie, aimé et suivi de sa troupe qu'il a faite à son image, a pendant cinq jours de combats les plus rudes, conquis deux lignes de tranchées fortement occupées, progressant sur une profondeur de 5 kilomètres, faisant subir à l'ennemi des pertes importantes, lui capturant de haute lutte 145 prisonniers, 2 canons, 28 mitrailleuses et un matériel de toute nature dont 5 canons et 2 dépôts de munitions d'infanterie et d'artillerie.
Signé : DEBENEY



ORDRE DE LA 1ère ARMEE N° 171, DU 15 NOVEMBRE 1918

6ème groupe de bataillons de Chasseurs alpins.
Le 30ème bataillon (commandant LATBABE).
Le 70ème bataillon (commandant MASSON).
Le 115ème bataillon (commandant TOUCHOÏN).

Engagé du 30 septembre au 8 octobre 1918, dans un combat de rupture contre les positions puissamment organisées de la ligne Hindenburg, a mené sans arrêt ses attaques en progressant d'une façon continue, sans laisser un moment de répit à l'adversaire, malgré sa résistance acharnée. Grâce à la souplesse de ses manœuvres, à la bravoure de ses troupes et à leur esprit de sacrifice est venu à bout des résistances les plus opiniâtres et a pu enlever, de haute lutte, le 8 octobre? une ferme solidement organisée, rompant enfin la ligne ennemie. A fait, au cours de ses attaques, 833 prisonniers valides, dont 30 officiers, a pris 5 canons, 14 minenwerfer, 180 mitrailleuses et une quantité de matériel.
Signé : DEBENEY



ORDRE DE LA 1ère ARMEE N° 201, DU 8 DECEMBRE 1918

Le 30e bataillon de Chasseurs alpins :
Sous les ordres du commandant LATRABE :
Troupe remarquablement entraînée, connue par son audace et son endurance. Avec l'aide de chars d'assaut, a enlevé le 26 octobre 1918, la partie Sud du village de Pleine-Selve solidement défendu, y a fait des prisonniers et pris des mitrailleuses ; continuant son action le 27, a poursuivi l'ennemi pendant 9 kilomètres. Le soir, quand la division se trouvait arrêtée sur une nouvelle ligne, a profité de la chute du jour pour tenter, avec l'aide de deux sections de chars d'assaut, de prendre pied dans un point d'appui ennemi, a réussi cette opération, faisant 40 prisonniers qui ont permis d'identifier une nouvelle division. Le 4 novembre, a pris part, en tête, à la poursuite pendant 21 kilomètres, précédant toujours de plusieurs heures les éléments de la division voisine.
Signé : DEBENEY.

Par décision n° 138 "F", en date du 27 novembre 1918, de M. le Maréchal de France commandant en chef, le 30ème bataillon de Chasseurs alpins a droit au port de la fourragère à la couleur du ruban de la LEGION D'HONNEUR.



CITATIONS DES UNITES

ORDRE DU 34e CORPS D'ARMEE DU 7 DECEMBRE 1914, N° 41

1ère, 2ème,6ème compagnies et section de mitrailleuses du 30ème bataillon.
Le 2 décembre 1914, sous le commandement du capitaine REGNAULT, ont chassé l'ennemi à la baïonnette de la Tête des Faux, après avoir escaladé sous le feu, des éboulis d'énormes rochers, et se sont maintenues ensuite sur ce sommet malgré toutes les contre-attaques.



ORDRE GENERAL DE L'ARMEE DU 11 JANVIER 1915

(Détachement des Vosges)
La 6ème compagnie du 30ème bataillon de Chasseurs alpins.
Placée depuis le 2 décembre 1914 à l'endroit le plus périlleux de la Tête des Faux, sous les ordres du capitaine TOUCHON, à quelques mètres des tranchées ennemies, dans lesquelles elle jetait constamment des grenades à main, a héroïquement résisté pendant la nuit du 24 au 25 décembre à une très violente attaque exécutée par des forces très supérieures, se maintenant sur ses positions après une mêlée à la baïonnette où elle a perdu le tiers de son effectif, chantant la Marseillaise aux instants les plus critiques, et infligeant à l'ennemi par son feu et par ses contre-attaques des- pertes très considérables.



ORDRE DE LA 47ème DIVISION N°96, DU 6 JANVIER 1918

La 2ème compagnie du 30ème bataillon de Chasseurs alpins.
Sous le commandement du capitaine TREFCON :
Le 24 octobre 1917, après avoir préparé un coup de main par une série de reconnaissances méthodiques, a fait irruption dans les lignes ennemies avec un superbe entrain, y a mené avec des groupes ayant à leur tête les sous-lieutenants NEVEU et CURET, l'adjudant AUDET, les aspirants LAPLASSOTTE et AGEN, le sergent LECLERC, une série de vifs combats à la grenade qui l'ont conduite à ses objectifs ; a tué plusieurs Allemands, incendié des abris occupés, est ensuite rentrée au complet dans un ordre parfait.



ORDRE N°19 DU 6ème GROUPE DE CHASSEURS DU 2 JANVIER 1918

La compagnie de mitrailleuses du 30ème bataillon de Chasseurs, sous les ordres du capitaine DOLIGEZ, chef aussi remarquable par sa bravoure et son énergie que par son expérience professionnelle, a contribué au succès du 30 décembre 1917. A, le lendemain, abattu un premier avion ennemi et atteint un deuxième qui, après une chute en feuille morte de 200 mètres, a regagné péniblement ses lignes.



ORDRE DU 6ème GROUPE DE CHASSEURS N° 35, DU 7 AOUT 1918

Les brancardiers du 30ème bataillon :
Depuis le début de la campagne, ont montré dans de nombreux et durs combats un dévouement et un mépris du danger admirables : dans les attaques du 18 au 24 juillet 1918, ont fait des prodiges pour assurer l'évacuation de nombreux blessés, ont réussi malgré de grandes difficultés et des dangers constants.



AU COURS DE LA GUERRE 1914 - 1918,
41 Officiers, dont 2 Chefs de Corps,
73 Sous-Officiers,
986 Caporaux et Chasseurs

du
30ème Bataillon de Chasseurs Alpins sont tombés héroïquement pour sauver le Patrimoine sacré de notre Pays.

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