bonsoir à tous,
Philippe le 19° à l'époque était un bataillon de chasseurs à pied puis portés.
Le 31 août 1944, cinq jours après la libération de Paris, le général JUIN décide la
création d'un bataillon de chasseurs.
A Plobsheim enfin, les spécialistes de la garde au Rhin succèdent au 2ème B.C.P. La
vie s’organise. Les permissionnaires roulent tranquillement vers la France
intérieure ; des rencontres sportives départagent les unités rivales ; sur la grande
pelouse au soleil, les fourriers changent contre du neuf les pantalons
endommagés. Rien n’est plus démoralisant que ce guet perpétuel dans les
marais du fleuve. L’ennui et l’imprudence y causent mainte et mainte pertes,
jusqu’au jour sans éclat où la mission prend fin parce que la 9ème D.I.C.
remontant la rive droite, vient de dépasser Kehl.
Le 16 avril, dès l’aube, comme Strasbourg en liesse prépare la réception du général
DE LATTRE, le 1er corps d’armée se rue en terre allemande. Pour la 1ère fois, les
chasseurs vont goûter l’ivresse de la conquête.
Quittant Plobsheim dans la nuit, le bataillon gagne le Rhin, face à Kehl. Canots
pneumatiques et radeaux transbordent le personnel sur la rive badoise, mais les
camions sont obligés de faire un détour par le pont de Seltz.
Sans perdre une minute, à son débarquement, le 19ème renforce le groupement
tactique du colonel LANDOUZY. Dans le cadre de la 9ème D.I.C., il marche sur la
Forêt noire dont les Allemands prétendent nous interdire l’accès. Le 17 avril, une
étape nocturne lui permet de tourner les défenses d’Oberkirch. Planté sur la
grand’route qui mène à Freudenstadt, le réduit d’Oberkirch tient toute la matinée.
Complètement encerclé (21ème R.I.C. au nord, 1er R.S.A.R. et 19ème B.C.P. au sud),
il finit par céder à la furie française. Mais cette journée glorieuse est lourde en
sacrifices. Nussbach, Maisenbuhl, Lautenbach ont vu tomber plus d’un héros.
Le 19 avril rejoignant les camions, les chasseurs abandonnent la 9ème D.I.C. pour
reprendre leur place en tête du 1er corps. La partie va se jouer dans le sud de
l’Allemagne. Par Freudenstadt et Constance, le groupement LEBEL, qui réunit
toujours les deux inséparables : 1er R.S.A.R. et 19ème B.C.P, doit couper la
retraite aux divisions S.S. de Forêt noire méridionale. La vitesse garantit le succès
de la manoeuvre. Le 20 avril, de Freudenstadt, tremplin d’armée en position
centrale, démarre une course effrénée.
Le Danube traversé à Donaueschingen, malgré les efforts de la garnison, la
frontière suisse atteinte au prix de durs combats sont les prodromes de la victoire.
La peine des hommes est grande. Escarmouches incessantes, coups de main le long
de la route sonnent le glas du Volksturm. Mais la Wehrmacht oppose une résistance
farouche dans les montagnes de l’Eichberg. Les derniers kilomètres ne cèdent
qu’aux bombardements d’artillerie. Behla et Zollhaus, conquêtes du bataillon,
ferment la poche de Forêt noire.
Les prisonniers augmentent de jour en jour. Des autocars bourrés d’Allemands
suivent les camions du 19ème. Ni le butin ni les premiers triomphes ne ralentissent
pourtant la chevauchée Lebel. Maintenant face à l’ouest un rideau défensif, le
colonel bifurque vers Constance. Singen, bataille dans les bois, Radolfzell, dont
l’école des cadres S.S. tente désespérément d’interdire l’accès, Allensbach, où
tombera le dernier mort de la campagne, rien ne retarde le « Blitz » français. Et le
26 avril à 15 heures, chasseurs et cavaliers, fraternellement unis, font leur entrée
dans Constance.
Ville-hôpital, celle-ci n’a pas connu la guerre. Dans le cadre enchanteur de son lac,
les croix rouges des toits, les drapeaux blancs et les bannières du Pape arborées aux
fenêtres transforment la cité en oasis de paix. L’enthousiasme des vainqueurs
déferle. Où sont les jours moroses de l’Ecole militaire ? Une poursuite héroïque du
Rhin jusqu’au Danube, l’apothéose du lac les ont bien effacés.
Tandis que les camions prêtés au 19ème roulent vers d’autres missions, le
groupement Lebel nettoie les rives du Bodensee. L’île de Reichenau, qui nous
acclame, Uberlingen, Friedrichshafen reçoivent notre visite. Les chasseurs
récupèrent l’armement des civils pendant que des marins confisquent les horsbords.
Un détachement spécial, cantonné à Stokach, assure la liaison vers le nord
avec la 5ème D.B. notre voisine.
En Autriche, la guerre continue. Bataillon réservé, le 19ème s’attend à gagner le
Tyrol. Les chasseurs fatigués n’en apprécient que mieux la douceur du repos.
Brisant parfois les jours monotones, quelques prises d’armes annoncent déjà la
victoire. Revue du général BETHOUART, adieux du chef de corps, remise de la
fourragère préludent au défilé du 11 mai devant le général DE LATTRE.
En avant toujours ! L’ennemi capitule mais le vainqueur ne se tient pas tranquille.
Ludwigshafen sur le lac, Saint-Anton en Autriche accueillent tour à tour nos
chasseurs vagabonds. Soutien porté du groupement LEBEL, à la disposition de la
5ème D.B., puis bataillon alpin de la 4ème D.M.M, le 19ème cherche sa voie.
Ce pendant les récompenses affluent. Le drapeau des chasseurs, confié au
lieutenant RABET, exhausse le bataillon au rang des plus glorieux. La nouvelle
citation à l’ordre du corps d’armée, enrichit le fanion d’une croix de guerre
supplémentaire. Et le 14 juillet, dans les rues de Paris, déchaîne autour des hommes
de l’Ecole militaire l’apothéose des ovations.
Que sera l’avenir ? Dès le mois de juillet, le 19ème s’installe autour de Biberach.
Pour remplacer à la 5ème D.B. le régiment de marche de la Légion Etrangère, le
général SCHLESSER appelle le bataillon. Du matériel moderne débarque sans
attendre. Camions, voitures légères, autochenilles sillonnent bientôt les routes de
Wurtemberg. Mécaniciens et voltigeurs percent vite les secrets de la construction
américaine. Le temps n’est plus où les chasseurs « portés » quémandaient un
wagon à la S.N.C.F. L’infanterie blindée entre dans le domaine des réalisations.
Si la technique progresse, l’histoire ne se renouvelle guère. Bons artisans de la
victoire, en 1945 comme en 1918, les chasseurs de Grivesnes retrouvent l’armée du
Rhin. Warthausen près de Biberach, Bergzabern au nord de Wissembourg,
Dudweiler en Sarre, Landau ouvrent leurs portes aux diables bleus. A toutes les
pierres s’attache un souvenir. Quartier Verdun de Dudweiler, camp de Gaulle, où
reprend l’instruction, Fort-Caserne de Landau, jadis le « Fort-Gérard », qui abrite
maintenant la 2ème compagnie, rives de la Queich qui virent la première étape en
béret, Germersheim, ancien domaine, théâtre des exploits de la 2ème D.I.M, le
19ème est bien chez lui dans la zone nord d’occupation.
Historique du 19e BCP pages 50 à 53
http://tableaudhonneur.free.fr/19BCP_V2.pdfcordialement
Marc