Bien, il faut se présenter, alors présentons nous, avec plaisir.
Je dois dire déjà que je suis peu familiarisé avec le forum, alors je me perds souvent, j'ai bien mis cinq minutes pour trouver le bureau de recrutement, mais bon, j'y suis enfin, mieux vaut tard que jamais.
Je ne sais trop quel est le degré de présentation, d'autant que j'ai des sites qui me servent de CV, on verra, commençons par le début : l'armée:
Dès le début j'ai eu quelques problèmes avec l'armée, oh, pas d'indiscipline, non, mais vous allez comprendre, sans doute que je n'étais pas fait pour elle ?
Tout a commencé approximativement à mes 19 ans, c'est-à-dire vers 1975. Je suis allé faire une PMP de 15 jours, dont la moitié à Vincennes, puis sauter à Orléans. J'ai donc fait un saut avec le Transal, car il y avait trop de vent. Et à la seconde convocation pour les autres sauts, je ne suis pas venu, car ma fois, j'avais autre chose à faire, je travaillais. Donc ma PMP ne fut pas validée, mais l'armée me paya mon premier saut en parachute, et j'en garde un bon souvenir.
Après, quelque mois passant, au printemps 1976 je suis allé d'un pas ferme à la gendarmerie, j'ai regardé le gendarme droit dans les yeux, et je lui ai dit : "Je veux m'engager à la Légion" ! L'homme a répété avec une espèce de respect dans la voie : "A la Légion"... "oui, à la Légion". Ne bougez pas m'a dit le gendarme, qui a téléphoné à la Légion. Et une heure plus tard, un adjudant-chef, un vieux de la vieille, parlant un français qui obligeait à tendre l'oreille, est venu me ramasser en deux-chevaux commerciale. Au fort de Nogent, je fus dépouillé de tout, de nom, de nationalité, de date de naissance, et même de mes habits. N'allez pas imaginer qu'ils nous laissèrent tout nus comme des vers, non, on nous remis des survêtements et d'autres effets, dont le pantalon tenait si mal, qu'il occupait une main à temps plein en guise de bretelles. Nous avions l'air de SDF coupés de frais (les cheveux seulement). On s'ennuya quelque jour, puis ce fut le train de nuit avec le voyage vers Aubagne (en un seul mot), le premier Etranger. Engagez-vous, vous verrez du pays, qu'ils avaient dit ! A Aubagne on se retrouva derrière un grillage, dans des locaux spéciaux, prévu à notre attention. On vit Camerone derrière les grillages d'ailleurs. Et puis, loti d'effet militaires un peu trop grands, direction Marseille, le bateau, classe pont arrière, même pas abrité, et nous voila parti vers Ajaccio. Mais le lendemain à l'arrivée au 2eREI (régiment d'instruction à cette époque), tout change. Ça gueule, ça vitupère, les caporaux nous distribuent sans retenue, coups de poings et coups de pieds entre deux insultes. Ah ben, c'est charmant la Légion, pensais-je... Bof, je fis donc mes classes jusqu'au Képi blanc (je vous passe le reste, afin d'arriver un jour au 30eGCM).
La nuit surtout, il y avait pas mal de désertions (surtout des étrangers, des vrais), d'autres se tiraient une balle dans la tête en montant la garde. Eh oui, depuis les récents attentats, on montait la garde avec les munitions, chargeur engagé dans nos vieux fusil "FSA". Enfin un boulot de légionnaire !
Et puis lors d'un exercice, peu après, je me retrouve avec un super genou bien gonflé, je me porte donc consultant devant le médecin Commandant. C'étai à la citadelle à Corté. Moi, paisible comme tout, j'attends avec d'autres légionnaires, appuyé contre un muré. Quand tout à coup, un gendarme passe sur l'autre trottoir. Et ne voila pas que certain légionnaire se mettent en furie, ils traitent le gendarme de tous les noms d'oiseaux, connus et inconnus dans la galaxie, puis lui courent après pour lui faire sa fête. Mais les gendarmes sont entraînés à force de se faire courir après par les légionnaires, il réussit à s'échapper, n'y perdant que son képi. J'étais encore tout étonné : Ah bon, c'est comme ça à la Légion, charmante coutume ma foi. Le médecin me fait passer une radio, et on voit dans mon genou un petit éclat, sans qu'on sache ce que c'est (silex, éclat métallique) ? Je l'ai toujours. La fièvre me gagne, je reste trois jours à l'infirmerie, avec le traitement médical de base : aspirine, vitamine C et pénicilline en piqûre (ça, ça fait mal). Une fois rétablit, le médecin Commandant me demande entre autre si ça me plait. Bof, lui dis-je, je ne m'attendais pas à ça : j'épluche les patates, je fais des tranchées, j'astique les gravillons à la brosse à dent dans les allées, je vais recherche mes affaires en pleine nuit dans l'eau... Au Commandant de me demander : "Tu veux que je propose une demande de rupture de contrat, tu es encore dans la période où c'est possible"...
Deux, trois jours plus tard, depuis Bastia je reprenais le bateau pour le 1erRE à Aubagne. En cours de trajet, je m'en souviens, tout à coup, un groupe de Corses nous envoie toutes les insultes connues sur l'île, nous qualifiant en sus de colonialistes, d'impérialistes et de fascistes... Et puis ils se mettent à nous envoyer des bouteilles vides en verre. Personne n'en reçoit, mais certains anciens sortent du camion, poignard en main. Le sergent, à l'avant, se précipite pour faire remonter tout le monde. Quant aux Corses, ils sont déjà à l'autre bout de l'île. Maintenant, quand on me demande d'aller en vacances en Corse, je dis "non merci, je connais"...
A Aubagne, après quelques jours, je suis lâché, rupture de contrat à ma demande. Là je pense que je ne suis pas fait pour faire carrière dans l'armée, enfin, que l'armée est mal adaptée à ma petite personne (restons modestes)... J'ai un billet de train pour Paris, je le modifie un peu pour marquer Londres (on est ou pas légionnaire, non ?). Le contrôleur voit le rajout, il me colle une amende en me disant que je ne vais pas faire le tour de la terre avec le même billet... Bref, je bosse un peu à Londres, puis je reviens sur Paris.
J'ai 20 ans, eh oui, mon service, je dois y penser, je ne suis pas inapte, et en plus je veux le faire le service. Pour moi, un homme doit faire son service. Je me rends de ce pas à la caserne de Reuilly-Diderot, pour m'entendre dire que je suis recherché comme insoumis ! J'étais à l'armée, et je suis insoumis, c'est fort ça ! J'explique mon cas "j'étais à la Légion mon Lieutenant". Il vérifie, se rassérène, et me donne un ordre de mission pour le surlendemain, direction le 30eGCM à Lunéville.
Et me voila qui arrive un beau matin du 15 septembre 1976, avec les beignets que... On lit ce qu'a indiqué Reuilly-Diderot, on vérifie : A vous venez de la Légion, alors vous avez fait vos classes ? Allez, en compagnie directement. Je me retrouve dans la CCAS comme secrétaire.
Au début j'ai l'impression d'être dans un bordel, rien que quand je vois les armoires, la façon dont elles sont rangées, je n'en reviens pas. Ben oui, à la Légion c'était plus strict. Au début je me mets au garde-à-vous devant les caporaux, qui n'en reviennent pas de tant d'honneur. Et puis rapidement, une nuée d'engagés, caporaux, caporaux-chefs et sergent me tombent sur le dos : "Alors c'était comment la légion"... Et en fait, je vais surtout être avec eux, sortir en ville avec eux, car ils se rapprochent davantage de ma conception militaire que les appelés. Les premiers jours j'ai l'impression d'être dans une colonie de vacances. Et puis je m'y habitue. Au bout de six mois, je passe mon permis voiture et moto, et là je dis un grand merci à l'armée. Je me retrouve chauffeur d'un commandant, en Jeep ou Méhari. Puis vers la fin, ils me collent sur la moto, une poussive Honda CB 250, car il se trouve qu'on est très peu à avoir le permis moto militaire. Je me souviens aussi des petites améliorations d'écriture du livret de bord, qui me permettait d'aller draguer la minette dans Lunéville, en moto ou en Méhari, tout frais payés, une petite compensation sur notre ridicule solde...
Il y eut quand même quelque chose d'assez peu commun, en effet, une nuit des malfrats ligotèrent les armuriers et s'emparèrent d'armes, ça doit leur dire quelque chose à ceux de 76/77 ?
La seule chose que je n'aimais pas, c'était ce froid glacial en hiver, où on descendait à -12, voire -17, les doigts collaient sur le métal des PM...
Vous savez à peu près tout de mes aventures militaires. En fait, je me suis tapé 16 mois et demi d'armée dans la pratique en 1976/77. J'ai voulu ensuite m'engager auprès du 30eGC, mais déjà à cette époque là, et depuis la démobilisation de la guerre d'Algérie, il n'y avait pas de place...
Je me souviens de quelques noms, très peu (sous réserve d'orthographe) : Lcl Duval, Cne Tulet, Sgt Claude (pdl), Cch De abreu (adl), Cch Menzoni (adl), chasseur "Ruize" (adl), Ach Viala...
Voici ma carte avec sa photo (je ne sais pas si on la met ici), il y a une erreur sur ma carte, la voyez-vous (l'erreur, pas la carte) ?
Sinon, désormais, après une carrière (terminée) à la conduite des trains à la RATP (au métro de Paris), je suis désormais romancier et auteur de logiciels) Montmartre (à côté de Paris), ici à cet hyperlien vous trouverez tout (mon CV complet, mes romans et logiciels), dont un romans sur la Légion en partie (Le Serpent) :
http://irolog.free.fr/joe/index.htmJ'espère ne pas avoir été trop court.
En tout cas, ce sera un réel plaisir d'entrer en contact avec des gens que j'ai connus.
Amicalement.
Joseph (Attila) PUSZTAY