Bonjour à tous
Voici un article parue dans le journal « LA REPUBLIQUE DU CENTRE » en 1962, intitulé :
Quelques instants avec le caporal André VIOLETTE, clairon de l’Armistice « Dis donc, Violette, vas-y, c’est fini…Mais qu’est que tu fais, vas-y… »
Ces quelques mots toujours présents à la mémoire de caporal André VIOLETTE, ancien chasseur au 4e bataillon, furent prononcés le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, par le lieutenant JOLAIN, à Theilt, en Belgique.
Cet Ordre, adressé au caporal VIOLETTE, devait annoncer la fin de la Grande Guerre. Et au même instant où le caporal SELLIER sonnait l’Armistice sur le front Français, un petit caporal de Briare (Loiret) accomplissait le même geste en territoire ami.
Lors des manifestations du jumelage de Jemappes avec Briare, le
« cessez-le-feu » du caporal VIOLETTE a été, à plusieurs reprises évoqué. M. DERUELLES, sénateur –Bourgmestre, a d’ailleurs regretté que la modestie de ce héros légendaire ne lui a pas permis d’être présent au pied du monument lors des manifestations du 11 novembre.
Nous avons retrouvé le caporal VIOLETTE dans le petit pavillon qu’il habite avec sa femme, route de Paris, à Briare. Au milieu de ses souvenirs, le caporal de l’Armistice profite aujourd’hui d’une retraite bien gagnée puisqu’au retour de la guerre, il travailla jusqu’à ces dernières années à la manufacture Bapterosses où il a laissé de très bon amis.
Dans la salle à manger du modeste appartement, à la place d’honneur, nous retrouvons le fanion du 4e bataillon de Chasseurs à pied et naturellement un clairon brillant de tout son cuivre.
Très gêné, M. VIOLETTE accepte cependant de nous raconter cette journée du 11 novembre 1918 :
« Notre bataillon était alors incorporé au 35e corps d’armée commandé par le général MANGIN. Nous étions devenus par le hasard des astuces du contre-espionnage le bataillon d’une Division marocaine…
Depuis quelques jours, nous avions passé la frontière pour nous diriger vers l’Escaut. Arrivé là, notre bataillon fut contraint de demeurer sur place, car il était pratiquement impossible de traverser ce Fleuve large en cet endroit…
« Notre bataillon, nous subissions de lourdes pertes sans pouvoir espérer changer de position. Pas de tranchées, bien entendu, car chez les Chasseurs il fallait toujours progresser.
« Le 9 novembre, alors que nous étions à Gavèle, nous reçûmes l’ordre de descendre au repos à Thielt, cependant que les régiments belges prenaient la relève. Mais ce repos n’était que très relatif puisque nous demeurions en première réserve, prêt à remonter en ligne. Ceci ne nous réjouissait d’ailleurs pas car nous avions besoin d’un peu de calme.
« Aussi le 11 novembre 1918, étions-nous en état d’alerte. Sur la place de Thielt, notre bataillon attendait, cependant que les faisceaux étaient formés.
« Certes, on parlait d’un armistice possible. Nous avions ordre de ne pas tirer si des parlementaires se présentaient… Mais après quatre années de guerre je ne croyais plus beaucoup au miracle.
« Et puis à 11 heure, j’ai vu arriver le Lieutenant JOLAIN… Vous connaissez la suite. J’ai sonné comme jamais je n’avais sonné. Ce fut d’abord le grand silence et puis la joie indescriptible des camarades et de la population belges qui ne pouvaient maintenir leur enthousiasme.
« Quelques instant plus tard, notre commandant est arrivé, a fait rompre les faisceaux avant de dire. « Chasseurs, mes amis, la guerre est finie. » Et s’adressant à nos officiers : « faites présenter les armes pour tous nos camarades qui sont tombés pour nous permettre de vivre ce beau jour. »
Le caporal André VIOLETTE se souvient également de l’après-midi de ce 11 novembre 1918 et du véritable délire qui suivit l’annonce de l’armistice. Ce jour-là, héros, anonymes parmi tant d’autres héros, ce petit soldat de chez nous venait d’annoncer à nos amis belges la fin d’un cauchemar.
Et ce souvenir-là reste le plus beau que puisse connaître un poilu de la Grande Guerre.
A suivre : Une petite fille sous la mitraille…
Michel Chntriaux