Exposé sommaire de libération de Metz, par la 1ere demi-brigade
(8e, 16e et 30e Bataillons de Chasseurs à Pied)
Une décision du Conseil Municipal du 12 décembre 1944 institue le principe de la Médaille de Metz.
Le premier exemplaire sera épinglé sur l’étendard du XXe Corps américain.
Le règlement du 31 décembre 1945, indique que cette médaille sera attribuée aux combattants français ou américains ayant participé aux opérations de Metz entre le 1er septembre et le 22 novembre 1944.
Le 11 novembre 1944 naissait la 1ere demi-brigade de Chasseurs aux ordres du Colonel POCHARD. Elle était composée par le 8e BCP recréé par ce même colonel, à l’école militaire, avec pour noyau, le groupe SIDI-BRAHIM résistance, et des FFI parisiens et d’Ile-de-France. Il débarquait en octobre près de Verdun.
Les 16e et 30e BCP en pleine reconstruction, alimentés par des FFI meusien et mosellans. Le 30e recevait le 12 novembre, le renfort de 12 officiers et 120 chasseurs venant de Limoges, ayant appartenu à l’Armée d’Armistice (8e BCP) et passés en résistance dans l’O.R.A.
Cette demi-brigade était renforcée par quatre escadrons de garde-mobiles motorisés, et mis à la disposition du XXe CA US, commandé par le Général WALKER, après accord du Général PATTON, commandant la IIIe Armée US
Le 14 novembre, le P.C. du colonel POCHARD rejoignait celui du XXe Corps à Conflans-Jarnis.
Le 16, les ordres du Général WALKER étaient les suivants :
Le 30e BCP se porterait à Vionville et appuierait la 90e DI US sur Metz par le Nord ;
Le 8e BCP Transporté à Vionville se porterait sur Gravelotte et appuierait la 95e DI US sur Metz par l’ouest.
Le 16e BCP devait franchir la Moselle dans la région de Pagny-sur -Moselle et appuierait la 5e DI US sur Metz par le Sud.
Chaque Bataillon était renforcé par un escadron de garde-mobiles.
Le 16 novembre, la 3e Cie du 8e est au contact des premières lignes ainsi que la 1re Cie.
Le 18, tout le Bataillon était concentré dans la région et effectuait une série de patrouilles de reconnaissance et de nettoyage. En ramenant une trentaine de prisonniers, En revenant, un Chasseur, sauta sur une mine. Premier mort du 8e BCP.
Le 19, des éléments légers du 16e BCP et 7 gardes pénétraient dans Metz, avec des éléments de pointe américains. A 12h 30, ils occupaient le Palais du Gouverneur. A 14h00, ils déployaient un pavillon tricolore sur le Palais. A 16h 00 le gros du Bataillon arrivait. Dans le secteur de Gravelotte, au grand désespoir du colonel POCHARD, le 8e était bloqué dans le ravin boisé de Saint-Hubert, solidement tenu par l’ennemi.
Les routes entre Conflans et Metz étaient interdites par les forts qui résistaient. Cependant, le 22 novembre, tôt le matin, une file de GMC embarquait des chasseurs du 8e. Moteur à pleine puissance, après chaque salve d’artillerie, le premier de la file bondissait et c’est ainsi que nous entrions dans Metz par Frescaty.
A 9h 30, 300 chasseurs des trois Bataillons étaient rassemblés sur la place d’Armes, au côté de 300 fantassins américains : il pleuvait à verse. A 10h 00 ; la musique américaine exécutait les hymnes nationaux. Le Général WALKER remettait la ville de Metz au Préfet REBOURSET, au Général DODY qui était nommé Gouverneur et au maire, M.HOCQUART, Monseigneur HEINTZ, évêque de Metz en 1940. Cérémonie brève et émouvante dans sa simplicité. Des lorraines, en costumes local, et la foule clamaient leur joie
Défilé en ville, américain derrière, leur musique, puis les Chasseurs précédés du clic du 8e, devant une population enthousiaste où souvent les larmes coulaient. Durant cette cérémonie, des combats continuaient dans certains quartiers, la fusillade crépitait, les obus passaient en sifflant ou éclataient. En différents endroits, des chars d’assaut veillaient.
Dès le soir du 22 novembre, des sections d’éclaireurs étaient constituées dans les trois bataillons et à la 1re demi-brigade. Elles étaient en contact avec les premières lignes américaines, et les devançaient parfois, surtout à partir du 1er décembre. Elles agirent à Carling et à l’hôpital, c’est de ce pays que pour la première fois de ce conflit une patrouille pénétrait en Allemagne. Le 5 décembre, le groupe franc du 16e entrait à Merlebach dix huit heures avant les américains.
Des éléments précédaient les GI-US en direction de Forbach, non sans pertes. Ainsi les installations minières furent préservées.
Des éléments du 30e BCP nettoyaient les forts jusqu’au 10 décembre environ. Peu de choses accomplies, certes, mais beaucoup, si l’on considère que les jeunes engagés volontaires, mal équipés, mal armés, avaient pour la plupart entre un et trois mois de services !
Comme l’a si bien dit le Général DENIS, âme de la résistance messine « vous avez fait ce que vous avez pu, avec ce que vous aviez, mais il fallait qu’il eût des troupes françaises ».
Récit de P.GUILLIEU, Président de l’amicale « Anciens du 8e BCP Bataillon de Sidi-Brahim » vu dans la revue du " SOUVENIR FRANCAIS "
Michel Chantriaux
Le 8e toujours debout.