BATAILLONS DE CHASSEURS

Et des anciens DIABLES BLEUS du 30°BCA, 30°BCP, 30°GC
 
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 Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)

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MessageSujet: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMar 11 Mar 2008 - 20:37

Bonsoir à tous,
Ayant été autorisé en privé par un membre d’un forum voisin (merci Jean !) à vous en faire profiter également, je vous livre ci-dessous le début d’un "fil" prometteur.

Bien sincèrement,
Eric Mansuy

Bonjour à toutes et à tous
Je viens de découvrir un carnet écrit par un chasseur du 1er B.C.P. Il s'agit du sergent BERGERE Albert, de la 2e Cie.
Ce carnet a été écrit après blessure à l'hôpital temporaire n° 2 à FOIX, ancienne école normale de garçons (Ariège). Ce carnet couvre la période du 27 juillet 1914 au mardi 15 septembre 1915.
L'auteur de ces quelques pages est disparu le 25 septembre 1915 pendant la bataille d'Artois.


"1er Bataillon de Chasseurs à pied, 2e Compagnie
21e Corps d'Armée – 43e Division – 86e Brigade

Episodes de la Campagne de 1914
Recopié à l'hôpital temporaire n° 2 de Foix (Ariège)


Nous étions le 27 juillet 1914, après avoir accompli nos marches des Vosges (220 kms en 5 jours), le capitaine m'accorda une permission de 15 jours pour aller voir ma Famille, je devais partir à 13 h 52, il était 9 heures du matin. A 11 h, heure ou paraît la décision du commandant, les permissions sont suspendues jusqu'à nouvel ordre…
A ce moment un bruit de guerre couvait dans toute l'Europe et chaque nation prenait ses précautions.
A 5 h du soir la caserne "commandant BUREAU" ce nom venait d'être donné à notre quartier. C'était le nom du commandant du 1er Bataillon de Chasseurs à pied pendant la guerre de 1870, il fut tué au combat, était consignée.
Ce fut ainsi les 29 et 30 juillet.
Le 30, les nouvelles étaient très mauvaises. Le 31 juillet, 3 heures le clairon sonne le refrain du Bataillon,c'est la mobilisation. A 4 h du matin, il faut que tout troupier soit prêt à partir.
A midi, les nouvelles sont rassurantes et nous attendons de nouvelles dépêches ; elles arrivent à 14 h, rien de nouveau. On reçoit l'ordre de se déséquiper, car l'équipement pèse lourd (120 cartouches et deux jours de vivres), l'on emmène les hommes sur le terrain de manœuvres, jouer aux barres. Ils ne sont guère partisans de la partie… Ils attendent les nouvelles qui les tracasse.
A 16 h la fanfare donne un concert dans la cour du quartier, ce qui égaie un peu les esprits irrités et chagrinés de ces bruits de guerre ; à 18 h 30 repas et, pendant ce repas on nous annonce qu'il faut partir ; l'on termine les ballots de section qui sont bien vite faits, car tout le monde a du cœur et cette fois c'est le grand coup, "il faut que l'on parte" que tous disent et réclament.
20 h, le capitaine MOREAU de la 3e compagnie rassemble les Officiers et Sous-Officiers des 2e et 3e cies, et leur lit les ordres du Commandant TABOUIS : position de combat, conduite à tenir en cas d'attaque ; l'on redoute les incursions de cavalerie Allemande qui gênerait notre mobilisation. Nous, nous sommes désignés en couverture, l'Adjudant DUPUIS étant partis avec la 11e escouade former un poste avancé au moulin de la Rochère sur la route qui mène à la frontière distante seulement de 5 kms de nos casernements (col du Hantz).
Les ordres lus et compris à 21 h, nous partons direction la Petite Raon, village de 1200 habitants, situé à l'est de Senones et sur la route de la frontière.
21 h 30, arrivée au village, les réservistes appelés rejoignent leur corps, les femmes et les enfants pleurent, c'est triste, mais les hommes sont calmes et ils sont fiers de partir, ils chantent à tue tête.
Nous devons garder les issues du village ; des postes sont établis à chaque sortie. Nous nous reposons guère car il nous faut aller reconnaître les réservistes qui parlent dans la nuit, c'est un remue ménage complet. […]"

Voilà , c'est tout pour l'instant, en vous souhaitant bonne lecture de cette première partie. Je n’ai rien changé au texte. J'essaierai d'en passer un peu chaque jour.
Cordialement.
Jean
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMer 12 Mar 2008 - 15:31

Bonjour à tous,
Voici la suite.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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1er Aout, rien de nouveau ; l'on reconnaît les positions de la section qui est la 4e ; à 10 h cinq réservistes allemands se rendent. L'on s'attendait à une attaque. 19 h l'on fait des tranchées puis l'on couche dedans en attendant l'ennemi. 20 h les cloches du village sonnent la mobilisation générale, moment de joie parmi les Chasseurs qui croient que l'on va partir à la frontière. 21 h nous sommes toujours dans les tranchées, les réservistes arrivent, on a du mal à se faire entendre pour les affecter à leur escouade ; ils sont très éméchés et ne veulent pas se coucher, on y arrive quand même, nous couchons à la belle étoile…

Dimanche 2 Aout, réveil habituel, nous apprenons que 68 Uhlans se rendent au 10e Bataillon de Chasseurs qui se trouve au Ban De Sapt.
L'assassinat de Jaurès par un individu originaire de Reims, quelques nouvelles non officielles, Berlin en révolution. Après la demande de la France, l'Allemagne nous céderait l'Alsace-Lorraine sans un coup de feu. La joie règne dans les rangs et nous sommes impatients de partir se mesurer à l'ennemi. Jusqu'à 14 h rien d'anormal et tout le monde attend les ordres. 17 h se tenir prêt à partir, rien de nouveau jusqu'à 21 h on se couche.

Lundi 3 Aout : Alerte à 24 h, nous partons dans la nuit prendre nos positions de combat côte 531 au S.O. de Senones, les allemands ont traversé la rivière et se dirigent vers Laveline. Le général de Brigade a l'intention d'aller au devant d'eux et de les attaquer. Nous sommes en 2e ligne, sont en 1ère ligne les 3e et 10e Bataillons de Chasseurs à Pied.
12 h, fausse alerte, ce n'était qu'un faux bruit ; nous repartons prendre la même place que nous occupions la veille à La Petite Raon.
Nous traversons Senones dans le calme et la tristesse de la population qui nous regarde passer ; nous commençons à être fatigués et puis la chaleur nous accable, les réservistes restent en arrière car ils ne sont pas entraînés.
Je fais 10 kms avec deux sacs sur le dos, nous arrivons à la Petite Raon à 14 h ; on se change et l'on se nettoie.
A 20 h tous les feux de cuisine doivent être éteints, je suis sergent de jour.

Mardi 4 Aout 1914 : nous sommes réveillés à 2 h et nous attendons ; à 8 h on apprend que des Uhlans qui avaient traversé la frontière près de Blamond, ont été mis en déroute et leur officier tué.
Jusqu'à 17 h on apprend que la déclaration de guerre est officielle et l'on est toujours prêt à partir.

Mercredi 5 Aout : tranquilité complète, sauf une escarmouche qui a eu lieu au col de Hantz ; un sous lieutenant de Chasseur à Cheval qui commandait une patrouille est blessé, un de ses cavaliers désarçonné dans la fuite rentre à pied, son cheval 3 h après.

Jeudi 6 Aout : on apprend que l'ennemi est au col du Hantz, et que peut-être avant la nuit l'engagement aura lieu.
Nous avons devant nous le 7e Corps d'Armée de Munster .
17 h, on apprend qu'une patrouille de la 3e Cie commandée par le Lieutenant LASNIER a accroché l'ennemi ; 4 prussiens sont tués, aucun chez nous n'a été atteint ; on entend quelques coups de feu en avant.

Voilà pour aujourd'hui, je précise que je n'ai pas vérifié les noms des lieux dits, l'orthographe de certains lieux dits peut être erronée, ne pas hésiter à me le faire savoir, ces carnets ont été écrits postérieurement aux faits (à partir du 17 septembre 14, à l'hôpital de Foix).
Cordialement. Jean
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 13 Mar 2008 - 20:40

Bonsoir à tous,
La suite...

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"Vendredi 7 Aout : rien de particulier ; 13 h la 4é section part remplacer la 3é qui tient le petit poste au moulin de la Rochère.
Je suis désigné comme chef d'un petit poste à la Bugeaud et, détaché au Chacheux à l'embranchement des routes qui vont à Belval. A peine installé, un chasseur à cheval arrive au grand galop et nous prévient qu'une colonne de cavalerie et d'artillerie ennemie s'avance sur nous.
Nous partons prendre nos dispositions pour les arrêter, 30 minutes se passent, le chasseur à cheval revient et nous prévient que c'est faux ; ce bruit avait été lancé par le Maire de Belval ; il est aussitôt arrêté et emprisonné pour avoir lancé de faux bruits et ainsi provoqué le déplacement des troupes et interrompu leur repas.

Le samedi et dimanche 8 et 9 Aout : Assez tranquille, et bien soignés par Mme X.... du café des Chacheux, de qui je garde un bon souvenir d'elle en partant.....
A 13 h nous devons partir pour Frapelle à 28 kms, plus au Sud d'où nous sommes; nous arrivons à 11 h du soir, l'on touche les distributions de vivres et la cuisine se fait, à 1 h du matin tout le monde est couché.

Lundi 10 Aout: réveil à 6 h, l'on part faire des tranchées au Nord-Ouest du village pour défendre l'entrée. Jusqu'à 12 h rien de particulier, nous mangeons la soupe et départ à 13 h 30. Le 3é Bataillon qui se trouve en avant de nous, prend contact avec l'ennemi qui avance sur Provenchères.
Nous sommes en deuxième ligne et en position d'attente sur une côte et dans un bois de sapins au Nord de Frapelle. Pour la première fois, nous entendons les obus siffler à nos oreilles ; une batterie du 12é est placée à 200 m en arrière et tire par dessus nous; le télémétreur remarque à 4 kms avec ses jumelles un groupe de Uhlans qui s'avance sur Saales, ville allemende frontière; il les compte un par un, 21 qu'il compte et feu ! L'obus éclate au milieu d'eux; le capitaine content du pointeur lui donne 5 francs !!
Pendant ce temps, le 3é Bataillon se bat fortement jusqu'à 19 h , la fusillade est terrible ; elle s'arrête quelques instants pour reprendre de plus belle.
A 21 h, à ce moment je pars en patrouille pour retrouver la 1é demi-section de ma section qui a du s'égarer; je reviens avec elle à 22 h ;on entend les mitrailleuses qui crachent la mort jusqu'à minuit; ça se calme enfin il est temps, douze heures de combat pour la 1é fois !!
Nous passons la nuit en bivouac, et dès 7 h la fusillade reprend; toujours la même danse, l'artillerie est en mouvement, les allemands eux ne doivent pas en avoir car on ne les entend pas tirer; à 9 h çà se calme. Nous avançons sur Provenchères direction l'ennemi, il est 12 h , le 3é Bataillon fait sa soupe, nous leur demandons le résultat de la bataille : 7 tués dont un sergent et 20 blessés dont un capitaine et, les Prussiens repoussés. Nous passons à l'emplacement que l'ennemi occupait encore le matin; c'est triste il y a des traces de sang, des trous ou sont ensevelis les morts, c'est la guerre..
Nous arrivons à 19 h à Bestin* (*recherché sur carte , pas trouvé de nom correspondant peut-être le Beulay, sans certitude), petite bourgade à 2 kms de la frontière, la 4é section part s'installer en petit poste sur la route qui conduit à Saales; nous couchons sur la route au pied d'un tas de sacs et de fusils abandonnés par l'ennemi.
Je ne veux pas oublier l'aventure qui m'est arrivée, en arrivant par cette route qui est bordée de grands sapins, dans l'obscurité, j'aperçus ce tas de sacs et, croyant que c'était des cadavres entassés les uns sur les autres, je m'approchais et donnais un coup de pied, c'était raide; je me baisse pour toucher de la main, mais j'eus un mouvement de recul et un frisson me passa dans tout le corps; c'était un sac que je venais de toucher. Ils sont tous faits avec de la peau de chamois et moi je croyais avoir touché un cadavre !!
Remis de mes émotions, je partis me coucher deux pas plus loin."
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyDim 16 Mar 2008 - 17:33

Bonjour à tous,
La suite...

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"Vendredi 14 Aout : départ 5 h, ma compagnie est en pointe d’avant-garde de la 43e Division, direction Saint-Blaise ; on suit la ligne de chemin de fer, arrivé à 500 mètres devant le cimetière de cette ville, les Chasseurs à Cheval nous signalent l’ennemi dans la ville.
Le capitaine donne l’ordre d’avancer toujours et 200 mètres plus loin, nous étions toujours colonne par quatre, l’arme à la bretelle, une salve nous abattit sur la route et continue ainsi pendant plusieurs minutes interminables. Une balle vint taper dans ma gamelle, traversant mon sac et s’arrête dans mes biscuits ; une autre ne fit que traverser le pan de ma capote.
Beaucoup de camarades étaient comme moi ; j’entendais les uns crier, d’autres dire « je suis touché » ; il nous était impossible de lever la tête pour tirer un coup de fusil, chacun put se tirer de la mort en longeant un fossé rempli d’eau pendant 200 m ; la compagnie fut dispersée.
Pour la première fois que nous voyons le feu, ça pouvait compter !
Il était 6 h, la fusillade commença, les autres compagnies ayant pris leurs dispositions pour nous secourir, à 11 h le village était à nous après une charge à la baïonnette.
Des deux cotés le canon fonctionnait, à 12 h nos batteries furent immobilisées et impossible à nos artilleurs de pouvoir tirer, ils se retirent et laissent leurs pièces en batterie, pendant ce temps une batterie du 62e, bien dissimulée vint à leur secours ; malheur pour les Allemands qui en l’espace d’une heure durent abandonner à leur tour une bonne partie de leurs pièces.
La fusillade continuait toujours, nous étions ivres de poudre ; à 18 h l’on vit sur le toit d’une ferme s’agiter un drapeau blanc, puis deux, puis trois et, de toutes parts ils émergeaient ; la fusillade se calma, nous avançâmes, les Allemands commençaient par se rendre.
A 150 mètres de leurs tranchées deux mitrailleuses qui avaient agité le fanion blanc, se remettent en fonction et fauchent les hommes de la 6e compagnie qui se trouvaient devant eux.
A cette distance sans abri, ni couvert, il ne fallait pas rester là ; ces braves partirent à l’assaut, mais les brigands ne restèrent pas là, s’enfuirent, emportant leur matériel.
Ils avaient tué 10 hommes et blessé 15 autres.
Nous avançâmes jusque sur la crête, quel spectacle ! Sur notre chemin des tranchées pleines de munitions, d’armes, d’équipement et des blessés, il n’en manquait pas non plus.
Nous trouvons un sergent-major, deux capitaines, et une quantité de morts, tués par nos obus, ils sont déchiquetés. Dans une tranchée pleine de cartouches, les Allemands croyaient rester dans cette position une huitaine de jours, mais il n’y réussirent pas.
Nous couchons sur place ; toute la nuit un brouillard épais tombe sur nous. On entend les blessés demandant du secours et les mourants râler, personne ayant eu le temps de leur porter secours.

Samedi 15 Aout : Sans avoir trop dormi, le froid et la fraîcheur nous en empêchant, on nous annonce que la Cie a eu deux tués (Noël et Roze), 26 blessés. Le lieutenant Raton est mort lui aussi… Chez les Allemands, ils ont 600 tués.
Des patrouilles partent et reviennent de tous les côtés ; les uns avec des motocycles, d'autres 150 chevaux d'artillerie équipés et montés, 17 canons abandonnés par l'ennemi et le plus beau, le lieutenant LASNIER avec un réserviste de sa section rapportent le drapeau du 132e de Ligne Allemand !
Il est 8 h nous partons faire le café dans une ferme à 200 m de notre position. Il était bientôt terminé lorsque quelques balles viennent nous siffler aux oreilles ; rapidement je cours prévenir le capitaine qui m'envoie avec une patrouille à la recherche de ces individus.
Nous n'avons trouvé que des blessés qui n'avaient pas été relevés ; ça ne pouvait être qu'eux qui avaient tiré, en effet au moment ou l'on arrive sur un de ces derniers, il jette son fusil et on peut constater que sur les cinq cartouches de son chargeur deux avaient été tirées ; le misérable nous tendit son quart en nous disant « Bon Kamerad » ; justice lui fut faite ; pas de pitié pour ces brigands, trois autres subirent le sort de ce dernier.
Nous rentrons et l'on restera ainsi jusqu'à 15 h ou nous recevrons l'ordre de se porter à la côte 642 au Sud de Blancherupt.
La pluie se met à tomber, à 17 h nous essayons de faire la popote, mais la pluie tombe toujours ; l'on construit des abris avec des branches de sapins et de genêts ; la pluie traverse tout, l'on est mouillé de partout jusqu'aux os.
A 21 h nous nous dirigeons sur Blancherupt pour s'abriter plus sûrement, se faire sécher et se reposer un peu, mais trop fatigués, on s'endort n'importe où."
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMar 18 Mar 2008 - 10:05

Bonjour à tous,
La suite !

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"Dimanche 16 Aout : A 6 h nous sortons hors des maisons pour faire des grands feux pour se faire sécher.
A 9 h, en route, nous passons Fouday ; à la gare de cette ville, un Général de Division Allemand s'est suicidé la veille, se voyant prisonnier.
Nous arrivons à Rothau à 11 h 30, nous faisons la grande halte devant l'église, repos jusqu'à 14 h.
Pendant ce temps les téléphones sont démontés ainsi que la poste qui est gardée militairement ; les habitants sont heureux de voir des soldats Français ; à 14 h nous partons par La Claquette, Maison-Neuve, Vipucelle,Vorbruck ; nous arrivons à Schirmeck à 17 h, l'arme sur l'épaule, la population nous acclame.
Nous cantonnons dans cette ville à l'extrême Est après avoir fait des tranchées.

Lundi 17 Aout : Réveil à 5 h, tout le monde à la toilette, la cuisine est faite à 13 h ; repos obligatoire jusqu'à 17 h , ensuite couché à 20 h ; à minuit alerte ! Nous sommes à 25 kms du fort de Mutzig.

Mardi 18 Aout : 1 h 30 du matin en route, nous ne savons pas ou l'on va… On passe à Wackenbach, Grandfontaine, le Donon (altitude 1008 m) et tout cela sans pose, nous sommes fatigués et nous n'avons fait que 18 kms.
Nous continuons notre route tournant le Donon, à notre droite une maison forestière allemande qui vient d'être fouillée par des hommes du 21e Bataillons de Chasseurs ; et voici l'aventure qui est arrivée à un caporal de ce Bataillon.
Il venait de recevoir l'ordre de fouiller la maison avec son escouade ; en arrivant la patronne était devant la porte ; il lui demande qui était dans la maison ? Elle répond qu'il y a que son mari ; le caporal demande à rentrer, au même instant, il reçoit un coup de revolver dans la tête, tué net, le camarade qui le suivait, lui, est blessé. Le garde était caché derrière la porte, deux hommes s'en emparent et l'emmènent, les autres pénètrent dans la maison et trouvent six uhlans qui étaient en train de se restaurer, ils tentent de fuir, feu, deux sont tués et les quatre autres blessés.
Nous faisons le café sur les lieux de cet accrochage, il est 13 h ; après ¾ d'heure de pose, l'on repart pour Vallérysthal, à 16 h on fait la soupe. Nous venons de faire 45 kms sans manger, à 8 h après avoir pris chacun une botte de foin nous nous couchons dans un bois à 3 kms plus loin, à 22 h tout le monde dort écrasé de fatigue."
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptySam 22 Mar 2008 - 9:08

Bonjour à tous,
La suite, toujours aussi instructive.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"Mercredi 19 Aout : l'on se réveille de très bonne heure car il ne fait pas très chaud ; nous formons un petit poste à 2 kms en avant vers l'Est ; à 10 h plus de contact avec notre Bataillon, le capitaine se met à la disposition du 10e Bataillon en route pour Watersthal*, à ce moment la brigade coloniale formée des 5 et 6e Régiments est engagée ; la bataille semble être bonne pour nous.
A 18 h, les Allemands reculent et nous passons en première ligne. Le 71e Bataillon de Chasseurs à Pied (des réservistes) subit beaucoup de pertes.

Jeudi 20 Aout : Une heure après s'être restaurés à Troisfontaines, nous allons prendre position toujours à l'Est de ce village, sur les hauteurs qui l'entourent. A 8 h , les 3e, 4e et 5e Cies sont en ligne, le canon ennemi semble être fortement en action, en effet nous apercevons au loin nos batteries qui tirent mais elles sont criblées d'obus et, ne pouvant rester, changent une dizaine de fois de positions où aussitôt repérées elles sont bombardées. Elles ne peuvent plus tirer ; à ce moment, les canons allemands changent d'objectif et se mettent à nous bombarder, mais avec plus de bruit que d'effet.
Nous sommes en réserve et les obus éclatent pas bien loin de nous, notre commandant l'échappe belle, un obus vient d'éclater tuant un infirmier et blessant le médecin-major auxiliaire ; nous commençons alors à battre en retraite, il est 16 heures.
Nous nous replaçons trois kilomètres en arrière, les compagnies qui étaient en ligne nous rejoignent bientôt, mais le canon ennemi nous suit, une batterie française qui est à notre droite et qui tire depuis le matin, nous fait supporter les conséquences des obus qui sont dirigés sur elle et qui viennent éclater à nos talons, sans atteindre personne heureusement.
A 20 h nous sommes à Watersthal, prenant position à l'Est du village et nous couchons sur nos positions de combat.
Le terrain est très favorisé pour nous ; nous sommes flanc-garde de l'Armée de Nancy commandée par le Général Dubail.

Vendredi 21 Aout : Le combat recommence de très bonne heure, avant le jour, ce sont toujours les 105e de Ligne qui reculent devant 500 Prussiens, les deux artilleries adverses s'échangent leurs obus.
Heureusement nous sommes en sécurité, invisibles, nous voyons tout ce qui se passe.
Devant nous une compagnie du 17e Chasseurs est complètement mise en déroute par une batterie allemande, deux compagnies du 158e de Ligne subissent le même sort, un obus éclate en plein centre de la colonne et en laisse six sur la route, et sept sont blessés; une femme fouille les morts, les dévalise, ainsi que les blessés qui ne peuvent pas se défendre ; nous ne pouvons pas tirer dessus, au risque de tuer nos blessés !!!
A 16 h , l' on se retire encore, nous passons à St Quirin, on trouve la frontière, mais harassé de fatigue et n'en pouvant plus malgré mon courage, je m'arrête ¼ d'heure.... Le 12e d'Artillerie vient derrière la colonne, je monte sur l'affut d'un canon sur lequel je m' endors.
Je me réveille à Cirey Sur Vezouze, nous sommes en France, il est 2 h 30 du matin et le samedi 22 Aout...

J'ai perdu mon bataillon, mais j'apprends qu' il est cantonné à Petitmont 4 kms plus loin ou j'arrive à 3 h 30 avec une quinzaine d'hommes que j' ai rassemblé et qui, comme moi étaient fatigués.
Aussitôt arrivés, on se couche, pour se réveiller à 9 h ; les hommes font la popote . A 14 h l'on quitte le village allant nous placer dans les bois de la Tour, 3 kms plus loin au Sud.
L'ennemi qui nous a rejoint bombarde Cirey Sur Vezouze et Petitmont que l' on vient de quitter ; bientôt ils battent les bois, les obus éclatent près de nous sans nous atteindre .
A 18 h, l'on quitte cette position, nous reculons encore, on arrive à Parux, tout le village est incendié ; plus d' habitant, l'on trouve dans une maison qui a échappé au fléau le cadavre d'un vieillard qui a été assassiné, son petit chien qui veille sur lui, couché au pied du lit sur une poignée de paille.
Il est 19 h, nous venons de recevoir l'ordre d'attaquer l' ennemi pour connaître la quantité de leurs forces ; on arrive alors au bois de la Tour, il est 21 h on se couche, on attend l'Allemand ; minuit, debout et l' on quitte cette position, il fait froid, un brouillard épais tombe sur nous."
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyDim 30 Mar 2008 - 10:47

Bonjour à tous,
Encore un peu de lecture.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"Dimanche 23 Aout : 3 h 30, nous arrivons à Angomont ou l’on se repose jusqu’à 9 h. De 9 h à 10 h, on mange une soupe et l’on repart prendre position à l’Est de Neuviller.
Il est 14 h, nous creusons des tranchées dans un bois. Une patrouille de la 3e Cie accroche et neutralise une patrouille de Uhlans qui pénétrait dans le village ; à cet instant une compagnie entière allemande y pénètre à son tour et les obus, les shrapnells éclatent au dessus de nous, les branches amortissent les coups, les balles sont pas dangereuses, elles ne font l’effet que d’un bon coup de marteau sur la tête ; j’en reçois une sur la tête et une au bras, l’on se retire sous les obus, nous passons à travers des balles, pour arriver à Neufmaisons.
Bidard est tué, le sergent-major Varlet est blessé grièvement. Les Allemands bombardent Badonviller, une usine de faïences est en flammes et plusieurs habitations.
Nous prenons position à l’Ouest de Pexonne, il est 17 h. Couchés dans les tranchées après avoir mangé une boîte de conserves et deux biscuits, sans eau, impossible d’en avoir.
A 23 h, on entend pendant ¼ d’heure une formidable charge à la baïonnette, le clairon sonne la charge, ce doit être des Chasseurs à Pied car ils chantent la Sidi-Brahim, notre chanson préférée.
Après cette charge et une longue fusillade, ça redevient calme, il est 23 h.
Pexonne qui était occupé par l’ennemi est repris par nous, mais il a été bombardé et plusieurs maisons sont encore en flammes.
Nous quittons nos tranchées pour aller nous reposer jusqu’à 4 h dans un garage.

Lundi 24 Aout : 4 h 30, nous prenons position au Nord de Pexonne jusqu’à 10 h, ensuite retour à nos tranchées faites la veille, jusqu’à midi.
Rien de nouveau, tout est calme, soudain un officier Allemand passe la crête à 600 m, en avant de nous, une sentinelle tire et le descend de cheval, il est tué. Au même instant, une rafale de balles nous arrive sur les reins, sans atteindre personne et cela recommence ainsi pendant 1 h et puis le canon s’en mêle, les obus éclatent au pied de nous. Forgeard est tué, ainsi que Lefevre ; nous sommes encore obligés de reculer après avoir subi 4 h sous cet enfer de balles et de mitraille.
Nous nous dirigeons sur Thiaville, le canon nous poursuit jusqu’à ce village qui est situé sur la Meurthe, il est 16 h, je suis malade, le capitaine me laisse avec deux hommes, nous traversons la rivière quand vint à passer un aéroplane allemand, il lance une bombe sur un groupe d’infanterie, sans l’atteindre.
L’ ambulance du 17e Bataillon de Chasseurs vint à passer et me prit dans la voiture et m’emmena à Ménil à 6 kms de Rambervillers, j’y arrive à 23 h, je me couche épuisé.

Mardi 25 Aout : Le Médecin-major m’examine et me fait évacuer sur Rambervillers. Je pars à pied, il est 9 h quand tout d’un coup, une fusillade éclate non loin de moi, puis les obus, c’était le 163e d’Infanterie de Nice qui reculait devant l’ennemi, sans avoir reçu l’ordre, oh les froussards, de tous côtés ils fuyaient abandonnant même leurs armes, c’était une complête déroute !
Ils me rejoignirent bien vite, et je dus subir leur sort ; les obus éclataient toujours quand tout à coup, je reçois un éclat dans les reins qui me coucha à terre. Je croyais avoir les reins cassés, mais non après m’être remis du coup, je constate qu’il n’y avait qu’une contusion ; je repris ma route comme je pouvais, ne pouvant pas tenir mon fusil à l’épaule, mais je ne voulais pas l’abandonner ce vieux camarade N° 41.001 P.
Enfin tant bien que mal j’arrivai à Rambervillers, il était environ 13 h. Comme la déroute avait été mise sur toute la ligne, tout troupier isolé était rassemblé sur la place principale et au bout d’une heure nous repartions rejoindre notre Corps, moi je devais me rendre à l’hôpital militaire.
Je rencontre un cycliste du 41e Bataillon de Chasseurs à Pied de réserve, formé par le 1er Bataillon et les cadres actifs où j’avais beaucoup de camarades, ainsi que tous mes anciens de la classe 1910. Je pars avec ce cycliste où je trouvais le Bataillon à Bult, 6 kms de la ville.
Tout de suite, je suis entouré de tous ; ils viennent me demander des nouvelles du 1er Bataillon, principalement les capitaines Lehagre et Thierry, à qui je racontais les faits glorieux du Bataillon, mais aussi ses revers… Le capitaine Lehagre qui commande le 41e Bataillon m’ordonna de rester avec eux jusqu’à ce que je sache ou était mon Bataillon.
Nous couchons à Bult ; je me reposais assez bien après avoir mangé, souffrant très peu de ma blessure reçue le matin, ma maladie n’était en fait que de l’épuisement dû à la fatigue.

Mercredi 26 Aout 1914 : Après un réveil à 6 h, départ pour Rambervillers. Le 41e a pour mission de garder un Parc de munitions d’artillerie qui se trouve au Sud de la ville. Nous nous arrêtons un peu en avant du Parc, ou nous faisons la grand’ halte à proximité du village.
La pluie nous surprend, nous entrons dans le village à 20 h, on se fait sécher et on y couche.

Jeudi 27 Aout : Réveil 6 h, départ à 7 pour Rambervillers, il pleut toujours, nous nous mettons à l’abri dans une usine de tissage pour toute la journée ; à 20 h on part se coucher dans une ferme proche.

Vendredi 28 Aout : Toujours réveil à 6 h, je commence à me remettre un peu de mes fatigues ; ça va mieux. Mon bataillon est à 2 kms à St Gorgon, je dis au revoir aux camarades et je le rejoins.
En arrivant j’apprends que Bourgniat et Pornin, deux camarades de mon groupe, atlétiques, ont été tués ; à 8 h, nous reprenons position au Sud-Est de Rambervillers, nous sommes en 2e ligne. Le canon des deux côtés entre en action, les mitrailleuses fonctionnent et, à 17 h, nous repartons cantonner à St Gorgon ; quelques patates et nous essayons de dormir.

Samedi 29 Aout : Réveil 5 h, départ à 6 pour rejoindre nos emplacements de la veille, le long de la ligne de chemin de fer de Rambervillers à Bruyères, il est 6 ¼ , un épais brouillard nous enveloppe.
A 7 h 30, nos canons commencent à tirer ; à 14 h ce sont les Allemands qui bombardent Rambervillers ; à 17 h 30, nous faisons mouvement direction les bois de St Rémy où nous passerons la nuit.

Dimanche 30 Aout : dés 1 h 30 du matin, nous partons, le combat s’engage, les 17e et 20e Bataillons de Chasseurs sont en 1ère ligne, à 11 h notre capitaine est blessé, à 11 h 30 le lieutenant Forgeot est tué d’une balle en plein front.
A midi la 4e et 6e Cie du 1er Bataillon partent en 1ère ligne remplacer ceux qui s’y trouvent depuis le matin.
La fusillade redouble son action, nous sommes en 2e ligne, 100 mètres derrière ; les balles nous sifflent aux oreilles, mais n’atteignent personne ; à 14 h , c’est notre tour de passer en 1ère ligne, nous sommes à 80 mètres des Allemands.
Le 17e Bataillon a laissé beaucoup des siens…
Les Allemands mettent leurs mitrailleuses en batterie, et tirent sans arrêt, c’est effroyable. Calmon tombe blessé d’une balle à la cuisse, puis tué par une seconde en pleine poitrine…
Vaucquier, une balle lui traverse la visière du képi, lui coupe l’oreille et termine dans le bas de son sac ; ces balles étaient tirées de dessus des arbres, la 6e Cie en a surpris et tués 4 dans les arbres, ils visaient en priorité les gradés. A 16 h, ordre de repli, nous pouvons enfin faire un café sur le bord de la route aux abords de St Benoît où deux jours avant eu lieu une grande bataille.
Ma compagnie a 7 morts et 23 blessés. Nous apprenons qu’ il y a eu 8 officiers de blessés et 4 tués au Bataillon !
A 21 h on part cantonner à Malpertuis.

Lundi 31 Aout : Réveil à 7 h, toilette et réapprovisionnement en munitions, 220 cartouches chacun, plus 3 jours de vivres. 12 h 30, l’on reprend notre emplacement de la veille, le 31e Bataillon est engagé, à 16 h le 2e peloton de la 2e Compagnie part en première ligne, j’en fais partie ; la fusillade est terrible, les Allemands actionnent leurs mitrailleuses, mais plus prudents que le 31e, nous attendons que la fusillade se calme, car nous ne les voyons pas, nous ne pouvons pas tirer. Derrière les arbres nous attendons le moment propice.
Un homme du 31e vient nous prévenir de ne pas descendre, sa section toute entière vient d’être fusillée, il est le seul survivant ; il se met à côté de moi derrière un arbre, il n’y avait pas deux secondes, il reçoit une balle en plein cœur. Le pauvre diable m’a fait de la peine, il était couché, il tente de se relever, ramassant son fusil, fait un demi tour et retombe comme foudroyé.
Nous couchons sur cette position, toute la nuit nous entendons nos blessés crier, principalement un qui criait à boire, maman, et toutes sortes de plaintes à faire pitié…"
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMar 2 Juin 2009 - 13:49

Bonjour à tous,
Bonjour Eric et Jean,

Merci pour ces beaux textes du 1° BCP.
Lecture bien tardive pour nous deux... triste
Mais comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, paraît-il...?
Vivement la retraite.... muet siffle

Bien cordialement et merci. sup
Evelyne et Marc.
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MessageSujet: Drapeau du 132 Poméranien   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMar 2 Juin 2009 - 15:39

Bonjour Eric, SalutS
Bonjour à tous, SalutS

Nous revoilà en contradictions avec ce que nous avons déjà en mémoire ?
Contradiction de noms, de lieu, d’histoire ?
Vous Eric, qui a beaucoup écrit sur ce sujet, nous aimerions avoir votre sentiment d’ « historien » sur les Batailles des Vosges, et sur la crédibilité de ce texte.
Je rappelle le quiproquo au sujet des différentes CP, que ce drapeau poméranien à bien été pris par le 1er, et ne pouvant bouger de son secteur, il fut remis au 10e BCP, d’où cette incompréhension. (voir les 2 CP mis sur le site le 30 mars 2008
Salutations à vous tous
Michel
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMar 2 Juin 2009 - 15:53

Bonjour Michel,

Le lecture du JMO du 1 BCP signale que ce bataillon a bien trouvé le drapeau.
Je ne suis pas allée voir ce que dit le 10° BCP à ce sujet....

Ce premier était en renfort du 10°.
C'est donc le 10° qui a eu les honneurs.
La prime promise au premier régiment prenant un drapeau allemand fut certainement à l'origine de cette "affaire".
Ce qui ne fut pas sans susciter une rivalité entre 1° et 10° par la suite.

C'est tout du moins ce que j'ai compris au fil des histoires, carnets et lectures.
Je laisse les "historiens en titre" s'exprimer, d'où mon message en privé.
Bonne fin de journée.
Evelyne.
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyMer 3 Juin 2009 - 17:53

Bonjour à tous,
Bonjour Eric,
Bravo pour ces travaux sur ce carnet qui nous apprend encore plein de choses !!!!
Prèt à lire la suite dès que tu l'aura mis en forme car c'est super !
Amicalement,
Yvick
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 11:55

Bonjour à tous,
Bonjour Michel,

Merci de « relancer » ce fil, je vais tenter de faire le point.
Au préalable, vous me permettrez de préciser un point qui me tient particulièrement à cœur : avec ou sans guillemets pour agrémenter ce terme, je ne suis pas historien. Je suis professeur d’anglais, et ai suivi une formation de littérature anglo-américaine (en particulier sur les périodes romantique et élisabéthaine, pour être plus précis). C’est d’ailleurs au moment où j’allais entamer ma thèse que j’ai hérité du carnet de mon arrière-grand-père, l’ai lu, retranscrit, publié et, finalement gagné par le « virus » de la Grande Guerre, que j’ai laissé tomber la littérature, qui avait perdu tout intérêt pour moi…

Je n’ai aucun regret à ne pas être historien, mais j’assume pleinement de n’être qu’un « passeur » : ma passion consiste à découvrir des textes et / ou des photos et à en faire profiter le plus grand nombre par leur publication ou leur mise en ligne. Aussi est-ce en parfait autodidacte que je vais tenter de résumer cette « affaire » du drapeau. Pour achever ce long préambule, vous pouvez me désigner comme un « amateur » de la Grande Guerre : le mot conviendra à celles et ceux qui trouvent mon travail médiocre – voire pire – tout autant qu’à moi (il n’y a rien de péjoratif dans l’expression « amateur d’art », bien au contraire). SalutJ

Bon, reprenons…

Il n’existe pas le moindre doute sur le fait que le premier drapeau allemand « pris » en 1914 l’a été par les chasseurs du 1er B.C.P.
Vous trouverez ci-dessous une série de témoignages concordants sur le sujet (lorsqu’ils ont été publiés, leur source est indiquée) :

- Général Tabouis (chef de corps du 1er B.C.P. au moment des faits) : « C’est alors « l’événement ». Le Capitaine Moreau envoie au Capitaine Brunet un court billet : « J’apprends par un prisonnier que les Allemands auraient caché un drapeau dans la ferme Niargoute ; m’autorisez-vous à le faire chercher ? » - Brunet, sur la même note, répond : « Exécution ! » - Remarquons en passant cette admirable discipline du Capitaine Moreau vis à vis de son camarade momentanément son chef.

Comment le Capitaine Moreau avait-il eu ce renseignement ? C’est ici que se révèle l’action importante du sergent Foulfoin de la 1ère section de la 3ème Compagnie. Ce sous-officier conduisait vers la vallée un des détachements de prisonniers qui comprenait trois officiers dont il est parlé plus haut, un d’eux parlait un peu français, Foulfoin lui demande quels sont les deux autres. L’officier répond qu’un d’eux est le porte-drapeau du régiment mais ne répond pas quand Foulfoin lui demande ce qu’est devenu ce drapeau. Foulfoin alors prescrit au clairon Larbouillat d’essayer de questionner d’autres prisonniers sur ce sujet. Larbouillat signale à Foulfoin qu’un des prisonniers pourrait « causer ». Foulfoin l’interroge et sait de lui que le porte-drapeau était entré dans la ferme Niargoute avec le drapeau et était ressorti les mains vides. Le drapeau était donc caché là. Foulfoin rendit compte au Capitaine qui à son tour en avertit le Capitaine Brunet.

Le jour naissait. Le Capitaine Moreau prescrit au sergent Foulfoin, et c’était justice, d’aller avec quelques Chasseurs prendre et fouiller la ferme. Foulfoin part avec les Chasseurs Leboube, Brignon, Drouant, se porte vers la ferme, ils l’abordent par surprise ; il n’y eut pas de résistance. A l’intérieur gisaient de nombreux blessés. Le Sous-Lieutenant Lasnier qui avait rejoint cette patrouille organise la fouille. Ce ne fut pas très long. Le Chasseur Leboube (je crois) aperçut la hampe du drapeau sous le foin où était couché un prisonnier et le prit. Quel trophée !

Aussitôt le Lieutenant Lasnier me l’apporta au P.C. Moreau. Brunet que j’avais gagné dans ma visite, à l’aube, du champ de bataille, ainsi qu’on l’a vu plus haut.

Mon émotion à cette vue est poignante, on peut s’en douter : tenir dans ses mains un drapeau ennemi ! Je salue ce vaincu et, le montrant aux chasseurs assemblés, je leur dis : « Petits, vous vouliez de la gloire, en voilà ! »

Le bruit de ce succès se répandit vite dans le Bataillon, dans la Brigade.

Le soleil était déjà haut quand, pendant que l’ordre se remet dans les unités quelque peu désorganisées par un combat de 24 heures en terrain difficile, je descends à St Blaise et fais, avec une belle escorte de chasseurs, défiler devant le Général de Brigade et les camarades accourus : le fanion du Bataillon, le drapeau porté sur l’épaule, quelque 600 prisonniers, la méchante mitrailleuse, une batterie de deux pièces de 77 attelée et conduite en main par ses canonniers à pied. Ce fut un assez joli défilé. »
[source : conférence du général Tabouis faite à Rennes en février 1948]

- Henri Connault (caporal, 4e compagnie du 1er B.C.P.) : « Le succès est complet. La première ligne enfoncée, des groupes ennemis tenteront de résister. Un combat de rues s’engage à travers les maisons et les vergers. Débordés de toutes parts, les îlots de résistance seront réduits les uns après les autres. Le combat se poursuit durant la nuit. Nos patrouilles harcèlent des éléments ennemis qui se replient sur Schirmeck par la vallée de la Bruche.
Dans la poursuite, une patrouille avancée de la 5e compagnie entre à Diesbach. A ce moment, un paysan signale que, dans leur retraite précipitée, les Allemands ont abandonné des papiers et du matériel. Le chef de patrouille se rend au lieu indiqué, ferme de Niargoutte, et découvre des lettres, des papiers, des équipements abandonnés puis, dépassant d’un tas de foin, la hampe d’un drapeau –celui du IVe Bataillon du 132e Régiment poméranien, bataillon chargé de la défense de Saint-Blaise. Puis les compagnies engagées bivouaquent sur place en situation d’alerte. [le drapeau mentionné avait bien été celui du 4e bataillon de l’Infanterie Regiment 132, mais il était détenu par le R.I.R. 99, qui n’y avait pas apposé sa bague d’identification, d’où les malentendus et de confusions qui ont suivi]
Le 15 au matin, le commandant Tabouis, fier de ses hommes, rassembla les compagnies au centre de Saint-Blaise et leur présenta le drapeau pris à l’ennemi. Puis s’adressant à ses chasseurs, d’une voix émue il leur dit : « Vous vouliez de la gloire, mes enfants ! … En voilà ! » »
[source : le Cor de Chasse n°595, septembre – octobre – novembre 2006 : « Le 1er B.C.P. au combat de Saint-Blaise, 14 août 1914 » (pages 17 à 20)]

- Leboube, Strabach et Brignon : « Le 14 août 1914, après la prise de Saint-Blaise-la-Roche, alors que les Allemands s’étaient rendus, le 1er bataillon de chasseurs à pied reçut l’ordre d’aller occuper les tranchées allemandes situées au nord-est de Saint-Blaise. La 3e compagnie, parmi laquelle les chasseurs Brignon, Leboube et Strabach, reçut l’ordre de se diriger sur la ferme située sur la hauteur et en arrière des tranchées. Le caporal Blosse fut chargé de faire une patrouille d’avant-garde. Cette patrouille comprenait, outre le caporal, les chasseurs Strabach et Leboube. Comme nous approchions de la ferme, plusieurs Allemands, environ quatre-vingts, sortirent en levant les bras et se firent prisonniers.

Aussitôt, Strabach les fit mettre par quatre, puis le premier, il entra dans la ferme d’où il fit sortir le lieutenant porte-drapeau, qui lui remit sa jumelle qu’il possède encore actuellement.

La 1re demi-section de la compagnie arrivait sous les ordres du lieutenant Launier. Celui-ci se fit amener tous les prisonniers que nous venions de faire ; c’est alors que Strabach et Leboube firent part au lieutenant de la découverte qu’ils avaient faite du lieutenant porte-drapeau, lequel s’était débarrassé de l’étui porte-drapeau devant nous. Le lieutenant Launier fit alors rassembler une demi-section, composée des 1re et 2e escouades.

Pendant que la deuxième escouade cernait la ferme, la première dont Leboube, Strabach et Brignon faisaient partie, pénétrait à l’intérieur de l’habitation.

C’est alors que Leboube, Strabach et Brignon eurent l’idée de demander à la patronne où se trouvait le drapeau. Elle nous répondit qu’elle avait vu l’officier monter sur le foin avec, et qu’il était descendu en l’y laissant.

Pendant que le reste de l’escouade fouillait la ferme, nous sommes montés tous les trois sur le grenier et nous aperçûmes trois soldats allemands, blessés, couchés sur le foin. En fouillant par-dessous eux, près du mur, Leboube découvrit le drapeau roulé, enfoui dans le foin. Il fit part de sa découverte à ses camarades, qui aussitôt firent cesser les recherches au reste de l’escouade.

Le lieutenant Launier, accourant à notre appel, prit le drapeau des mains de Leboube en disant : « C’est très bien, la 1re escouade de la 3e compagnie du 1er bataillon de chasseurs à pied aura l’honneur d’avoir pris le premier drapeau allemand. » Le lieutenant Launier, suivi de ladite escouade, se rendit auprès du commandant Tabouis, du 1er bataillon de chasseurs à pied, auquel il remit le trophée. Ce dernier félicita le lieutenant ainsi que l’escouade, à laquelle il fit former les faisceaux, baïonnette au canon. Brignon, Strabach et Lebouhe furent nommés de garde auprès du drapeau allemand, en récompense de l’avoir découvert.

Les chasseurs dont les noms suivent étaient présents lorsque Leboube a découvert ledit drapeau:
Strabach Léon, Brignon Jean-Baptiste, Cœur Edouard, Legrand Lucien, Strouble, David Julien, Blaison, Roth, sergent, et Delpent Jean, clairon.

Fait à Saint-Parres-aux-Tertres (Aube), au dépôt de la 12e compagnie du 1er bataillon de chasseurs à pied.

Vu et signé par les preneurs de drapeau ci-dessus :
LEBOUBE, STRABACH, BRIGNON. »
[source : Les Chasseurs (Chasseurs à pied, alpins et cyclistes), Paris, Editions Georges Crès et Cie, 1916, 102 pages]

- Léon Strabach (3e compagnie du 1er B.C.P.) : « 15 août 1914. Le jour vient, je fais signe au lieutenant et lui dit : « Un drapeau est caché dans cette ferme, il nous faut aller le chercher ! ». Aussitôt fait, on cerne la maison. On y pénètre, on fouille, en un mot, on met la maison sans dessus dessous et un jeune homme de Belval met la main sur le drapeau qui était caché dans le foin. C’est le drapeau du 132ème Régiment d’Infanterie allemande. On le remonte sur le champ de bataille, on forme les faisceaux baïonnette au canon et on déploie le drapeau sur les faisceaux. Le commandant rapplique et serre la main aux officiers ainsi qu’à tous les hommes qui l’avaient pris. Ensuite, le commandant le fait conduire par son chef sapeur et la section garde ce sacré drapeau jusqu’à Saint-Blaise. On ne tient plus debout, mais on est fier quand même et il embarque dans une automobile qui le fait conduire aux Invalides à Paris. » [source : le Cor de Chasse n°596, décembre 2006 – janvier – février 2007 : « Extrait du carnet de route de Léon Strabach, chasseur au 1er B.C.P., 3ème compagnie (4 août – 22 août 1914) »]

- Joseph Foulfoin : « Le 15 août, au lever du jour, nous attaquions donc la ferme, où nous trouvâmes peu de résistance. Pendant ce temps, le lieutenant Lasnier nous avait rejoints et nous nous mîmes en devoir de fouiller la ferme. Je montai alors avec plusieurs de mes hommes dans le grenier à foin où un Allemand était couché, ayant une blessure au pied. Sitôt notre apparition, l’homme, troublé, ne savait que faire. Cette inquiétude nous attira près de lui. A notre grande stupéfaction, il était couché sur la hampe du drapeau. L’emblème fut remis au lieutenant Lasnier, qui le fit parvenir au commandant Tabouis. »

- Lucien Duvoid : « Au sujet du récit qu’a publié le Petit Parisien de la prise du premier drapeau allemand, à Saint-Blaise, l’Association Nationale des camarades de combat nous communique la lettre suivante qui lui a été adressée de Faucogney (Haute-Saône) :
« Je viens de lire dans le Camarade de combat de janvier 1930, n°101, la reproduction de l’article publié par le Petit Parisien sur la prise du premier drapeau allemand à Saint-Blaise. Cet article m’a beaucoup intéressé, d’autant plus que je suis un ancien de la première escouade de la 3e compagnie du 1er bataillon de chasseurs à pied et que j’ai assisté à la prise de ce drapeau.
Je me permets de vous faire remarquer que la patrouille commandée par le caporal Blosse comprenait, outre les chasseurs désignés dans votre article, deux autres chasseurs nommés Quater et Duvoid. Quand nous sommes arrivés à la ferme, le propriétaire nous cria : « Il n’y a personne ici ». Cependant nous avons fait une trentaine de prisonniers qui étaient cachés un peu partout, surtout dans la cave. C’est seulement après que nous les eûmes désarmés et fait sortir que d’autres Allemands, cachés aux alentours, voyant leurs camarades prisonniers, se rendirent à leur tour. A ce moment, le caporal nous jugeant en trop petit nombre m’expédia demander une escouade de renfort au capitaine Moreau, commandant la 3e compagnie ; vous savez le reste. Une remarque cependant : le nom de Julien David m’est totalement inconnu.
Ce serait avec joie que je verrais décerner la médaille militaire au chasseur Leboube pour ce fait de guerre. »

- Charles Bastien : « Le 1er Bataillon de chasseurs a pris un drapeau. Je n’ai pas vu Lucien. Nous avons entre nos mains trois batteries de 77 dont une avec son personnel au complet : officiers, hommes, chevaux. 600 prisonniers et beaucoup de munitions et de matériel. »
[source : MAINGUET (Odile et Paul), Le Journal de guerre de Charles Bastien. 30 juillet 1914 – 30 juillet 1915, Ban-de-Laveline, A.S.C.B., 2001, 59 pages]

- Raymond Poincaré : « Hier soir, a été remis à l’Elysée, par deux officiers et un sous-officier, un grand fanion qui a les dimensions d’un drapeau. C’est celui du 4e bataillon du 132e régiment allemand. Il a été pris, je l’ai dit, sur le plateau de Saint-Blaise par notre 1er bataillon de chasseurs à pied : hampe très longue, étamine rose groseille, coupée d’une croix blanche. Au milieu, l’aigle impérial, brandissant la foudre et le glaive, et surmonté d’une banderole avec cette devise : Pro gloria et patria. Aux quatre coins, le chiffre couronné de Guillaume II. Le colonel Serret, notre ancien attaché militaire à Berlin, celui-là même qui nous avait dénoncé, avec tant de clairvoyance, les menées du militarisme impérial, et qui vient de rentrer en France, a apporté hier ce somptueux fanion au ministère de la Guerre. Il a été exposé à une fenêtre de l’hôtel de la rue Saint-Dominique. […] »
[source : Au Service de la France. Neuf années de souvenirs. Tome V – L’Invasion (pages 121-122)]

Pour finir, voici la plaque se trouvant sur la façade de la ferme de Niargoutte :

Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) 08x0k51pev

Je précise à ce sujet que deux fermes existent dans le secteur, et ont abrité des blessés allemands : Niargoutte, mais aussi Almingoutte (cette dernière entre les tranchées du RIR 99 et celles du III / b. RIR 15).

Et la stèle rappelant la mémoire du lieutenant Paul Marie Lasnier, tombé en Belgique :

Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) Vvf09igms7

Bien cordialement,
Eric Mansuy

PS Yvick : c'est tout ce que j'ai concernant Bergère, désolé !
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 13:32

Rebonjour à tous,

Désolé Michel, j'ai oublié de répondre à la seconde partie de votre interrogation, concernant la "crédibilité" du texte de Bergère.

Il s'agit, de mon humble point de vue, du meilleur récit d'un chasseur du 1er B.C.P. qu'il m'ait été donné de lire. Je mets à part le texte de la conférence du général Tabouis, puisqu'il émane d'un officier, qui plus est à la tête de cette unité au moment des faits qu'il relate.

Les faits décrits par Bergère recoupent bel et bien, globalement, ceux décrits par Strabach dans son carnet. En outre, les noms des tués - pour ceux au sujet desquels j'ai pu effectuer des recherches- sont bien ceux des hommes tombés aux lieux et dates indiqués. J'en veux pour preuve Raton, Noël et Roze, pour le combat de Saint-Blaise (Raton Marie Louis, sous-lieutenant, premier officier du 1er B.C.P. mort au combat ; Noël Henri François, chasseur ; Roze Jean, chasseur). Un très bon texte, sur lequel s'appuyer, donc, et ce d'autant plus que - si ma mémoire est bonne - le JMO du 1er B.C.P. est lacunaire pour certaines journées de combat.

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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MessageSujet: Drapeau du 132 Poméranien   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 13:57

Bonjour à tous, SalutN
Bonjour Monsieur le Professeur
Bonjour Eric SalutN

Toutes nos félicitation pour cette mise au point de ces folles journée de la prise du 132e Poméranien. Des points obscurs viennent de se refermer, mais je ne suis pas totalement satisfait, car à aucun moment personne ne fait référence au 10e B.C.P. (d'ou la méprise sur les CP)
Encore une fois bravo, car cette histoire de prise de drapeau, a fait couler beaucoup d'encre, autant sur notre site, que dans les revues spécialisés.
Cordialement Chasseurs
Michel
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 14:28

Rebonjour à tous,

Rebonjour Monsieur le Chasseur SalutJ , Michel,

Je n'ai jamais eu connaissance de la présence du 10e B.C.P. sur le champ de bataille de Saint-Blaise, et comme l'indique son JMO, ce bataillon n'y a pas été engagé : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/img-viewer/26_N_819_001/viewer.html

Cette "affaire" de Saint-Blaise et de drapeau est d'autant plus trouble que toutes les langues ne se sont pas déliées. Bien des légendes et des suppositions se sont propagées à son sujet.
Au cours de mes recherches - qui ont duré longtemps, et n'ont pas manqué de rebondissements, Yvick doit s'en souvenir - j'ai eu le privilège d'entrer en contact avec Mme Defranoux, fille du chasseur Strabach, et avec Mme Foulfoin, belle-fille du chasseur Foulfoin.
Deux anecdotes plus ou moins marquantes :
- interrogée sur ce point, Mme Defranoux expliquait l'allusion à la "prise" du drapeau par le 10e B.C.P. par le fait que son père, interrogé par un journaliste, lui aurait déclaré spontanément appartenir au 10e B.C.P., dans les rangs duquel il avait fait son service militaire, et non au 1er... Est-ce véridique ? Nous ne le saurons jamais.
- l'épisode de la "prise" du drapeau semble également (à juste titre au service de la propagande) avoir été d'autant plus romancé (cf. ses diverses illustrations "héroïques" dans la presse de l'époque) qu'il y eut confusion entre "sous le foin" et "Foulfoin". Foulfoin a en effet, comme quelques autres, réclamé la découverte du drapeau... sous le foin. Vu de Paris, à l'époque, il devait bien y avoir confusion : on ne pouvait tout de même pas avoir pris le premier drapeau allemand "sous le foin" (ou sous un tas de fagots ; là aussi, les versions divergent, on pourrait en écrire des pages...). Sur cartes postales, que ce soit ou non Foulfoin qui se distingue, c'est bien de haute lutte que le drapeau du RIR 99 a été arraché des mains du porte-drapeau. La réalité, cependant, était moins épique...

A suivre, j'espère !

Bien cordialement,
Eric Mansuy (prof en classe uniquement, pas sur les forums jovial )
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 15:17

Bonjour à tous,


Nous parlons de JMO :
J'ai une simple question à vous poser : " qui donnait son accord à l'écriture quotidienne d'un JMO en 1914 " ?

Le sous officier ou officier d'administration écrivait sa journée.
Mais quel officier suppervisait son texte ?
Son supérieur direct ? L'état major ?...les deux à la fois ?
Ou était-il... "électron libre selon les circonstances"... ?

Merci d'avance.
Bien cordialement.
Evelyne.
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 15:25

Bonjour à tous,
Bonjour Eric,

En effet, je m'en souviens et c'est même un sacré travail d'enquête car les fausses pistes par paquets de douze...

Pour cette prise de drapeau, il faut absolument se remettre à l'époque et dans l'esprit collectif. Il est totalement évident que le drapeau a été pris au cours d'un combat, mano à la mano, et non sous le foin ! IL ne faut pas oublier la désinformation et faire mousser cette affaire tellement importante et spectaculiare. Le travail sur le moral est prioritaire. Donc, vu de Paris, l'important est cette prise et il faut le faire savoir par-delà les frontières !! Il faut que l'ennemi sache qu cet emblème lui a été pris sur le champ d'honneur. il faut qu'il soit blessé et vexé. Il faut que la nation entière soit derrière le gouvernement et l'état pour légitimer les hostilités engagées. Bref, il faut que la mayonnaise prenne.
D'où un nombre important d'erreurs et de points noirs sur cette affaire. Sans compter que chacun des acteurs a sa version et que les autres aussi. Sans compter que nous ne sommes pas à un zéro près : le 1er ou le 10e BCP... ce n'est pas un pb.
Oui ! les recherches sont ardues et Eric a eu le mérite de s'occuper d'un sujet qui ne devrait poser de pb à première vue et qui en fait révèle un tas d'anomalies, de fausses pistes et surtout des découvertes passionnantes !!
Cordialement,
Yvick
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 15:29

Bonjour Evelyne,
Je JMO est normalement écrit par l'adjoint du chef de bataillon et le sous-officier attaché aux tâches administratives du bataillon (je pense qu'il a été surtout impliqué pour les listes des effectifs blessés, malades, tués, récompensés...).
Ceci implique que le journal soit tenu de manière rigoureuse autant qu'il peut l'être en temps de guerre, bien entendu. Des erreurs se glissent bien souvent involontairement ou par manquent d'information, aussi. Et le facteur humain entre également en jeu avec les préférences...
Très cordialement,
Yvick
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) EmptyJeu 4 Juin 2009 - 15:45

re à tous,
Bonjour Yvick,

Merci Yvick pour votre réponse précise.
Ce qui explique pourquoi certains JMO sont très détaillés, de vrais livres ouverts et que d'autres sont un peu vide de choses essentielles.

Dans les JMO chasseurs, nous y trouvons dans l'ensemble une rigueur particulière, digne d'être mise à l'honneur.

Bien cordialement.
Evelyne.
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MessageSujet: Re: Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915)   Albert Bergère, du 1er B.C.P. (1914-1915) Empty

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