Sur les traces d'Albert Rose, du 56 BCP

Bonjour à tous,
Bonjour Catherine,
Je vous envie d'avoir cette collection de dessins, gardez les bien précieusement
Et, Amitiés

Bonjour,
En fait je me dois de remercier mon papa qui, avant de quitter ce monde, m'a donné pour mission de continuer son œuvre, à savoir finir le travail commencé sur différents ouvrages historiques, notamment le récit qu'il a fait sur son père à lui qui a fait la Grande Guerre, de Verdun aux Balkans, plus différentes autres choses.
Je commence par mon chasseur dessinateur, pour lequel je cherche encore des détails pour le situer. Ensuite, je passe à mon grand-père. De lui, j'ai toute une collection de photos qu'il a prises dans les Balkans, un gros travail de tri et de scannage en perspective.
cordialement

....

EN ROUTE POUR DIEPPE
Aout 1914



PASSAGE A TOURGOING
Le 21 Aout 1914

Par cette carte tu vois la réception qui nous fut faite en passant à Tourcoing.
Les jeunes filles nous offraient des fleurs, des gâteaux, du chocolat, des cigarettes. Les habitants nous fourraient des litres dans nos poches. Les vieux criaient Vivent les chasseurs.
Tout ce monde nous accompagna jusqu’à la frontière.
Je crois bien que tout les 900 hommes durent se laisser embrassé même le gros sergent major.



PREMIER AVANT-POSTE
22 Aout 1914



A LINSELLES BELGE et CHASSEURS
24 Aout 1914



SUR LA ROUTE DE BETHUNE
24 Aout 1914




ALERTE a BAUMEZT les LOGES

Près ARRAS 28 Aout

Ces deux dessins sont exécutés dans les tranchées. Il y a des moments ou on est tranquille.
La scène se passe dans notre retraite de la frontière belge à l’époque de la bataille de Bapaume.
Le dépôt se reposait après une longue marche quand la sentinelle aux issues donne l’alarme.
Une patrouille de Hulans est signalée…
Surpris nous sortons tous avec nos fusils et dans la tenue où nous sommes, en veste, chemise.
L’homme à la casquette que tu vois au 1er plan et en civil, c’est un bleu de la classe 14 qui a sauté sur un fusil et un équipement. Heureusement l’alerte était fausse.



30 Aout 1914 LOMPRE près AMIENS (Embarquement pour ABBEVILLE)

Dans notre retraite il y a des scènes vraiment drôles.
Tu en jugeras par le dessin que je t’envoie.
C’est perché sur un wagon que j’ai fait le parcours Lompré Abbeville.
Heureusement le trajet n’est pas long.
L’homme couché et marqué d’une croix, c’est moi.

(Dans la case réservée aux coordonnées de l’expéditeur) :
Voici l’adresse de Jules
9e Bat. de Chasrs
Hopital temporaire n° 3
Grand Hotel
Juan-les-Pins
(Alpes Maritimes)



BAIN a VINCENTVILLE
1er Septembre 1914

Une étape nous mène le 1er Sept à Vincentville près de Dieppe. Nous en profitons tous pour se baigner.
Le lendemain nous embarquons à Dieppe pour Yvetot.

Le personnage ramené à dos c’est moi.



CHASSEURS et ANGLAIS FRATERNISENT
LE HAVRE 3 Septembre 1914

Ce dessin est également fait dans mon séjour aux tranchées.
C’est assis dans mon trou et le sac sur les genoux que je travaille aussitôt au repos je me remets au travail et t’en enverrai de plus intréressant.
Celui-ci représente notre rencontre sur les quais du Havre avec les Anglais. On fut vite copains. Il y eut échange de souvenir, ils nous remettaient leur tunique contre nos boutons et capotes, nous distribuant du thé, des conserves. Leurs clairons jouaient la marche du régiment avec nos instruments.



EN ROUTE POUR VERDUN Depart du Havre le 4 Sept a 6 h. du matin. arrivée a Verdun le 7 à 12.30.
Nous profitons des haltes nombreuses et prolongées du train pour faire la cuisine dans nos gamelles.
Les chasseurs ont toujours la réputation d’être débrouillards aussi un type dégourdi à trouvé moyen d’acheter un lapin dans un village proche de la voie ferrée.
Cette fameuse réputation nous la maintenons partout on fait comme au cantonnement.
Dans les villages avancés où nous avons passé, il ne reste plus un fruit sur les arbres et les habitants ne retrouveront plus leurs vins et liqueurs malgré le soin qu’ils ont eu de les enfouir.
PS : Ces dessins sont exécutés dans les tranchées dans une grange à la lueur d’une bougie. Pardonne le manque de léché. Ce ne sont d’ailleurs que des croquis. Je ne serai réellement au repos complet que dans 8 jours et alors tu verras.

Je ne comprends pas trop son trajet, Normandie - Nord - Normandie - Lorraine, à moins qu'il ait daté ses cartes du jour du dessin et non pas du jour de l'événement.
Pourtant, pour ses autres dessins, les dates des événements relatés correspondent exactement aux dates et événements des JMO...

Bonjour à tous,
Bonjour Catherine,
Merci pour cette magnifique mise en ligne
La guerre vue de l'intérieur par un participant.
Nous avons l'impression de voir un reportage !
Et,
Amitiés

...

...

....

....

Bonsoir me revoici !

Alors j’ai décidé de reposer un peu mes méninges, et de scruter la fin de la vie de notre Albert avant de reprendre mes démarches (vaines ?) sur ses 3 semaines de pérégrination.

Je n’avais jeté qu’un cil rapide sur les JMO du 56^e en les téléchargeant. J’ai suivi pas à pas son trajet, comparant ses textes et ceux des JMO.
Aujourd’hui, j’ai attaqué par le détail celles de février 1916.





En regardant la liste des blessés, morts, disparus, de ces journées, j’ai découvert qu’il était dans la 7^e compagnie. Compagnie qui fit l’objet d’un long texte des JMO que je vous fais partager :

Albert Rose était donc dans la 7^e compagnie. Laquelle avait été reçu l’ordre le 21 février à 23 heures de gagner les abris de Joli-Cœur et de s’y reformer avec les éléments qui restent de la corvée Brouillard.

Journal des manœuvres et opérations du 56e bataillon de chasseurs à pieds du 22 février : « 11 h 30 : la liaison envoyée vers la 7^e ne rentre pas ; un nouvel agent est envoyé, il ne rentre pas non plus.
12 heures sans nouvelles de la 7^e compagnie. Le lieutenant-colonel Driant envoie un 3^e agent à pied vers Joli-Cœur, un autre vers R3, ni l’un ni l’autre ne rapportent le renseignement demandé et la certitude que l’ordre a été transmis.
15 heures : inquiet, le lieutenant-colonel donne l’ordre à l’adjudant-chef Rogalibnski de gagner rapidement Joli-Cœur et de le renseigner sur la 7^e compagnie avec laquelle il a perdu tout contact. Ce sous-officier, à peine sorti du bois, est accueilli par des coups de fusil provenant des lisières sud-ouest du bois des Caures (boyau de Joli-Cœur à R2) puis par un feu de mitrailleuses. Il parvient néanmoins à se rapprocher de la corne du bois de Joli-Cœur par le ravin au sud de la route et constate que la 7^e compagnie n’est plus dans les abris, mais qu’une patrouille ennemie est postée dans le bois à proximité de la borne fontaine située à 200 mètres des abris, enfin que les mitrailleurs de Gresset sont déployés en tirailleurs face à la sortie ouest du bois des Caures et qu’ils occupent les pentes du bois de Joli-Cœur à hauteur de l’embranchement de la voie Decauville qui conduit à la pièce de marine.
Il apprend par un blessé du 59^e bataillon que la 7^e compagnie a quitté Joli-Cœur vers 11 h 30 et qu’elle s’est dirigée vers R3 par le boyau de Joli-Cœur.
Effectivement, l’ordre était bien parvenu au capitaine vers 11 h 30 et la 7^e compagnie s’était aussitôt portée au point indiqué et par l’itinéraire prescrit.
En arrivant à RR3 il trouve une demi-section du 59^e et une demi-section du 56^e (…)
La compagnie renforce l’occupation de R3 en s’étendant sur la gauche de l’ouvrage face au ravin à mi-pente duquel se glissaient des détachements ennemis.
12 h 45 : des éléments allemands remontant le ravin s’infiltrent en arrière de R3 ; une section de cette compagnie y fait face et les éloigne par ses feux.
Les Allemands s’approchent de R3 et tentent de déborder l’ouvrage par la droite, une section est portée à l’aile droite de la 7^e compagnie et ouvre le feu sur les groupes ennemis qui se glissaient entre R2 et R3. Vers 15 heures, la mitrailleuse s’étant repliée, la défense de R3 disposait des munitions portées par les chasseurs et celles laissées par la mitrailleuse.
La compagnie était alors disposée presque circulairement ; une section en R3 face en avant de l’ouvrage, une section sur le flanc gauche, une section sur le flanc droit et une section sur l’arrière et en réserve.
Les munitions diminuaient et l’étreinte allemande se resserrait, particulièrement entre R2 et R3. Une patrouille de liaison était alors envoyée vers Anglemont. La première rentrait après avoir atteint Joli-Cœur par la lisière sud du bois ; elle signalait que l’abri était vide de troupes et rendait compte et signalait qu’une fusillade partant de Joli-Cœur était dirigée vers Beaumont.
La 2^e patrouille ne rentrait pas.
Vers 16 h 30, les munitions étant presque épuisées, l’enveloppement devenant imminent, la compagnie prenait ses dispositions pour se replier vers Joli-Cœur et éventuellement vers Mormont.
Les éléments de gauche se repliaient d’abord appuyés par les feux des éléments de droite et se rendaient libre le passage vers Joli-Cœur. Peu avant de déboucher dans la clairière de Joli-Cœur, la patrouille de protection rencontrait une colonne allemande qui fit l’appel suivant : “Ne tirez pas ! Camarades !”
La compagnie obliqua rapidement à gauche et parvint à se dégager presque totalement et à déboucher du bois en se protégeant par des guetteurs vers l’Ouest et vers le Nord.
Une patrouille envoyée vers Joli-Cœur rentrait sans avoir rien rencontré.
La compagnie gagnait alors rapidement la ferme de Mormont. Le capitaine Berveiller se mettait aussitôt à la disposition du colonel Vaulet qui lui donne de rester à la ferme à la disposition du commandant du 36^e régiment chargé de défendre la position. Ordre lui fut donné de renforcer les compagnies du 16^e portées sur les deux lignes en avant de Mormont.
Le 23, vers 8 heures, dans la grange où s’abritaient des factions de la compagnie, se produisait un éboulement causé par la chute d’un obus qui ensevelissait 4 chasseurs. Le 23, vers 24 heures, la compagnie recevait l’ordre de rallier le groupe au camp Rolland ; elle s’y rendait aussitôt en transportant ses blessés. »

Quelle fut exactement la blessure de notre chasseur-dessinateur ?
Nul ne sait.
Mais elle fut mortelle. Il rejoindra le lieutenant-colonel Driant le 10 mars.

...

...

...