LE CLAIRON DE SIDI-BRAHIM
Le clairon français Guillaume Rolland (1821-1915) qui sonna la charge lors de ce combat.
En 1913
Le petit bourg de Lacalm, dans l'Aveyron, a été le théâtre d'une cérémonie qui laissera dans la mémoire de ceux qui en furent les témoins émus une durable impression. L'ancien clairon de chasseurs à pied Rolland agé de 92 ans, le dernier survivant de Sidi-Brahim, était, à l'occasion du 14 juillet dernier, Chevalier depuis 1846 a été promu au grade d'officier de la Légion d'honneur.
Le gouvernement avait tenu à donner à ce premier geste élégant une signification plus profonde encore en entourant d'un éclat inusité la remise, à ce vieux vaillant Chasseur, de l'étoile d'or : le général de Castelnau, sous-chef d'état-major général de l'armée, et Aveyronnais comme Rolland, avait été délégué par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur pour accrocher sur la poitrine de ce vieux paysan, qu'auréole un si fier passé, son nouvel insigne, et le ministre de la Guerre avait eu la délicate pensée d'envoyer dans ce village perdu le drapeau, l'unique drapeau des chasseurs à pied, avec sa garde. Plusieurs députés étaient présents et notamment M. Massabuau, qui prit l'initiative de signaler à l'attention du ministre de la Guerre les titres de Rolland à la promotion dont il vient d'être l'objet, M. le commandant Driant, etc., etc.
D'autre part, Mgr de Ligonès, évêque de Rodez, lui-même ancien capitaine des mobiles de la Lozère, en 1870, associait l'Eglise au patriotique hommage rendu à Rolland en célébrant en son honneur une messe solennelle.
Guillaume Rolland a quatre-vingt-douze ans. Il demeure vigoureux, l'oeil clair.
Le général de Castelnau agrafa sur la poitrine du vieux brave, à côté de la médaille coloniale, le ruban à rosette et la croix, la décoration en diamants avait été offerte après une souscription limitée à 0,10 cts par personne ; elle avait rapporté 553 F.
Puis lui donna l'accolade, s'adressant à lui en patois, et, familièrement, le tutoyant, en frère d'armes. Mais un mouvement spontané de Rolland mit le comble à l'émotion dont vibraient déjà les spectateurs de cette scène. Il vit soudain le drapeau :
" Et alors, dit le commandant Driant, une pensée lui vint, profondément touchante, parce qu'il ne l'avait puisée dans aucune lecture. Il ignorait que, dans des circonstances officielles, des présidents de la République avaient embrassé le drapeau ; il demanda au lieutenant-colonel Valentin, un ancien commandant du 8e bataillon, que le ministre avait délégué à cette fête du souvenir, la permission d'approcher, prit timidement l'extrémité de la soie, s'inclina en la baisant pieusement et ce geste, d'une noblesse incomparable dans sa sincérité, arracha des larmes aux plus sceptiques. "
Un bataillon du 7° R.I avec drapeau et musique rendait les Honneurs
L' Illustration du 6 septembre 1913
Légende de la photo : Celui qui sonna la charge de Sidi-Brahim
Derrière Rolland, le général de Castelnau, qui vient d'épingler sur ses autres décorations la croix d'officier et le ruban à rosette
Monument du Clairon ROLLAND de Lacalm
Pour le 142ème Anniversaire
Les Anciens Chasseurs
Au Clairon ROLLAND
Héros de SIDI-BRAHIM
1845 - ¤ - 1987