Bonjour à tous,
Voici une histoire peu banale !
Augustin Trébuchon
Matricule 13002 est né le 30 mai 1878 au Malzieu-Forain (Lozère) berger communal à Freyssinnet (Htes-Alpes).
Il est soutient de famille, donc exemptable, mais se porte volontaire et est enrôlé le 4 août 1914 à Mende.
Agé de 38 ans, il est affecté dans un régiment de réserve, le 415° R.I.
Il prend part aux grandes batailles : la Marne, Verdun, l'Artois et la Somme.
Agent de liaison, fonction particulièrement dangereuse, il est blessé deux fois, cité à l'ordre du régiment puis à l'ordre de la 76° Brigade, Croix de guerre, il rejoint toujours le front en première ligne (il faut noter qu'en 1918, les soldats combattants depuis août 1914 sont particulièrement rares).
Novembre 1918 : Augustin Trébuchon, soldat de 1ère classe est l'estafette du capitaine commandant la 9ème compagnie du 3ème bataillon du 415° R.I. qui poursuit les allemands en retraite dans les Ardennes.
Le 9 novembre, journée de repos à Sapogne-et- Feuchères (Ardennes) connait une certaine excitation dans le régiment compte-tenu du bruit qui court : le commandement allemand aurait fait part de son désir de convenir un armistice !
(Effectivement les autorités allemandes souhaitent l'envoi de plénipotentiaires et dans la matinée du 8 novembre
un train transportant les négociateurs allemands se gare dans la future "Clairière de l'Armistice" à Compiègne.
Désirant maintenir la pression sur les plénipotentiaires, le maréchal Foch ordonne la poursuite de l'offensive par le franchissement de la Meuse.
Dans la nuit du 9 au10 novembre, le commandant Charles de Menditte
commandant le 415° R.I. (il fut affecté en 1898 au 8° B.C.P.) dirige l'assaut sur la rive droite de la Meuse, tenue par une unité d'élite allemande fidèle à Guillaume II "les Hannetons".
La tête de pont est précaire et vacille sous la violence des contre-offensives ennemies.
Le matin du 11 novembre à 9H45 un message officiel du maréchal Foch annonce que :
"l'Armistice entre en vigueur à 11H (heure française) les troupes alliées ne dépasseront pas les lignes atteintes jusqu'à nouvel ordre à cette date et à cette heure"
A 10H50, Augustin Trébuchon portant un message relatif à la soupe devant être distribuée à 11H30 par les roulantes près du canal, s'effondre, mortellement atteint d'une balle à la tête.
Quelques minutes plus tard, le clairon Delalucque* sonne le cessez-le-feu...
Voila l'histoire d'Augustin Trébuchon qui va déclencher deux polémiques :
- sur la date et l'heure de sa mort.
- Est-il vraiment le dernier de ce conflit ?
Pourquoi la date et l'heure ne correspondent pas à la réalité ?
- Pour éviter toutes polémiques, en effet la mort de centaines de soldats dans une offensive mal préparée et n'ayant qu'un but politique embarrassait le Ht. commandement ?
- Motifs psychologiques, épargner la peine des familles, il ne serait pas acceptable de mourir le dernier jour de la guerre, l'annonce aux familles du décès de l'un des leurs le jour de l'Armistice serait par trop dramatique ?
- Motif financier, décédé la veille de l'Armistice, il ne pourrait avoir aucune contestation quant au paiement de pensions ?
- Eric Mansuy dit :
"Ce sont les morts au combat, les "tués à l'ennemi" dont la mort a été antidatée. Pour ce qui concerne les soldats décédés dans les formations sanitaires, les fiches de décès portent bien la date du 11 novembre" ?
Notons que le 415° R.I. a eu 68 tués et 92 blessés pour la conquête cette de pont sans aucun intérêt stratégique.
Est-t-il vraiment le dernier mort ?
Un historien belge, Jean-Emile Andreux, à fait une découverte dans le Journal de marche et opérations du service de santé du 415°, il découvre cette phrase :
"le 11/11 à 11H sonnerie de l'Armistice.
Le dernier obus est tiré à 11H-5 (11H05 ou 11Hmoins5 ?) à proximité du Poste de secours principal, installé à Doms-le-Mesnil et tue un homme".
L'identité de ce dernier est inconnue, mais un nom est parfois évoqué, Jules Achille, né le 14 septembre 1893 à La Poôte (Mayenne) soldat du 415° ?
Que de questions !!!
Augustin Trébuchon est enterré dans le cimetière militaire de Vrignes-Meuse.
où une rue porte son nom
Un jardin de la mémoire porte son nom à Rethondes depuis 2012.
* Bientôt nous parlerons du clairon Delalucque.
Sources : Amilo (site pour découvrir la Lozère).
Marianne.blog.
Au fil des mots et de l'Histoire.
Mémo des régiments d'infanterie de la Grande guerre.
Pélerin.info.
Revue historique des Armées.
Et,
Amitiés