Le caporal Claude Goutaudier a fait cent prisonniers.
Décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur par le président de la république.
« Audace et mépris absolu du danger, jetant la terreur dans les tranchées et abris ennemis. A fait, avec un camarade, une centaine de prisonniers, dont deux officiers. Après les avoir conduits, est revenu prendre sa place. »
Goutaudier ayant traversé Paris, en se rendant en permission à Renaison (Loire)où il était cultivateur quand la guerre éclata, un rédacteur du même journal a pu le joindre et l’interroger :
-Oh ! dit-il à notre confrère, ce que j’ai fait n’a rien d’extraordinaire. Une fois qu’on y est, vous savez, on y va de tout son cœur.
-Mais les cents prisonniers, comment ?…
-On avait des grenades plein la besace que je porte là ; alors, avec Guillot… ce pauvre Guillot qui a été tué du coup quand nous avons voulu « repiquer au truc »…on s’est avancé en rampant jusqu’à leur boyau et on leur en a flanqué tant qu’on a pu. Deux de leurs officiers se sont montrés en levant les bras ; on leur a fait signe de déboucler leur ceinture à cartouches et de partir à l’arrière ; ils ont obéi et tous les autres les ont imités. Nous, nous avions une grenade dans chaque main, et le premier qui aurait fait mine de « rebiffer » était sûr de son affaire… Voilà !…
-Mais, dit encore le journaliste au nouveau décoré en désignant la Croix de guerre ornée de deux palmes et d’une étoile qu’il porte à côté de sa croix, vous aviez déjà d’autres beaux faits à votre actif ?…
Il sourit avec un petit haussement d’épaules d’insouciance :
-J’ai eu ma première citation à Metzeral, l’autre à… ma foi, je ne sais plus au juste… il y en a tant, des « coups de torchon », que l’on se rappelle pas où on s’est le mieux battu !.
Le caporal Goutaudier entre son père et sa mère à Renaison, près de Roanne, dans la Loire.
Source :L’illustration, 73e année, N°3832 du 12 août 1916 et N°3833 du 19 août 1916
Bruno