Les maquis et la résistance en France
DéfinitionLe maquis désigne le lieu où les résistants s'organisent pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants sont donc surnommés « maquisards »,
Cette forme de clandestinité n'est possible que quand le terrain s'y prête, principalement dans les montagnes et forets
Originesdeux aspects assez différents l'un de l'autre
Des réfractaires traqués par les autorités de Vichy se camouflèrent dans des fermes ou dans des zones accueillantes, en forêt ou en montagne pour échapper à la répression. L'un des cas le plus typique fut le réfractaire au STO.
Des groupes de combattants formant des bastions de résistance armée
Dans leur majorité, les réfractaires vont passer volontairement aux groupes de combat lorsque la possibilité leur en sera offerte, d’autres ne le feront pas
Découpage de la France combattante en 1944 [/center]
Zone NordRégion A (Amiens)
A1 Somme
A2 Seine-Inférieure (Seine Maritime)
A3 Pas de Calais
A4 Nord
A5 Aisne
Région B (Bordeaux)
B1 Gironde *, Landes *, Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques) *
B2 Charente *, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne *
Région C (Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne))
C1 Marne, Meuse
C2 Ardennes
C3 Meurthe-et-Moselle, Moselle, Bas-Rhin
Région D (Dijon)
D1 Côte D’Or, Jura *, Haute-Marne, Saône-et-Loire *
D2 Doubs, Haut-Rhin, Haute-Saône, Vosges, Territoire de Belfort
Région M ** (Le Mans)
M1 Calvados, Eure, Manche
M2 Côtes du Nord (Côtes-d'Armor), Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan
M3 Loire-Inférieure (Loire-Atlantique), Maine-et-Loire, Vendée
M4 Indre-et-Loire *, Mayenne, Orne, Sarthe
Région P (Paris)
P1 Oise, Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise
P2 Cher, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Nièvre***
P3 Aube, Nièvre ***, Yonne
Zone SudRégion R1 Rhône-Alpes (Lyon)
Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Jura *, Loire, Rhône, Saône-et-Loire *, Savoie, Haute-Savoie
Région R2 Provence-Côte d'Azur (Marseille)
Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Gard **, Var, Vaucluse
Région R3 Languedoc-Roussillon (Montpellier)
Aude, Aveyron, Gard ***, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales
Région R4 Sud-Ouest (Toulouse)
Ariège, Haute-Garonne, Gers, Gironde *, Landes *, Lot, Lot-et-Garonne, Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques) *, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne
Région R5 Limousin (Brive-la-Gaillarde puis Limoges)
Charente *, Corrèze, Dordogne, Indre, Vienne *, Haute-Vienne
Région R6 Auvergne (Clermont-Ferrand)
Allier, Cantal, Cher *, Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Dôme
* Départements coupés par la ligne de démarcation
** Selon diverses sources la numérotation est inversée
M1 Indre-et-Loire *, Mayenne, Orne, Sarthe
M2 Loire-Inférieure (Loire-Atlantique), Maine-et-Loire, Vendée
M3 Côtes du Nord (Côtes-d'Armor), Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan
M4 Calvados, Eure, Manche
*** Selon diverses sources la Nièvre est positionnée en P2 ou P3
le Gard est passé sous le contrôle de R3 en 1944
ActivitéCombattre par des actions guérilla et de sabotage la Milice et les troupes d'occupation allemande.
Constituer des filières d'évasion pour les aviateurs alliés abattus au-dessus du sol français
Constituer des filières d'évasion pour les Juifs.
Recueillir tous les renseignements susceptibles d’intéresser les services de renseignements alliés
pour préparer le débarquement allié des plans élaborés à Londres sur la base des renseignements recueillis par les différents réseaux ont été mis en place
Plan vert : Interruption des communications ferrées
Plan jaune : Destruction des organes de commandement ennemis
Plan rouge : Destruction des dépôts de munitions
Plan momie : Protection des ports (ils peuvent être utilisés pour acheminer la logistique alliée)
Plan noir : Destruction des dépôts de carburant
Plan tortue : Neutralisation des communications routières
Plan bleu : Destruction des lignes électriques
Plan violet : Destruction des lignes longues distances de communications téléphoniques
Ces actions sont mises en œuvre en coordination avec les groupes de résistance locale et/ou des commandos spéciaux qui interviennent ponctuellement de l'extérieur. Elles ont l'avantage majeur d'être plus ciblées et de limiter les dégâts collatéraux et d'épargner les vies humaines.
Principaux maquisMaquis de l'Ain et du Haut-JuraLe maquis de l’Ain est issu du rassemblement de près de 2000 personnes à Oyonnax le 16 mars 1943 pour protester contre la mise en place du STO. A partir de juin 1943, Henri Petit, Romans, en prend le commandement dans le cadre de l’Armée Secrète. Chef départemental des FFI il travaille directement avec le SOE, ce qui permet un armement rapide et conséquent de ses hommes. Son action est celle de la guérilla et du sabotage. Ils fait défilé ses hommes dans les rues d’Oyonnax le 11 novembre 43 et sabote 52 locomotives à Ambérieu le 6 juin 44. A trois reprises, en février, avril et juillet 44 le Maquis de l’Ain subit les attaques des Groupes mobiles de réserve. Et c’est l’opération allemande « Treffenfeld » du 9 au 22 juillet qui met fin à l’activité du maquis. Les 5600 maquisards doivent se replier, tout en se dispersant, devant les 9000 allemands
Maquis des Glières En Haute Savoie, sur le plateau des Glières, a été organisé un vaste terrain clandestin destiné à recevoir les parachutages de janvier 1944. Bientôt, des réfractaires du département y trouvent refuge et, en février 1944, 500 maquisards y sont rassemblés sous les ordres du capitaine Tom Morel. Les parachutages trop tardifs et l’enneigement du plateau trop important empêchent les maquisards de redescendre vers les vallées en les condamnant à l’attente. Devant la multiplication des attaques allemandes et privé des renforts promis qui tardent à venir, l’esprit héroïque semble ne plus suffire. 3 000 Allemands et miliciens se lancent le 26 mars 1944 à l’assaut des Glières. Les maquisards sont rapidement dispersés et le plateau est « nettoyé ». 150 hommes sont liquidés. Livré à lui-même, le maquis des Glières, première bataille de la Résistance disparaît dans un drame annonçant celui du Vercors
Maquis du Mont-Mouchet Rassemblant les FFI des maquis du Cantal, du Puy de Dôme, de Haute-Loire et de Lozère, les réduits d’Auvergne sont dirigés par le colonel Gaspard. En mai 1944, la levée en masse décrétée, quelques 5500 combattants rejoignent le Mont Mouchet, les Gorges de la Truyère et le massif du Lioran. Le 2 juin 1944, une première attaque allemande est rejetée au sud du Mont Mouchet où se sont regroupés 2 700 hommes. Galvanisés par l’annonce du débarquement, les maquisards essuient le 10 juin, un deuxième assaut. Dans la nuit, la retraite vers le sud est ordonnée, laissant 160 morts. La troisième attaque sur le réduit de la Truyère, appuyée par l’aviation est déclenchée le 20 juin. Après avoir perdu 123 des leurs, les maquisards échappent à l’encerclement. Une fois de plus, l’engagement avait été coûteux.
Saint-Clair
Maquis de Saint-Clair Constitué au sud de Caen durant le printemps 1944 par la fusion de plusieurs groupes de résistance il est placé sous le commandement de Jean Renaud-Dandicolle, officier français du SOE. Armé par les parachutages de mai et juin 1944 le groupe s’emploie après le 6 juin 1944 à retarder l’arrivée des renforts allemands vers le front. Malgré l’arrestation et l’exécution de Renaud-Dandicolle et quelques-uns uns de ses hommes le 8 juillet, les maquisards poursuivent leur cation jusqu’à la Libération de la région.
Maquis de Saint-Marcel Au moment du débarquement allié du 6 juin 1944, les forces armées de la résistance bretonne sont réparties en 4 bataillons FFI. Le grand maquis de la région, le maquis de Saint Marcel, qui rassemble plus de 2500 hommes est mobilisé depuis le 5 juin. Les équipes Jedburgh et les parachutistes du commandant Bourgoin viennent de le rejoindre dans la nuit du 5 au 6 juin. Mais le 18 juin le camp est attaqué. L’artillerie et les blindés allemands, appuyés par l’équivalent d’une division, viennent à bout des maquisards et des parachutistes après une journée de combats. Les représailles et les combats sont intenses durant 15 jours. Le 4 août, l’ordre d’insurrection nationale est lancé tandis que les Américains s’engouffrent en Bretagne. Malgré l’échec de Saint Marcel, la résistance bretonne et ses 30 000 FFI vont contribuer activement aux victoires américaines en Bretagne.
Maquis Surcouf Crée en 1943 dans la région de Pont-Audemer, ce maquis compte 300 hommes au moment du débarquement en Normandie. Sous le commandement de Robert Leblanc il compte 2 000 hommes au plus fort de l’été 44. Des actions de guérilla et de sabotages sont organisées dès le 5 juin, avant que les Allemands, du 8 au 18 juin, s’emploient à le démanteler. Jusqu’au 14 juillet le maquis Surcouf multiplie les sabotages pour perturber les communications allemandes. Mais les arrestations et les rafles opérées entre le 14 juillet et le 8 août mettent un terme à son existence à la mi-août 1944.
Maquis du Vercors Avec les rassemblements des premiers combattants du Vercors début 1943, est très vite apparue l’idée d’utiliser ces montagnes inaccessibles comme autant de points d’appui pour les Alliés au moment du débarquement. Depuis janvier 1944, le maquis a déjà repoussé plusieurs attaques allemandes. En juillet un terrain d’atterrissage est installé à Vassieux pour recevoir, dès le 14 juillet, les premiers parachutages massifs d’armes. Depuis le 6 juin 1944, 4 000 maquisards ont rejoint le Vercors transformé en camp retranché sous le commandement du colonel Huet. Ils ont même proclamé la République du Vercors le 3 juillet, négligeant toute réaction allemande. Celle-ci se déclenche dès le 21, lorsque 40 planeurs sont lancés sur le plateau. Face aux maquisards 10 000 hommes –infanterie et miliciens engagent le combat. L’ensemble du Vercors est envahi. Jusqu’au 27 juillet de terribles représailles sont exercées sur les résistants et leurs blessés, exécutés dans la grotte de la Luire (650 morts) et dans les villages du plateau (200 morts). L’absence de soutien aérien, un plan de mobilisation trop léger, l’insuffisance des moyens militaires, l’abandon des Alliés, trop engagés en Normandie, sont autant de facteurs qui ont conduit à ce nouveau drame de la Résistance
Maquis Bernard, dans le Morvan
Maquis Bir-Hakeim
Maquis de Bouzèdes
Maquis Camille dans le Morvan
Maquis des Confins à la Clusaz
Maquis d'Ecot, dans le Doubs
Maquis de Fontjun dans l'Hérault
Maquis du Grésivaudan
Maquis du Haut-du-Bois
Maquis des Isles Ménéfrier
Maquis du Limousin
Maquis du Lomont dans le Doubs
Maquis de Lorris dans le Loiret
Maquis de Lozère
Maquis de Mazinghien, dans le Nord-Pas-de-Calais
Maquis de l'Oisans
Maquis de l'Oise
Maquis de Picaussel dans l'Aude
Maquis de Plainville
Corps franc Pommiès
Maquis de Rieumes Haute-Garonne
Maquis de Saffré en Loire-Atlantique
Corps Franc du Sidobre dans le Tarn
Maquis de La Soureilhade
Maquis La Tourette dans l'Hérault
Maquis de Tramalou dans les Alpes-de-Haute-Provence
Maquis de Vabre dans le Tarn
Maquis Vallier dans le Var
Maquis Ventoux, dans le Vaucluse et la Drôme
Maquis des Vosges
ArmementAu début, peu ou pas d’armes équipaient les maquis (fusils de chasse ou autres soustraient à la réquisition)
Les parachutages alliés, parfois insuffisants pour certains, fournirent du matériel supplémentaire..
Dans un rapport adressé à Londres le 24 septembre 1943, l'état-major de l'Action Immédiate fournit un tableau des effectifs de l'armement et des besoins de la résistance armée à cette date. Le but étant d'obtenir le parachutage d'un matériel considérable, il est vraisemblable que l'importance des effectifs a été quelque peu gonflée. Néanmoins, ce document est intéressant puisqu'il donne une idée précise des besoins, notamment la proportion souhaitée entre les différentes catégories d'armes.
Effectifs disponibles pour l'action immédiate (septembre 1943)
Zone Sud
Groupes Francs, Action Ouvrière | 8000 |
F.T.P | 10000 |
Armée Secrète | 12000 |
Maquis | 15000 |
| 45000 |
Zone Nord :
F.T.P | 13000 |
Action Ouvrière | 5000 |
Armée Secrète | 6000 |
Divers | 200 |
| 24200 |
Soit, en principe, 69 200 hommes disponibles, dont 16000 sont déjà armés, affirme le rapport. Pour armer le reliquat, soit 54000 hommes, le document cite 18 000 mitraillettes, 18 000 pistolets automatiques, 250 mitrailleuses (maquis), 600 fusils-mitrailleurs (maquis), 100 lance-grenades ou mortiers légers (maquis), 1250 mousquetons et 140000 grenades. Ce sont là des proportions fort différentes de celles des armées classiques. Les armes les plus demandées sont les mitraillettes et les pistolets, armes d'attentats et de coups de main.
La dotation initiale souhaitée est de 300 cartouches par mitraillette, 25 par pistolet, 1152 par mitrailleuse, 1000 par F.M. et 100 par mousqueton.
Le ravitaillement mensuel demandé est de 10 cartouches par mitraillette, 5 par pistolet, 200 par mitrailleuse, 100 par F.M., 10 par mousqueton, auxquelles devront s'ajouter en tout 1000 grenades, et 40 tonnes d'explosifs.
On le voit, les explosifs tiennent une part considérable dans les besoins de la Résistance, c'est que l'un de ses moyens d'action les plus efficaces est le sabotage.
Sources :
Site Wikipedia
Site © 2012 France Télévisions
Site Maquis de l'Ain et du Haut-Jura
Les armes de la résistance, Dominique Venner – Jacques Granger, éditeur –Pensée Moderne
Documentation personnelle de C. Callet, E. et M. Rohmer, C. Terrasson, G. Roland