SEPTIEME CHAPITRE
LE MAROC
1956
Le 25 février 1956, le 30ème B.C.P. est désigné pour le renforcement des effectifs stationnés en Afrique du Nord. Il débarque à ORAN le 22 mars 1956 et va s'implanter dans la région de NEMOURS (Ouest Oranais). La 2ème compagnie s'installe à SIDI BRAHIM et aussitôt le 30ème B.C.P. s'adapte à sa nouvelle mission. Multiplier les patrouilles et les embuscades. Le 11 avril 1956, dans le secteur de CAANESS, la 4ème compagnie reçoit à la tombée de la nuit des coups de feu, en provenance d'une arme automatique. Réagissant immédiatement, elle ramène 6 prisonniers. Mais, très vite, le Bataillon est envoyé au MAROC, relevé par le 19ème B.C.P. en provenance d'OUDJA.
Le 18 avril 1956, le 30ème B.C.P. s'embarque par voie ferrée jusqu'à OUED-ZEM, puis gagne, par voie routière, KASBA-TADIA. Le Bataillon s'installe au Camp Picard.
Du 3 au 5 mai 1956, la 3ème compagnie assure le repli du poste A 1 de OUANERGUI, mission rendue particulièrement difficile par la neige et le froid au col d'AFOUD NIROUL (2 600m) le ravitaillement est assuré par parachutage.
Mission similaire le 8 mai pour la 1ère compagnie : repli du poste A 1 de ARBALHA sur ELKSIBA. La 4ème compagnie aide au déménagement des familles françaises sous la protection de la 1ère compagnie.
1957
Dans la première quinzaine de janvier 1957, le 30ème B.C.P. est dirige sur OUJDA.
II y parvient le 10 janvier 1957 et s'implante en différents points de la région, pour y être mis à la disposition du Colonel commandant le Groupement du TAFILALET (région de KSAR ES SOUK). Pendant ce temps les activités sportives ne perdent pas leurs droits : l'équipe de cross du Bataillon enlève à RABAT le championnat du Maroc, se classe seconde aux championnats d'Afrique du Nord et se qualifie pour le Championnat de France.
Le 1er février 1957, le 30ème B.C.P. est remis à la disposition de la 30ème Division. Il se regroupe à OUJDA en réserve divisionnaire.
Le 1er mai 1957, un élément de la 1ère compagnie fait deux prisonniers au cours d'une embuscade de nuit au col du GUERBOUSS. Le 2 juillet "1957, le 30ème B.C.P. relevé par le 43ème R.I., fait mouvement sur MEKNES, puis TAZA.
Le Bataillon arrive à TAZA le 17 juillet pour y relever le 2/35ème R.I., et détache la 3ème compagnie à GUERCIF, au sein de la 26ème D.I.
Il est inspecté le 18 septembre par le Général COGNY, Commandant Supérieur Interarmées des Troupes Françaises au Maroc. Le 29 décembre 1957, le Bataillon fait mouvement sur MARRAKECH.
Il y parvient le 31 décembre 1957, pour s'installer aux quartiers Alsace Lorraine et Mangin. Il dépend alors de la 22ème D.I.
Les 6 et 7 juillet, le 30ème B.C.P. fait mouvement sur FES, pour s'intégrer à la 26ème D.I.
Début décembre, le 30ème B.C.P. est transporté en 10ème région militaire sur ORAN, par voie aérienne et maritime.
L'ALGÉRIE
Le 30ème Bataillon a souffert d'un séjour marocain particulièrement ingrat. Il a perdu les meilleurs de ses chasseurs dirigés en renfort sur la 10ème région militaire. Hâtivement recomplété d'éléments disparates, il franchit la frontière avec 350 hommes seulement.
Le Bataillon, dès son arrivée à ORAN, se porte par voie routière à GERYVILLE. Les unités occupent aussitôt les postes de la région, y relèvent les unités du 588ème Bataillon du Train.
1958
D'ailleurs, le 30ème B.C.P. va étoffer ses effectifs en incorporant le 1er janvier, 300 gradés et soldats du 588ème Bataillon du Train. Le 9 janvier, un convoi léger tombe dans une embuscade près du poste de GHASSOUL : 3 tués dont un Officier et 6 blessés.
Le 11 janvier, le Lieutenant-Colonel MONNIER passe le commandement du 30ème Bataillon de Chasseurs au Chef de Bataillon LABAUME.
1959
Deux chasseurs sont tués le 23 janvier 1959, au cours d'une liaison entre les postes de KERRAKIZ et LAGUERMI ; le 9 avril, nouvelle embuscade près de KERRAKIZ, qui provoque la mort de deux Chasseurs et un Harki.
Le 24 mai 1959, la 2ème compagnie, durement accrochée dans le KSELL tue 4 rebelles, mais perd 1 tué et 2 blessés.
Par un coup de filet mené par le Bataillon à AIN EL ORAK, 29 membres de l'organisation politico-administrative sont arrêtés les 9 et 10 juillet.
Une opération menée le 27 août dans le Djebel BES SEBBA coûte 4 tués aux rebelles. þo 4ème compagnie a 4 blessés. Le 8 septembre, la 2ème compagnie récupère plusieurs armes de guerre, des munitions et du ravitaillement. Le 31 octobre, le P.C. du Bataillon quitte GERYVILLE et s'installe aux ARBACUATS.
1960
Le 2.février 1960, la 3ème compagnie se porte au secours d'un convoi tombé dans une embuscade près de BOU ALAN, tue 2 rebelles, en blesse 3 et récupère leurs armes et des munitions.
Le-29 avril 1960, le 30ème B.C.P. est avisé qu'il doit faire mouvement sur le Constantinois. Il a participé depuis janvier 1959 à toutes les opérations de la 11ème D.I., dans un secteur immense, au relief hostile. Quinze des siens sont tombés au champ d'Honneur durant cette période.
Le 30ème B.C.P. vient relever le 1/7ème R.T.A. dans le secteur de CORNEILLE, en bordure des Aurès. Le P.C. la C.C.A.S. et la 3ème compagnie s'implantent à CORNEILLE, la 1ère compagnie à PASTEUR, la 2ème compagnie à la Ferme FAGES, la 4ème compagnie à RAS EL AIOUN.
Le 15 juin 1960, les 1ère, 2ème et 4ème compagnies sont inspectées par les Généraux CREPIN, Commandant en Chef en Algérie, DUCOURNAU et SAUVAGNAC.
La 2ème compagnie constitue une harka et un commando de chasse (V38).
La 1ère compagnie, héliportée le 11 juillet, tue deux rebelles, en capture un, récupère l'armement.
Dans les premiers jours d'août, le commando V 38, dans le cadre de l'opération Chamois, abat 2 rebelles.
Le Bataillon crée de nouveaux postes destinés à protéger les populations regroupées à OUED ELMA, MESSARA, MARKOUNDA. Ses unités sont en permanence sur le terrain, traquant les rebelles jour et nuit, souvent en liaison avec le 7ème R.T.A. voisin.
Les 22 et 23 septembre, 3 rebelles sont abattus par différents éléments du Bataillon. Au cours du mois d'octobre, le commando V 38 capture une dizaine de rebelles et saisit un important matériel. En décembre, il arrête six rebelles et récupère un nombreux armement ; il recherche inlassablement le renseignement au profit des autres compagnies.
1961
Le 5 janvier 1961, une embuscade près de CORNEILLE coûte trois morts à la 3ème compagnie.
Le Bataillon reprend une structure opérationnelle et participe au démantèlement des dernières katibas de l'Aurès.
En janvier 1961, le Lieutenant-Colonel TASSEL prend le commandement du 30ème B.C.P.
En Janvier-Février, les unités du Bataillon en opération avec deux compagnies du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes abattent une trentaine de rebelles, une vingtaine sont capturés. La 1ère compagnie se distingue particulièrement le 10 février en abattant 16 rebelles et récupère une dizaine d'armes avec munitions.
Le 17 février, la 4ème compagnie, la C.C.A.S. et le commando V 38 tuent 25 rebelles, dans le Djebel GUETIANE, mais au prix de 3 tués dont un Officier.
Durant le mois de mars, une cinquantaine de rebelles, moujahidines, collecteurs de fonds, ravitailleurs, etc... sont arrêtés au cours d'incessantes opérations.
Le 29 avril, le Djebel GUETLANE est de nouveau le théâtre d'un accrochage qui coûte 7 tués aux rebelles.
Puis, en mai et juin, c'est dans les djebels REFA et TICHAO que les. Chasseurs vont attaquer les hors la loi.
L'activité opérationnelle se poursuit tout l'été sans trêve.
Le 3 septembre 1961, la 4ème compagnie abat 7 rebelles dans une grotte et récupère leur armement.
Ce jour même, le 9ème Régiment de Chasseurs Parachutistes s'implante dans le sous-quartier de PAGES et PASTEUR.
Il va opérer en liaison avec les unités du Bataillon pendant tout le mois de septembre.
Le Commando V 38 en opération dans le Djebel ABKAR-SALAH abat huit rebelles le 16 octobre.
Le 20 octobre, une opération héliportée, vigoureusement menée par la 4ème compagnie, lui permet de détruire le P.C. de la Mintaqua 11. Huit responsables sont, abattus, de nombreux saisis. Cette action vaudra au Bataillon les félicitations du Général DUCOURNEAU.
Le 1er novembre, une foule de manifestants armés sommairement, mais encadrés par une trentaine de rebelles en uniforme, tentent de pénétrer dans RAS EL AIOUN, même état de chose à RHABAT et au douar M'CIL. Les forces de l'ordre réagissent vigoureusement : les manifestants et les rebelles laisseront 18 morts et 70 blessés sur le terrain.
Le 4 novembre, le Commando abat 4 rebelles, dans le FOUHAL.
Les opérations se poursuivent au même rythme et une fois de plus, au Djebel GUETIANE, 3 rebelles sont abattus et 3 capturés, le 5 décembre.
1962
Le 20 février 1962, la 4ème compagnie et le Commando effectuent un coup de main à la Mechta CHABAA, qui permet la destruction d'un P.C. de KASMA, 9 rebelles tués, nombreux matériels et documents saisis.
Le 3 mars 1962, le Commando V 38 est héliporté au profit du. 7ème R.T.A. : 11 rebelles abattus.
Le 5 mars 1962, héliportage encore, mais au Djebel GUETIANE : 3 rebelles abattus, 1 prisonnier.
Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu devient effectif à 12 heures. Depuis son arrivée en avril, le Bataillon a perdu 22 des siens. Les résultats obtenus dans ce terrain extrêmement difficile donnent la mesure de sa valeur.
Le 15 avril 1962, est mise en place la 430ème compagnie des forces locales. Les postes se replient sur CORNEILLE. Le Commando V 38 redevient 2ème compagnie. Aux premiers jours de mai, le Bataillon fait mouvement vers ORAN.
Le 30ème B.C.P. s'implante dans la cité HLM "l'Algérienne" dans le Quartier Cavaignac. La 430ème unité des Forces Locales s'installe provisoirement à École des Quatre Chemins. Les unités du Bataillon participent à différents bouclages et escortes à ORAN, MERS EL KEBIR, PERREGAUX, AIN TEMOUCHENT, MOSTAGANEM. La 430ème unité de Forces Locales, repliée le 17 juillet sur le quartier Cavaignac, est dissoute le 20.
Le 1er août 1962, la 4ème compagnie s'installe au Fort Nord, à ARZEW libéré par la Légion Etrangère. Le 8 septembre 1962, l'ensemble du Bataillon fait mouvement sur ARZEW.
Le 3 septembre, le Chef de Bataillon BIRE s'installe avec la 2ème compagnie au Camp Franchet d'Espérey, puis la C.C.A.S.. La 3ème compagnie rejoint la Fort Nord qu'elle partage avec la 4ème compagnie.
Des manœuvres Terre Marine se déroulent en liaison avec la CIOA avec la participation du Bâtiment LE FOUDRE.
Au 1er octobre, nouvelle implantation, la C.C.A.S. s'installe au Camp St Tropez, la 2ème compagnie s'établit au Fort Sud, puis au Camp St Tropez rejointes plus tard par la 1ère compagnie.
L'instruction reprend sur un rythme soutenu : peloton d'élèves gradés et élèves sous-Officiers, exercices héliportés, manœuvres sur les hauteurs dominant ARZEW, ou sur les hauts plateaux (BEDEAU).
1963
Le 30 juillet 1963, le Chef de Bataillon DE DINECHIN prend le commandement du 30ème B.C.P.
A l'occasion du conflit Algéro-marocain en octobre-novembre, le Bataillon fournit plusieurs fois des escortes de convoi sur COLOMB BECHAR.
1964
Le 15 février 1964, une prise d'armes commémore avec un éclat particulier, le dernier anniversaire de la création du 30ème B.C.P, célébré avant sa dissolution, en présence du Général LECOINTE, Commandant la 4ème Division.
Le 30 mai, le Chef de Corps a tenu à ce que le "Jour du Bataillon", le dernier passé en ALGERIE, revête., une solennité particulière.
A 9 heures, une messe nous réunit autour de l'aumônier de la 4ème Division. Am memento des morts, il exalte par des mots très simples le sacrifice de tous ceux qui depuis 1871 sont tombés partout où s'est illustré le Bataillon.
A 12 heures 30, à l'issue du repas de Corps, le Chef de Bataillon De DINECHIN remercie les Officiers et Sous-Officiers des efforts accomplis depuis seize mois pour que le 30ème soit un de nos plus beaux bataillons. Puis il s'adresse au Commandant RIENDOMANT à qui il remet, au nom de tous, une réduction du Fanion. C'est ensuite à chaque Sous-Officier qu'il donne un souvenir du Bataillon. Le Commandant RIENDONNANT, à son tour, prend la parole et offre au Chef de Corps le fanion du 30ème B.C.P. Le clou de cette journée reste sans conteste, la prise d'Armes de nuit, style son et lumière. Arrivée à 21 heures du Général LECOINTE Commandant la 4ème Division, dont la voiture précédée et suivie de gendarmes en grande tenue, s'avance lentement entre une haie de cent porteurs de torche, s'arrête face au Chef de Corps sous le pinceau précis d'un projecteur. Refrain du 24ème-Marche consulaire-Revue-Projecteurs rasants-Feux de bengale. Le général LECOINTE lit son ordre du jour et termine en souhaitant que le 30ème fasse à nouveau partie de l'Ordre de Bataille Chasseurs et il y travaillera... puis les 150 invités se retrouvent avec les cadres du Corps dans les jardins du Mess des Sous-Officiers où un champagne d'honneur est servi, tandis que l'orchestre, sous la baguette de l'Adjudant Chef MARTRAY se fait entendre une nouvelle fois.
Ce mois de juin, où les activités ont été si nombreuses, variées et partagées entre ARZEW SISSONNE-DONAUESCHINGEN est passé comme l'éclair.
Pendant deux semaines, le quartier SAINT-TROPEZ raisonne des bruits de marteaux et de pinces, les caisses s'entassent, les containers se remplissent à la grande joie du Capitaine TAMAGNY, Major. Plus vite que l'on ne le pensait, arrive le 16 juin, jour où les troupes de la 4ème Division quittent ARZEW pour se rendre au Camp de toile de MERS EL KEBIR en vue de leur embarquement.
Le 16 juin, bien des cœurs sont serrés lorsque le Chef de Corps, après avoir passé l'inspection du Bataillon en tenue de départ, adresse son dernier ordre du jour.
Lentement, les couleurs descendent du mât ; le dernier acte est accompli.. Les regards sont tristes.
A 9 heures, les colonnes s'ébranlent vers ORAN une à une, le Chef de Corps face à la porte les regarde passer, puis le dernier s'en va.
Le Lieutenant DE THOISY, la Fanfare resteront au P.C. du Général et rejoindront le lendemain par mer.
Camp de toile, trois jours de chaleur où le Bataillon embarque son matériel, et le 19 c'est le départ avec le 2ème régiment de Chasseurs d'Afrique à bord de l’El-Djezair.
A 9 heures 30, la fanfare du 30ème B.C.P. et celle du 2ème R.C.A0 accueillent le Général LECOINTE, qui, après avoir passé en revue avec le Général BARLIER les troupes de MERS-EL-KEBIR, monte lentement la coupée de l'El-Djezair…MARSEILLE... le bateau s'éloigne lentement du quai, franchit la passe, tandis qu'au loin s'estompent ORAN, Notre-Dame de SANTA-CRUZ, l'ALGÉRIE.