BATAILLONS DE CHASSEURS

Et des anciens DIABLES BLEUS du 30°BCA, 30°BCP, 30°GC
 
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 Hommage à Henri Larenaudie (52e B.C.A.)

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MessageSujet: Hommage à Henri Larenaudie (52e B.C.A.)   Hommage à Henri Larenaudie (52e B.C.A.) EmptySam 21 Juil 2007 - 13:47

Bonjour à tous,
« Un peu de poésie dans un monde de brutes »… : un hommage (d’époque) en vers à un alpin du 52e B.C.A.
Bonne lecture !

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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Le Petit Diable Bleu

A la mémoire du brave petit héros tulliste,
Henri LARENAUDIE,
Caporal au 52e Bataillon de Chasseurs Alpins, tombé glorieusement au Champ d’Honneur sur la terre d’Alsace.

Ce véridique écho de notre Grande Guerre
Va débuter comme un vieux conte de grand’mère
Pour finir au fracas lugubre du canon…

Il était une fois un bon petit garçon
Qui n’était pas toujours des premiers à l’école ;
Il avait un cœur d’or, mais l’âme un peu frivole ;
Aussi négligeait-il quelquefois ses leçons
Pour courir les grands bois, chasser les papillons,
- C’était si captivant, l’école buissonnière !
Et, quand il s’agissait de jouer à la guerre,
Il était le premier à crier : « En avant ! »
Sa mère lui disait parfois : « Mon cher enfant,
« Tu prends, je crois, d’assez mauvaises habitudes ;
« Il est temps, cependant, de songer aux études,
« Si tu veux être un jour médecin, avocat… »
Mais l’enfant répondait : « Je veux faire un soldat !
« Et, puisque l’on prétend que la guerre est prochaine,
« Quand on « leur » reprendra l’Alsace et la Lorraine,
« Je saurai bien gagner les galons d’officier !
« De solides poumons et des jarrets d’acier,
« Voilà ce qu’il faudra surtout pour notre France ! »
Et ses beaux grands yeux noirs pétillaient de vaillance,
L’enfant avait raison, hélas ! Quand, fin juillet,
L’on apprit que l’impérial coupe-jarret
En Belgique lançait ses hordes menaçantes,
Toutes les âmes se dressèrent frémissantes
Contre les Boches et leur sinistre forfait.
Votre brave petit, au contraire, exultait
En voyant, avec le soleil d’un beau dimanche,
Se lever radieux le jour de la revanche,
Et, dès le lendemain, il courut s’engager,
Il sentait qu’il allait enfin réaliser
Son beau rêve d’enfant, ce beau rêve de gloire :
Être un rude artisan de la sainte victoire !

Le médecin-major le trouva trop petit…
Le malheureux s’en dut retourner, l’air contrit,
Mais jura qu’il saurait développer sa taille
Et qu’il prendrait bien part à la grande bataille.
Et, de fait, il parut grandir en peu de temps.
Même un jour que son Père, ayant trouvé trop grands
Les cheveux qui flottaient sur sa tête fiévreuse,
Exigeait qu’il les fît passer sous la tondeuse,
Il eut un de ces mots héroïques d’enfant
Que la postérité répète en frémissant…
« Jamais, s’écria-t-il, en passant sous la toise,
« Pour ma taille exiguë on me chercherait noise
« Encore, et je ne veux pas faire un embusqué ! »
A la visite, il fut cette fois accepté,
Et vite rejoignit son régiment de ligne.
Il n’eut qu’une pensée, alors : se rendre digne
Des anciens dont à la caserne on contait
Les fiers exploits : il fut un fantassin parfait,
Si bien qu’à ce conscrit, un jour, le capitaine
Fit coudre sur le bras deux beaux galons de laine.
« Il manque à ces galons rouges, couleur de feu,
« Quelque chose, dit-il : le baptême du feu.
« Au plus tôt vers le front je veux qu’on me dirige,
Ne me refusez pas cela, noblesse oblige !
Et, comme on demandait de solides lapins
Pour aller renforcer un bataillon d’Alpins
Qui depuis de longs mois guerroyait en Alsace,
Dans le détachement il réclama sa place.
« Comme on me dit toujours que j’ai le diable au corps
« Je suis tout désigné pour entrer dans le corps
« Des «diables bleus », puisque c’est ainsi qu’on les nomme !
Le chef, ému, sourit : « C’est un vrai petit homme
« Que ce gamin ! Eh bien, conclut-il gravement,
« Tu gagneras là-bas tes galons de sergent,
« Et peut-être, plus tard, la croix et l’épaulette,
« Montre leur que tu n’es pas une femmelette
« A ces Boches maudits, à ces tueurs d’enfants
« Qu’il faudra désormais mener tambours battants ! »

En voyant arriver ce caporal imberbe,
Un vieux briscard lui dit : « Eh ! général en herbe,
« Tu vas t’évanouir au seul bruit des canons ! »
Mais l’enfant, simplement, répliqua : « Nous verrons ! »
Et l’on vit, en effet, que ce n’était point l’âge
Mais un cœur bien trempé qui faisait le courage ;
Car, après le premier combat, il fut promu
Par acclamation au grade de « Poilu »,
Jamais soldat ne fut devant le feu si ferme ;
Il bondit le premier à l’assaut d’une ferme
Qui depuis plus d’un mois résistait à nos coups.
Ensuite, après avoir fouillé les moindres trous
Où le Boche aurait pu cacher quelque embuscade,
Il courut relever un pauvre camarade
Blessé, qu’il rapporta lentement sur son dos.
Sans songer un instant à garantir ses os
De la grêle d’obus, de shrapnells et de balles
Balayant le terrain de sinistres rafales.
Il sortit rayonnant, le petit diable bleu,
De l’horrible ouragan de fer, de plomb, de feu,
Déposa son fardeau tout près de l’ambulance
Pour retourner au feu, criant : « Vive la France ! »
Un autre jour, parti tout seul, il tomba dans
Un groupe de lanceurs de bombes allemands.
Quand leur chef lui cria : « Rends-toi donc, Kamerade ! »
- Et qui commanderait alors mon escouade ?
Riposta le fougueux petit chasseur alpin,
« Tiens, goûte-moi plutôt de ces pruneaux d’Agen ;
« J’en ai, pour tes amis, plein dans ma cartouchière ! »
Le soudard, abattu, vint mordre la poussière,
Et l’on put voir alors, ô spectacle émouvant,
Dix Kolossaux Teutons fuir devant un enfant !

Le général eut vent de sa folle équipée
Et cita le petit à l’ordre de l’armée,
Hélas ! il ne dut pas savourer le bonheur
De voir sur son dolman briller la croix d’honneur…
Car, quelques jours après, au cours d’une bataille,
Comme il fallait porter sous l’atroce mitraille
Des canons ennemis qui vomissaient la mort,
Un ordre du grand chef, d’où dépendait le sort
De tout un régiment perdu dans la fournaise,
Il bondit en avant, chantant la Marseillaise,
Tomba, se releva pour retomber encor,
Put enfin arriver jusqu’à l’état-major,
Lui faire exécuter la manœuvre ordonnée
Et décider ainsi du sort de la journée.
Mais on ne le revit plus à son bataillon…
Pareil au glorieux soldat de Marathon
Tombant après qu’il eut annoncée la victoire,
Sa mort avait servi de rançon à la Gloire,
« C’est fini, je le sens, mais nous sommes vainqueurs,
« Dit-il, en expirant. Chers amis, haut les cœurs !
« Je meurs heureux, rempli de foie et d’espérance...
« Adieu, mère chérie, adieu… C’est pour la France ! »
Et l’héroïque enfant s’endormit pour toujours…

Clairons, sonnez aux champs ! Battez aux champs, tambours,
Incline-toi bien bas, cher drapeau tricolore,
Pour saluer l’enfant mourant à son aurore.
Et toi, petit héros, dans l’immortalité
Accours, avec Lovy, prendre place à côté
De Bara, de Viala, du fier tambour d’Arcole !
Avec émotion, le vieux maître d’école
Contera tes exploits, et, quand il parlera
Du retour de l’Alsace à la France, il dira
Qu’un de ces monts, enfin rendus à la Patrie,
Porte, à présent, le nom d’Henri LARENAUDIE !

Noé BRUSAN

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Le caporal Henri Larenaudie à été tué à Metzeral le 16 juin 1915, à l’âge de 19 ans.
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MessageSujet: Re: Hommage à Henri Larenaudie (52e B.C.A.)   Hommage à Henri Larenaudie (52e B.C.A.) EmptyMar 24 Juil 2007 - 19:40

Bonsoir Eric,
Bravo pour ce texte remarquable !! bravo C'est vraiment l'exemple type de l'élan et de l'esprit chasseur.
SalutS cheers
Amicalement,
Yvick
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