BATAILLONS DE CHASSEURS

Et des anciens DIABLES BLEUS du 30°BCA, 30°BCP, 30°GC
 
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 91° Bataillon de Chasseurs Alpins

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Thierry GUYON
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MessageSujet: 91° Bataillon de Chasseurs Alpins   91° Bataillon de Chasseurs Alpins EmptyVen 10 Mar 2006 - 23:46

91° Bataillon de Chasseurs Alpins


Appellation:
1939: 91e Bataillon de Chasseurs Alpins


Insignes:

91° Bataillon de Chasseurs Alpins 91_0010

Cor ovale avec pavillon à droite et les lettres « NEUF ET UN ».
Au centre, un coq de bruyère la queue en panache.
Création vers 1939
Fabricant : Augis



Chronologie:
1939: Mobilisation du 91e BCA, à Péage-de-Vizille (près de Grenoble), Haute-Savoie (Jussy, Malbuisson, Charly, Andilly, Vulbens)
1940: Haute-Savoie (Vulbens), Ubaye (Les Thuiles, la Lauze, la fresquière, Rioclar), Haute-Durance (la Vachette, Montgenèvre, Fontenil, Briançon, Pas de la Fanfanre, Tête de Fournéous, bois de Sestrières). Repli sur Briançon puis Tournon, Saint-Etienne. Dissolution le 31 juillet 1940

Refrain:
"Les piafs ont bien vu ma figure,
Mais ils n'ont pas vu le trou de mon cul !"


Citations collectives:
- pas de citation
- pas de fourragère


YH & TG

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Apprendre à connaître les anciens, c’est pour les jeunes Chasseurs vouloir les imiter un jour.

" Quand le drapeau avance, il faut le suivre ; quand il tombe, le relever pour le porter toujours plus loin ". Colonel DRIANT


Dernière édition par Thierry GUYON le Dim 11 Jan 2009 - 18:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: 91° Bataillon de Chasseurs Alpins   91° Bataillon de Chasseurs Alpins EmptySam 11 Mar 2006 - 0:03

Origine et formation


Le 91eme BCA est forme le 1er Septembre 1939 a Grenoble. Le Bataillon compte alors 24 officiers, 102 Sous Officiers, 965 hommes de troupes, 12 chevaux, 148 mulets et 23 voitures. Le Chef de Bataillon est le Commandant Desjobert qui vient des réserves.

La drôle de guerre
Le 2 Septembre 1939

Mobilisation generale. Arrivee des reservistes et mise sur pied des unites et du Bataillon. 1 EM, 1 CHR et 3 Compagnies de Fusillier Voltigeurs. 102 Sous officiers et 965 hommes de troupe.

Le 25 novembre 1939
Allocution prononcée par le chef de Bataillon Desjobert commandant le 91 eme BCA, lors de la remise du Fanion au Bataillon au Plan de Saleve : « Officiers, Sous officiers, Caporaux et Chasseurs du 91eme BCA, je vous presente votre fanion.Il est l’image du Drapeau des Chasseurs, il est l’embleme du Bataillon, il represente la France que nous voulons defendre.Saluez le fierement, aimez le, soyez dignes de lui, faites lui toujours honneur.»

Le 3 Avril 1940
Le Bataillon fait etape, par route, d’Embrun a la Roche de Rame sauf la 2 eme Compagnie et 1 section de Mitrailleurs qui sont transportees par camion a Montgenevre.

Le 4 Avril 1940
Le Bataillon fait etape de la Roche de Rame a Briancon ou il cantonne a la caserne Colaud. Le detachement de la 3 eme Compagnie a St Vincent des Forts amene en cars rejoint la colonne.

Le 5 Avril 1940
Le Bataillon fait etape par route. Chaque Compagnie rejoint ses cantonnements. Son stationnement est le suivant : EM a la Vachette (Sous secteur Haute Durance), 1 ere Compagnie CA a la Vachette (Quartier de la Vachette) 2 eme Compagnie : Montgenevre (Quartier de Montgenevre), 3 eme Compagnie au Fontenil (reserve de secteur) CHR a Briancon caserne Colaud, 1 SM a Val des Pres (detache Secteur de la Claree). Le Bataillon reste element de la 47 eme ½ Brigade et releve du General Commandant le SFD (Secteur Fortifie du Dauphine) et par delegation du Lieutenant Colonel Brasset, Commandant la vallee du Brianconnais en ce qui concerne la discipline generale, le dispositif de defense, les travaux, le ravitaillement.

Du 6 au 7 Avril 1940
Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur

Le 8 Avril 1940
Le Chef de Bataillon Desjobert quitte le commandant du Bataillon Le Chef de Bataillon Clauzolles prend le Commandement a la date de ce jour.

Du 9 Avril au 12 Avril 1940
Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur

Du 13 Avril 1940
Prise d’armes a Montegenevre. Allocution du Chef de Bataillon Clauzolles. Au cours de la prise d’armes, l’Adjudant Chef Merlin recoit la Medaille Militaire.

Du 14 Avril au 21 Avril 1940
Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur

Le 22 Avril 1940
La SM quitte Val des Pres et s’installe en reserve aux Alberts

Le 23 Avril 1940
Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur

Du 24 Avril au 24 Mai 1940
Achevement des travaux de secteur, le 20 Mai, occupation du PC de la Lame et des point d’appui.

Le 25 Mai 1940
Les renforts arrivent au Bataillon : 2 Officiers, 5 Sous Officiers, 2 Caporaux et 67 Chasseurs. Le Lieutenant Esperrer est affecte a la CHR, le Sous Lieutenant Teyssier a la 2 eme Compagnie, par suite du depart du Capitaine Steck, le Lieutenant Esperrer prend par interim le Commandant de la CHR.

Le 27 Mai 1940
Inspection du General Beynet, Commandant le Corps d’ Armee, accompagne au General Cyvort, il parcourt le Sous Quartier de Montgenevre.

Du 28 Mai au 2 Juin 1940
Les travaux de défense du Secteur sont poussés activement.
Nota : A dater du 17 Mai, le Capitaine Varenne, Capitaine adjudant Major est charge d’une mission de duree indeterminee, par le General Olry, Commandant l’Armee des Alpes avec residence a Clot Enjaime. Le Lieutenant Mortin le remplace provisoirement au Bataillon.

Opération juin 1940
Le 11 Juin 1940

L’Italie entre en guerre aux cotes de l’Allemagne, les cantonnements sont entierement evacues, nous occupons les ouvrages, le Capitaine Varenne fait sauter les dispositifs de ruines sur la route du Montgenevre et rejoint son poste au Bataillon.

Le 16 Juin 1940
Le Groupe Franc est constitue, il doit se rassembler a la Vachette le 17 sous le Commandement du Lieutenant Morel, Sergent Chef Capelli sous officier adjoint.

Le 17 juin 1940
Premiere journee d’operations actives, les Italiens essaient de s’emparer du groupe de la SES cantonnee au Mont Quitaine ; ils echouent par 2 fois ; dans leur premiere tentative, a 3H20 et dans une seonde tentative a 15H25 : Le tir de notre artillerie chasse l’ennemi de ses positions a 16H, il les reoccupera a la faveur de la nuit ; au cours de cet engagement nous n’avons eu aucune perte et inflige plusieurs blesses aux Italiens. Vers 17H50, l’ennemi repond a notre artillerie par les tirs assez violents sur le Rocher de 10 Heures, Suffin, Sestrieres, le Bloc de Clot Enjaime ; aucun blesse ni aucun degat materiel a signaler.

Le 18 Juin 1940
Journee calme, le Groupe Franc et les SES maintiennent le contact sur les pentes NO du Quitaine, au Collet de Montgenevre et sur les pentes Ouest de la Plane.

Le 19 Juin 1940
Journee calme, on pousse activement les travaux de defense antichar (mines inflammables, fosses, ponts).

Le 20 Juin 1940
Action assez vive de l’Infanterie ennemie sur la ligne de surveillance des Avants Postes. L’attaque debute a 6H40, elle est menee de 3 directions : la Plane, Col de Montgenevre, Mont Quitaine ; les SES se replient en combattant ; l’avance de l’ennemi est genee par les tirs efficaces de notre artillerie et l’action energique du Groupe Morel. L’attaque menee avec vigueur par les Italiens semble enrayee vers 8H26 ; les renforts que l’ennemi essayait d’acheminer sur Montgenevre ont ete decimes par les tirs de notre artillerie et aussi par la resistance obstinee de nos elements avances, en particulier la SES III/159 RIA et le Groupe Franc dont la conduite a ete pour l’un et l’autre au dessus de tout eloge.
A 11H10, le Lieutenant Morel peut signaler du Collet de Montgenevre ou il est en position, que l’ennemi se replie apres avoir subi des pertes sensibles. Aucune perte chez nous. L’action d’artillerie ennemie qui fut tres vive pendant l’attaque s’amplifie vers 11H15 et se poursuit durant toute la journee contre Sestrieres, Suffin, Bloc de Montgenevre et Rocher de 10 Heures. Le telephone, qui avait ete coupe a 10H entre PC 334 et PC Sorlin est retabli a 16H50.
Il est confirme a 17H qu’une dizaine d’Italiens a pu s’infiltrer a travers nos lignes, a hauteur de Clot Enjaime, ils sont pourchasses par 3 patrouilles conduites par le Lieutenant Bonnaure, le Sergent Chef Capelli et le Lieutenant Morel, ces 2 derniers plus heureux que le Lieutenant Bonnaure, encontrent les ennemis et en tuent 5, le reste parmi lesquels plusieurs sont blesses, parvient a se decrocher a la faveur de l’obscurite.
A signaler que le brouillard intense a permis a l’ennemi de s’approcher de tres pres de nos positions et a gene considerablement notre artillerie, de meme qu’il a paralyse dans une certaine mesure l’action de nos armes automatiques.

Le 21 Juin 1940
Action assez violente d’artillerie qui s’est appliquee sur nos positions durant toute la journee, le matin et l’apres midi sur le sous Quartier Montgenevre , l’apres midi sur la Pignee ou nous eumes a enregistrer un mort, le Sergent CHEF et un blesse, le Sergent Chef BONNET-LIGEON tout deux des canons de 25 et 37 de la Cdt 47 eme ½ Brigade. Vers 15H, raid aerien sur Briancon par 15 avions ennemis qui bombardent divers points.

Le 22 Juin 1940
Attaque ennemie sur nos positions d’avant postes, precedee et accompagnee de violents tirs d’artillerie. L’effort Italien est particulierement prononce contre Sestrieres ou il cherche a deborder notre position par les pentes hautes du janus ; il attaque aussi en direction du Rocher de 10 Heures, ou se trouvait le Commandant accompagne du Capitaine Leorat. De PC 336, coupe de toutes ses comunications telephoniques, le Chef de Bataillon, temoin de la manoeuvre de debordement lancee contre Sestrieres envoie un message pour pigeon voyageur qui arrivera sans encombre et donnera l’alarme. L’engagement se poursuit tres dur, sous une puissante action des 2 artilleries. A 16 heures, l’ennemi se replie sans avoir obtenu de resultats et sans avoir pu entamer nos lignes.
Une section du 86 eme BCA qui avait ete mise a la disposition du Bataillon vers 15 heures n’eut pas a intervenir, elle n’arrivera d’ailleurs sur les lieux qu’a 21 heures, alors que l’action etait close depuis longtemps. Le Chef de Bataillon qui avait tenu a se rendre lui meme a Sestrieres pour juger de la situation la conduisit au dessous de Sestrieres Haut ou elle devait rester en reserve pendant 2 jours, sans avoir a participer d’une maniere quelconque aux operations. Au moment ou cette section arrivait a Sestrieres l’on entendit une fusillade en avant de la position, c’etait un accrochage entre une section italienne portee sur les pentes du Janus et le Groupe Franc du Lieutenant Morel ; celui-ci parvient a se retirer sans perte, malgre une position assez defavorable ; quant a l’ennemi, il est a enregistrer deux blesses, et probablement un tue.

Le 23 Juin 1940
Attaque Italienne generalisee sur la ligne de resistance d’avant postes, principalement aux 2 ailes. Le matin, l’ennemi s’avance en force contre nos positions de 10 Heures, Suffin et Sestrieres Haut ; il est repousse aux premieres heures de l’apres midi. A 15H45, l’attaque reprend contre le Rocher de 10 Heures, elle se disloquera sans avoir obtenu de resultat vers 17 Heures. Pour une troisieme fois, a 18H50, l’ennemi tente de deborder par le Nord le Rocher de 10 Heures ; on le voit de la Lame qui edbouche en rangs serres de 2361, se dirigeant sur l’abri Burdy ; notre artillerie d’appui direct qui fit merveille durant toute la journee comme les jours precedents, le cloua sur place et l’obligea a se replier en desordre. Nous enregistrons un eclaireur tue a Suffin et un autre SES 159 RIA blesse a 10 Heures.

Le 24 Juin 1940
A la suite des violentes attaques menées la veille contre nos positions par le 52 eme et le 53 eme Régiment d’Infanterie, la journée est assez calme jusqu’a 13 heures. Nous apprendrons par la suite que ces 2 régiments qui ont attaque nos positions avec opiniâtreté depuis le 20 Juin ont été relevés en fin de matinée par les 67 eme et 68 eme Régiments.
Ceux-ci, remplaçant des unités retirées du combat en raison de l’importance de leurs pertes, devaient nous attaquer avec chars dans la soirée ou dans la journée du 25 Juin 1940. De fait, aux premières heures de l’après midi, nos observatoires d’artillerie avaient signale une colonne de quarante camions lourds se dirigeant vers Clavieres et que l’on supposait transporter des chars.
Sur le champ, notre artillerie lourde prit sous son feu la route de Clavieres et la coupa dans les défiles qui mènent au village. A 15 heures, le Commandant Gignoux, de notre appui direct, demande l’autorisation au SFD de bombarder Montgenèvre qu’il supposait renfermer des chars. Aucune réponse ne nous était parvenue a 19H30, quand nous apprîmes la nouvelle de l’armistice entre la France et l’Italie. Signalons qu’au début de la matinée, le Lieutenant Gastaud était allé en patrouille en avant et au Nord de 10 Heures. Il y trouva un amas de fusils, sacs, havresacs et du matériel des plus divers, abandonnée par l’ennemi pendant son repli ; un mort, portant les écussons du 53 eme Régiment etait accroche dans les réseaux de barbelés ; le lendemain , une patrouille devait trouver en avant de Suffin les corps d’un officier (Lieutenant Cocino Italia) d’un Caporal et de 4 soldats.

Le 25 juin 1940
A 0H35, heure française, l’armistice entre en application, jusqu’a la dernière minute, l’artillerie Italienne qui n’avait pas cesse de bombarder nos positions depuis la veille a 12 heures, déversa sur nous une quantité importante de projectiles sans d’ailleurs nous causer la moindre perte. De bonne heure dans la matinée le Chef de Bataillon se rendit au S O Montgenèvre pour prendre contact avec les autorités italiennes ; en avant de nos lignes, nous pûmes relever un matériel insoupçonné, 8 mortiers, 1 mitrailleuse, de nombreux FM, fusils, sacs de grenades, etc…dans un ravin en avant de Sestrières, un amas de cadavres, transperces de balles de mitrailleuses, gît dans les positions les plus effarantes ; le commandant prend plusieurs photos qui auront par la suite une curieuse histoire. Le ravin, sous le nom de Ravin de la Mort, passera dans l’Historique du Bataillon et celui de la défense de Montgenèvre.

Apres l'armistice
Le 26 Juin 1940

Ordre est reçu par le Bataillon de laisser en place jusqu’a nouvel ordre les unités stationnées dans le Sous Quartier de Montgenèvre ; les autres éléments, sur ordre verbal du Sous Secteur , regagnent leur cantonnement de la Vachette. Dans la soirée, un ordre formel du SFD leur prescrira de faire le lendemain le meme chemin en sens inverse. Nous devons rester sur nos positions de combat.

Le 27 Juin 1940
Tous nos PA, ainsi que le PC de la Lame sont réoccupés ; le transfert du matériel et du personnel est termine a 12 heures ; vers 17 heures, nous recevons l’ordre de rejoindre Briançon en vue de nous embarquer par voie ferree sur une destination inconnue.

Le 28 Juin 1940
Le Bataillon fait route sur Briançon, il cantonne a la caserne Berwick ou il est rejoint tard dans la nuit par la 2 eme Compagnie, la SES, la SM du Lieutenant Bethoux et le Groupe Franc. Ces unités ont du attendre d’être relevées par une Compagnie du 72 eme BAF avant de gagner Briançon.

Par Yvick Herniou

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MessageSujet: Re: 91° Bataillon de Chasseurs Alpins   91° Bataillon de Chasseurs Alpins EmptyJeu 21 Juil 2011 - 9:19

Bonjour à tous,

Quelques lignes sur les 86, 91 et 95 BCA en 40 dans le Briançonnais :


N’en déplaise aux hockeyeurs, ils étaient bien bleus les Diables de Briançon ! Trois Bataillons de chasseurs Alpins sont engagés dans le Briançonnais : les 86, 91 et 95. Le 86° B.C.A. se trouve dans la vallée des Fonts, le 95° B.C.A. stationné des Alberts à Névache en passant par les Acles et enfin le 91° (lire le 9 et 1) B.C.A. qui supportera le gros de l’attaque sur le col de Montgenèvre et qui est positionné du Rocher de dix heures au Janus, ce dernier étant tenu par le 72° Bataillon Alpin de Forteresse (secteur Janus – Chenaillet). En complément du dispositif on trouve les Section d’éclaireurs Skieurs du 159 (lire le 15 9) Régiment d’Infanterie Alpine et les artilleurs du 154 Régiment d’Artillerie de Position.
Les 91° et 95° B.C.A. ont un parcours semblable. Tous deux sont créés en en septembre 1939 à proximité de Vizille et sont constitués de réservistes. Ils seront également dissous en juillet 1940 après les hostilités, soit une durée de vie de moins d’un an tout en ayant parfaitement rempli leur mission de guerre.
Le 95° BCA assure la défense du secteur Guisane – Clarée et installe son PC à Plampinet avant de le transférer au col du Granon. Il tient du nord au sud : Les Acles, les abris de Barrabas et de Charra ; les P.A. de la Reyrarde, de la Lauze et de Plampinet, de l’Infernet ; le blockaus de la Cleyda ; le PA du Plateau des Ecureuils et les P.A. desz Barteaux, de Peyrolle et de Val-des-Prés. Sa mission est « d’interdire l’accès à la crête de Peyrolles et au col des Barteaux en liaison au nord avec le 82° B.A.F. et le 91° B.C.A. au sud.
En contradiction avec les instructions émanant de Paris et répondant en cela à une longue tradition des troupes alpines alliant une parfaite connaissance du terrain, c’est une défense en profondeur avec plusieurs lignes défensives avec la création de Groupe Francs qui est adoptée dans le sous-secteur Haute Durance et qui sera tenue par le 91° B.C.A..
La position se composait de trois lignes : Les avant-postes, à hauteur de Montgenèvre, occupent la crête du Pas de la Fanfare – Tête de Fourneous. Leur mission est d’alerter et retarder les premiers éléments ennemis. La ligne de résistance avancée court du Rocher de Dix Heures passe par le Bois de Suffin, le barrage rapide de Montgenèvre et remonte sur la rive gauche de la Durance à travers le Bois de Sestrières. Le ravitaillement sur le Rocher de Dix heures se faisait par un téléphérique partant des Alberts. La ligne est garnie d’un chapelet de pilules, numérotées de 1 à 20 et appelées « pilulles Briançonnaises ». Les numéros 21 à 50 sont placées sur la ligne de résistance principale. Ces petits blocs de béton, généralement pour deux hommes, sont de différents types et toujours adaptés au terrain et à l’armement qui lui est destiné. Ainsi dans ce secteur trouve t-on des pilules pour mitrailleuses, des observatoires pour périscope, des blocs anti-char pour canon de campagne de 47 mm (l’empreinte des roues est moulée dans le béton afin de pouvoir placer la pièce avec exactitude) et même des blocs S.T.G. pour tourelle démontable dite tourelle Dufieux. Cette ligne devait être complétée par le P.O. inachevé de La Vachette, dont seul le trou du bloc 1 a été creusé et est toujours bien lisible sur le terrain. Les réserves sont stationnées au Fontenil. Enfin, au Granon et sur les contrepentes de l’Infernet, sont placées les pièces d’artillerie du 154 R.A.P. en arrière du dispositif. Le PC du quartier est situé au PC de La Lame.
Quand ils arrivent sur site, en avril 1940, les 91° et 95° vont continuer les travaux de mise en défense du secteur commencés par les unités qui se sont succédées depuis 1939. Du barbelé est posé en avant de toutes les lignes, les champs de tir sont dégagés, les champs de mines sont établis et des rails anti-char sont plantés en avant du barrage rapide (et de part et d’autre de la Durance). On retrouve la trace des unités et des hommes dans de nombreux graffitis gravés dans le béton au moment du coulage des blocs. Tout est prêt quand l’Italie déclare la guerre à la France « volant au secours de la victoire allemande » comme l’écrivent nos soldats. Malgré une météo exécrable et des conditions spartiates, nos soldats sont relativement bien lotis. Ils sont logés dans des abris tôle métro, chauffés par un petit poêle à bois et le bois de Suffin Haut possède son antenne médicale, sous les ordres du médecin auxiliaire Fleury.
Dans un premier temps et dans une certaine précipitation toute la population civile est évacuée des zones de combat (vallée de la Clarée et Montgenèvre) et le capitaine Varenne fait sauter les mines prédisposées sur la route du col de Montgenèvre en deux endroits. Il est fait de même au col de l’Echelle et aux Aittes. Peu d’actions pendant les premiers jours, d’autant que le commandement a interdit toute incursion en territoire italien. Alors, pour se faire la main, la S.E.S. III du 159° R.I.A. organise, avec succès, une action contre un troupeau de moutons égarés dans les pâturages.
Les premières hostilités se feront les 13 et 14 juin avec comme objectif le Chenaillet qui fera l’objet d’une sollicitude toute particulière de la part des forces italiennes. La neige qui le recouvre toujours, en est noircie par la fumée. Les italiens s’aventurent en territoire français du côté des Acles et sont promptement renvoyés chez eux par l’artillerie française dont l’efficacité aura été exemplaire tout au long de ces deux semaines de combats.
La première journée d’opérations actives n’aura lieu que le 17 juin. Les S.E.S. installés au Mont Quitaine sont fortement pris à partie et les italiens tentent à plusieurs reprises d’enlever, sans succès, la position. Tout le secteur est copieusement bombardé par l’artillerie ennemie qui essaye d’atteindre le barrage rapide, mais son tir sans précision n’occasionne pas de dégâts. Dans le secteur des Acles, les combats sont engagés entre les italiens et le 95° B.C.A. qui ce repliera ensuite. Au cours des deux jours suivants, il contrattaquera et reprendra le blockhaus de La Cleyda.
Profitant d’une journée relativement calme, les travaux de défense anti-char sont renforcés le 19 en avant de la ligne principale de défense car la première attaque italienne d’importance se prépare, comme ont pu le remarquer nos observateurs à travers la forte concentration de troupes et de véhicules à Clavière. Elle débute à 6h40 le matin du 20 dans trois directions : le Mont Quitaine, le col de Montgenèvre et le bois de Prairial. Malgré un brouillard intense, l’efficacité de notre artillerie, conjuguée à la résistance obstinée de la S.E.S. III / 159° et du G.F. en position avancée, interdiront aux italiens d’aller au-delà des abords Est du village. Ils subiront de lourdes pertes alors qu’aucune n’est à déplorer côté français.
La journée suivante du 21 verra le formidable duel d’artillerie entre le Chaberton, « le cuirassé des nuages » et la compagnie de 4 mortiers Schneider de 280 mm du lieutenant Miguet qui espérait le rendre au silence en 250 coups …Erreur manifeste : 53 coups suffiront à détruire 6 des 8 tourelles ce qui fera dire aux Italiens : « Quand nous avons vu le Chaberton tomber, nous avons su que nous ne passerions pas ».
Les combats du Rocher de Dix Heures seront violents et notamment ceux du 22 et de la triste fin de dizaines d’Italiens pris sous le feu du caporal Margueron qui effectue un tir remarquable de précision au F.M. avec une hausse de 1100 à 1200 mètres. Le vallon en question, au dessus du bois de Sestrières, s’appelle désormais le Vallon de la Mort ou Vallon des Italiens. Un message italien sera intercepté par notre service de renseignement en fin de journée : «Petite Doire - Situation inchangée – Nouvelle tentative avance immédiatement interrompue par artillerie et mitrailleuses –Lignes téléphoniques complètement coupées – Giordini »
250 chars et 40 camions lourds italiens se dirigent vers Clavière et pendant les deux jours qui suivirent et ce jusqu’à l’entrée en vigueur de l’armistice, les italiens renouvelleront à plusieurs reprises leurs tentatives sans plus de succès, stoppés par notre artillerie et l’opiniâtreté des Diables Bleus. Quelques 8400 obus italiens tomberont sur le bois de Sestrières et les pentes du Janus durant les cinq derniers jours. Nos artilleurs ne seront pas en reste puisqu’ils videront leurs caisses dans les dernières heures d’un conflit qui n’aura été qu’un prélude. Les hostilités cessent le 25 juin à 0h35 alors que nos lignes sont intactes.
Dans les semaines qui suivent les chasseurs seront regroupés au quartier Berwick de Briançon puis retirés vers les arrières. Les bataillons seront dissous à la fin du mois de juillet 1940. Sous le commandement du Général Olry, dont les troupes stoppent l’avancée allemande au nord (combats de Voreppe notamment) et maintiennent l’intégrité du territoire national à l’Est face à l’Italie, l’Armée des Alpes n’a pas failli et nos livres et manuels d’histoire devraient aussi s’en souvenir. Au col de Montgenèvre, avec moins de 250 chasseurs engagés sur le terrain, le 91° B.C.A. composé exclusivement de réservistes tiendra tête de la plus belle des manières à la principale offensive en Dauphiné. Les clés de ce succès tiennent dans l’efficacité du renseignement français, une artillerie performante et très bien utilisée et une parfaite connaissance du combat en montagne dont feu le C.N.A.M. était l’héritier.

Franck M.
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MessageSujet: Re: 91° Bataillon de Chasseurs Alpins   91° Bataillon de Chasseurs Alpins EmptyJeu 21 Juil 2011 - 18:47

Bonjour Franck,
Merci pour ces compléments d'informations intéressants !
Cordialement,
Yvick
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