Origine et formation
Le 91eme BCA est forme le 1er Septembre 1939 a Grenoble. Le Bataillon compte alors 24 officiers, 102 Sous Officiers, 965 hommes de troupes, 12 chevaux, 148 mulets et 23 voitures. Le Chef de Bataillon est le Commandant Desjobert qui vient des réserves.
La drôle de guerre
Le 2 Septembre 1939Mobilisation generale. Arrivee des reservistes et mise sur pied des unites et du Bataillon. 1 EM, 1 CHR et 3 Compagnies de Fusillier Voltigeurs. 102 Sous officiers et 965 hommes de troupe.
Le 25 novembre 1939Allocution prononcée par le chef de Bataillon Desjobert commandant le 91 eme BCA, lors de la remise du Fanion au Bataillon au Plan de Saleve : « Officiers, Sous officiers, Caporaux et Chasseurs du 91eme BCA, je vous presente votre fanion.Il est l’image du Drapeau des Chasseurs, il est l’embleme du Bataillon, il represente la France que nous voulons defendre.Saluez le fierement, aimez le, soyez dignes de lui, faites lui toujours honneur.»
Le 3 Avril 1940Le Bataillon fait etape, par route, d’Embrun a la Roche de Rame sauf la 2 eme Compagnie et 1 section de Mitrailleurs qui sont transportees par camion a Montgenevre.
Le 4 Avril 1940Le Bataillon fait etape de la Roche de Rame a Briancon ou il cantonne a la caserne Colaud. Le detachement de la 3 eme Compagnie a St Vincent des Forts amene en cars rejoint la colonne.
Le 5 Avril 1940Le Bataillon fait etape par route. Chaque Compagnie rejoint ses cantonnements. Son stationnement est le suivant : EM a la Vachette (Sous secteur Haute Durance), 1 ere Compagnie CA a la Vachette (Quartier de la Vachette) 2 eme Compagnie : Montgenevre (Quartier de Montgenevre), 3 eme Compagnie au Fontenil (reserve de secteur) CHR a Briancon caserne Colaud, 1 SM a Val des Pres (detache Secteur de la Claree). Le Bataillon reste element de la 47 eme ½ Brigade et releve du General Commandant le SFD (Secteur Fortifie du Dauphine) et par delegation du Lieutenant Colonel Brasset, Commandant la vallee du Brianconnais en ce qui concerne la discipline generale, le dispositif de defense, les travaux, le ravitaillement.
Du 6 au 7 Avril 1940Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur
Le 8 Avril 1940Le Chef de Bataillon Desjobert quitte le commandant du Bataillon Le Chef de Bataillon Clauzolles prend le Commandement a la date de ce jour.
Du 9 Avril au 12 Avril 1940Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur
Du 13 Avril 1940Prise d’armes a Montegenevre. Allocution du Chef de Bataillon Clauzolles. Au cours de la prise d’armes, l’Adjudant Chef Merlin recoit la Medaille Militaire.
Du 14 Avril au 21 Avril 1940Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur
Le 22 Avril 1940La SM quitte Val des Pres et s’installe en reserve aux Alberts
Le 23 Avril 1940Le Bataillon execute les travaux de defense du secteur
Du 24 Avril au 24 Mai 1940Achevement des travaux de secteur, le 20 Mai, occupation du PC de la Lame et des point d’appui.
Le 25 Mai 1940Les renforts arrivent au Bataillon : 2 Officiers, 5 Sous Officiers, 2 Caporaux et 67 Chasseurs. Le Lieutenant Esperrer est affecte a la CHR, le Sous Lieutenant Teyssier a la 2 eme Compagnie, par suite du depart du Capitaine Steck, le Lieutenant Esperrer prend par interim le Commandant de la CHR.
Le 27 Mai 1940Inspection du General Beynet, Commandant le Corps d’ Armee, accompagne au General Cyvort, il parcourt le Sous Quartier de Montgenevre.
Du 28 Mai au 2 Juin 1940Les travaux de défense du Secteur sont poussés activement.
Nota : A dater du 17 Mai, le Capitaine Varenne, Capitaine adjudant Major est charge d’une mission de duree indeterminee, par le General Olry, Commandant l’Armee des Alpes avec residence a Clot Enjaime. Le Lieutenant Mortin le remplace provisoirement au Bataillon.
Opération juin 1940
Le 11 Juin 1940L’Italie entre en guerre aux cotes de l’Allemagne, les cantonnements sont entierement evacues, nous occupons les ouvrages, le Capitaine Varenne fait sauter les dispositifs de ruines sur la route du Montgenevre et rejoint son poste au Bataillon.
Le 16 Juin 1940Le Groupe Franc est constitue, il doit se rassembler a la Vachette le 17 sous le Commandement du Lieutenant Morel, Sergent Chef Capelli sous officier adjoint.
Le 17 juin 1940Premiere journee d’operations actives, les Italiens essaient de s’emparer du groupe de la SES cantonnee au Mont Quitaine ; ils echouent par 2 fois ; dans leur premiere tentative, a 3H20 et dans une seonde tentative a 15H25 : Le tir de notre artillerie chasse l’ennemi de ses positions a 16H, il les reoccupera a la faveur de la nuit ; au cours de cet engagement nous n’avons eu aucune perte et inflige plusieurs blesses aux Italiens. Vers 17H50, l’ennemi repond a notre artillerie par les tirs assez violents sur le Rocher de 10 Heures, Suffin, Sestrieres, le Bloc de Clot Enjaime ; aucun blesse ni aucun degat materiel a signaler.
Le 18 Juin 1940Journee calme, le Groupe Franc et les SES maintiennent le contact sur les pentes NO du Quitaine, au Collet de Montgenevre et sur les pentes Ouest de la Plane.
Le 19 Juin 1940Journee calme, on pousse activement les travaux de defense antichar (mines inflammables, fosses, ponts).
Le 20 Juin 1940Action assez vive de l’Infanterie ennemie sur la ligne de surveillance des Avants Postes. L’attaque debute a 6H40, elle est menee de 3 directions : la Plane, Col de Montgenevre, Mont Quitaine ; les SES se replient en combattant ; l’avance de l’ennemi est genee par les tirs efficaces de notre artillerie et l’action energique du Groupe Morel. L’attaque menee avec vigueur par les Italiens semble enrayee vers 8H26 ; les renforts que l’ennemi essayait d’acheminer sur Montgenevre ont ete decimes par les tirs de notre artillerie et aussi par la resistance obstinee de nos elements avances, en particulier la SES III/159 RIA et le Groupe Franc dont la conduite a ete pour l’un et l’autre au dessus de tout eloge.
A 11H10, le Lieutenant Morel peut signaler du Collet de Montgenevre ou il est en position, que l’ennemi se replie apres avoir subi des pertes sensibles. Aucune perte chez nous. L’action d’artillerie ennemie qui fut tres vive pendant l’attaque s’amplifie vers 11H15 et se poursuit durant toute la journee contre Sestrieres, Suffin, Bloc de Montgenevre et Rocher de 10 Heures. Le telephone, qui avait ete coupe a 10H entre PC 334 et PC Sorlin est retabli a 16H50.
Il est confirme a 17H qu’une dizaine d’Italiens a pu s’infiltrer a travers nos lignes, a hauteur de Clot Enjaime, ils sont pourchasses par 3 patrouilles conduites par le Lieutenant Bonnaure, le Sergent Chef Capelli et le Lieutenant Morel, ces 2 derniers plus heureux que le Lieutenant Bonnaure, encontrent les ennemis et en tuent 5, le reste parmi lesquels plusieurs sont blesses, parvient a se decrocher a la faveur de l’obscurite.
A signaler que le brouillard intense a permis a l’ennemi de s’approcher de tres pres de nos positions et a gene considerablement notre artillerie, de meme qu’il a paralyse dans une certaine mesure l’action de nos armes automatiques.
Le 21 Juin 1940Action assez violente d’artillerie qui s’est appliquee sur nos positions durant toute la journee, le matin et l’apres midi sur le sous Quartier Montgenevre , l’apres midi sur la Pignee ou nous eumes a enregistrer un mort, le Sergent CHEF et un blesse, le Sergent Chef BONNET-LIGEON tout deux des canons de 25 et 37 de la Cdt 47 eme ½ Brigade. Vers 15H, raid aerien sur Briancon par 15 avions ennemis qui bombardent divers points.
Le 22 Juin 1940Attaque ennemie sur nos positions d’avant postes, precedee et accompagnee de violents tirs d’artillerie. L’effort Italien est particulierement prononce contre Sestrieres ou il cherche a deborder notre position par les pentes hautes du janus ; il attaque aussi en direction du Rocher de 10 Heures, ou se trouvait le Commandant accompagne du Capitaine Leorat. De PC 336, coupe de toutes ses comunications telephoniques, le Chef de Bataillon, temoin de la manoeuvre de debordement lancee contre Sestrieres envoie un message pour pigeon voyageur qui arrivera sans encombre et donnera l’alarme. L’engagement se poursuit tres dur, sous une puissante action des 2 artilleries. A 16 heures, l’ennemi se replie sans avoir obtenu de resultats et sans avoir pu entamer nos lignes.
Une section du 86 eme BCA qui avait ete mise a la disposition du Bataillon vers 15 heures n’eut pas a intervenir, elle n’arrivera d’ailleurs sur les lieux qu’a 21 heures, alors que l’action etait close depuis longtemps. Le Chef de Bataillon qui avait tenu a se rendre lui meme a Sestrieres pour juger de la situation la conduisit au dessous de Sestrieres Haut ou elle devait rester en reserve pendant 2 jours, sans avoir a participer d’une maniere quelconque aux operations. Au moment ou cette section arrivait a Sestrieres l’on entendit une fusillade en avant de la position, c’etait un accrochage entre une section italienne portee sur les pentes du Janus et le Groupe Franc du Lieutenant Morel ; celui-ci parvient a se retirer sans perte, malgre une position assez defavorable ; quant a l’ennemi, il est a enregistrer deux blesses, et probablement un tue.
Le 23 Juin 1940Attaque Italienne generalisee sur la ligne de resistance d’avant postes, principalement aux 2 ailes. Le matin, l’ennemi s’avance en force contre nos positions de 10 Heures, Suffin et Sestrieres Haut ; il est repousse aux premieres heures de l’apres midi. A 15H45, l’attaque reprend contre le Rocher de 10 Heures, elle se disloquera sans avoir obtenu de resultat vers 17 Heures. Pour une troisieme fois, a 18H50, l’ennemi tente de deborder par le Nord le Rocher de 10 Heures ; on le voit de la Lame qui edbouche en rangs serres de 2361, se dirigeant sur l’abri Burdy ; notre artillerie d’appui direct qui fit merveille durant toute la journee comme les jours precedents, le cloua sur place et l’obligea a se replier en desordre. Nous enregistrons un eclaireur tue a Suffin et un autre SES 159 RIA blesse a 10 Heures.
Le 24 Juin 1940A la suite des violentes attaques menées la veille contre nos positions par le 52 eme et le 53 eme Régiment d’Infanterie, la journée est assez calme jusqu’a 13 heures. Nous apprendrons par la suite que ces 2 régiments qui ont attaque nos positions avec opiniâtreté depuis le 20 Juin ont été relevés en fin de matinée par les 67 eme et 68 eme Régiments.
Ceux-ci, remplaçant des unités retirées du combat en raison de l’importance de leurs pertes, devaient nous attaquer avec chars dans la soirée ou dans la journée du 25 Juin 1940. De fait, aux premières heures de l’après midi, nos observatoires d’artillerie avaient signale une colonne de quarante camions lourds se dirigeant vers Clavieres et que l’on supposait transporter des chars.
Sur le champ, notre artillerie lourde prit sous son feu la route de Clavieres et la coupa dans les défiles qui mènent au village. A 15 heures, le Commandant Gignoux, de notre appui direct, demande l’autorisation au SFD de bombarder Montgenèvre qu’il supposait renfermer des chars. Aucune réponse ne nous était parvenue a 19H30, quand nous apprîmes la nouvelle de l’armistice entre la France et l’Italie. Signalons qu’au début de la matinée, le Lieutenant Gastaud était allé en patrouille en avant et au Nord de 10 Heures. Il y trouva un amas de fusils, sacs, havresacs et du matériel des plus divers, abandonnée par l’ennemi pendant son repli ; un mort, portant les écussons du 53 eme Régiment etait accroche dans les réseaux de barbelés ; le lendemain , une patrouille devait trouver en avant de Suffin les corps d’un officier (Lieutenant Cocino Italia) d’un Caporal et de 4 soldats.
Le 25 juin 1940A 0H35, heure française, l’armistice entre en application, jusqu’a la dernière minute, l’artillerie Italienne qui n’avait pas cesse de bombarder nos positions depuis la veille a 12 heures, déversa sur nous une quantité importante de projectiles sans d’ailleurs nous causer la moindre perte. De bonne heure dans la matinée le Chef de Bataillon se rendit au S O Montgenèvre pour prendre contact avec les autorités italiennes ; en avant de nos lignes, nous pûmes relever un matériel insoupçonné, 8 mortiers, 1 mitrailleuse, de nombreux FM, fusils, sacs de grenades, etc…dans un ravin en avant de Sestrières, un amas de cadavres, transperces de balles de mitrailleuses, gît dans les positions les plus effarantes ; le commandant prend plusieurs photos qui auront par la suite une curieuse histoire. Le ravin, sous le nom de Ravin de la Mort, passera dans l’Historique du Bataillon et celui de la défense de Montgenèvre.
Apres l'armistice
Le 26 Juin 1940Ordre est reçu par le Bataillon de laisser en place jusqu’a nouvel ordre les unités stationnées dans le Sous Quartier de Montgenèvre ; les autres éléments, sur ordre verbal du Sous Secteur , regagnent leur cantonnement de la Vachette. Dans la soirée, un ordre formel du SFD leur prescrira de faire le lendemain le meme chemin en sens inverse. Nous devons rester sur nos positions de combat.
Le 27 Juin 1940Tous nos PA, ainsi que le PC de la Lame sont réoccupés ; le transfert du matériel et du personnel est termine a 12 heures ; vers 17 heures, nous recevons l’ordre de rejoindre Briançon en vue de nous embarquer par voie ferree sur une destination inconnue.
Le 28 Juin 1940Le Bataillon fait route sur Briançon, il cantonne a la caserne Berwick ou il est rejoint tard dans la nuit par la 2 eme Compagnie, la SES, la SM du Lieutenant Bethoux et le Groupe Franc. Ces unités ont du attendre d’être relevées par une Compagnie du 72 eme BAF avant de gagner Briançon.
Par Yvick Herniou