BATAILLONS DE CHASSEURS

Et des anciens DIABLES BLEUS du 30°BCA, 30°BCP, 30°GC
 
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MessageSujet: DONON   DONON EmptyMar 14 Aoû 2007 - 20:04

bonsoir à tous,
Aujourd'hui sortie terrain sur les traces des 21e et 1er BCP au Donon et à Wisches
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avec les amis éric (bca/bcp) et Alexandre (Diable bleu)
avec un remerciement spécial à la photographe (Romane ma fille 8 ans)
qu'on a fait crapahuter et qui dormait dans la voiture au retour
amicalement
pascal
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MessageSujet: Re: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 9:37

Bonjour à tous,
Bonjour Pascal (et salut Eric ;) ),
Au cas où... l'excellent témoignage du sous-lieutenant Dalanzy, du 21e BCP, sur les combats du Donon :
http://www.abri-memoire.eu/ul/pdf/hwk_6.pdf

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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MessageSujet: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 9:49

bonjour éric et bonjour à tous,
Ta page ne s'ouvre pas, dommage!

amicalement
pascal
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MessageSujet: Re: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 19:07

Bonsoir Pascal,
Dommage, en effet. Je copie-colle le texte ci-dessous -en trois fois, pour cause de "longueur"...- sans la carte à main levée qui le clôturait (tant pis).

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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Les combats des 20 et 21 août 1914 au Petit Donon
décrits par un survivant, le sous-lieutenant Dalanzy, du 21e B.C.P.


Le sous-lieutenant Dalanzy, qui a participé aux combats du Donon, n’avait pas eu l’occasion de remonter au sommet du Petit Donon depuis 1914. Cette ascension, qui lui est assez pénible du fait qu’il a été amputé d’un pied par suite de blessures de guerre, a cependant pu être réalisée récemment.

Lorsqu’on arrive au sommet, on trouve, gravée sur la pierre même du Petit Donon, une inscription en allemand dont voici le texte :

„ Zum ewigem Gedachnis der, am 21 august 1914 hier gefallenen siegreichen deutschen soldaten der 40, 109, 111, 119, 120 R.I.R. und 4 kom. des 13 pion. Batt (Gefr. Gebharet)“

Voici la traduction historique de ce document en français :

« A la mémoire éternelle des soldats allemands tombés ici victorieux le 21 août 1914. Ces soldats appartenaient aux 40e, 109e, 111e, 119e et 120e régiments d’infanterie de réserve et à 4 compagnies du 13e bataillon du génie »

Voici les faits consignés dans les mémoires du sous-lieutenant Dalanzy :

« Cette inscription m’a permis de constater d’une part qu’il n’y est pas fait mention des combats qui se sont déroulés le 20 août 1914, au même endroit et, d’autre part, que les troupes françaises qui ont été engagées le 20 et le 21 août 1914 ont eu affaire à un ennemi très supérieur en nombre, même si les régiments mentionnés n’étaient pas au complet, ce qui est improbable, car alors on y aurait fait allusion à des bataillons.

Comme suite à cette constatation, je me suis décidé à relater la partie de la bataille du Petit Donon qui m’est bien connue parce que j’y ai assisté.

La bataille du Petit Donon peut se diviser en deux parties :

1) La bataille du 20 août où le 21e Bataillon de Chasseurs à Pied a joué le rôle essentiel et dont la date n’est pas mentionnée sur la pierre du Petit Donon, parce que les combats de cette journée n’auraient pas permis au graveur d’employer le mot « victorieux », le sommet du Petit Donon étant encore occupé par les Chasseurs à la tombée de la nuit du 20 au 21 août. C’est sur cette partie de la bataille que nous insisterons.

2) La bataille du 21 août, que nous résumerons, en insistant surtout sur ce que nous en avons vu.

Avant d’aborder la description des batailles du Petit Donon, rappelons que le 21e Bataillon de Chasseurs à Pied faisait partie de la brigade du général Barbade avec les 17e et 20e Bataillons de Chasseurs et avec le 17e régiment d’infanterie. Le 21e Bataillon de Chasseurs avait occupé le massif du Petit Donon dès le 13 août. La Brigade du général Barbade faisait partie de l’armée du général Dubail, dont le but était identique à celui de l’armée du général de Castelnau, opérant en Lorraine, et à celui de l’armée du général Pau, opérant en Alsace. Ce but était une avance de nos armées en Alsace-Lorraine.


Dès le 18 août, une partie du 21e Corps d’Armée faisant partie de l’armée Dubail, avait progressé à l’ouest du massif du Donon dans les vallées de la Sarre Rouge et de la Sarre Blanche, en direction de Saint-Quirin et d’Abreschwiller. Il s’agissait de plusieurs bataillons de Chasseurs à Pied et de deux régiments d’infanterie. Ils avaient été suivis de groupes appartenant à deux régiments d’artillerie.

Une deuxième partie du 21e Corps d’Armée, avait d’après ouï dire, progressé en direction d’Hurbach, venant de Schirmeck, par la vallée de la Bruche. Ces éléments comprenaient, en particulier, plusieurs bataillons de Chasseurs à pied, ainsi qu’un ou deux régiments d’infanterie.


Le 21e B.C.P. au massif du Donon

Le 21e Bataillon de Chasseurs à Pied, sous le commandement du commandant Rauch, avait été désigné pour assumer la défense du massif du Donon.

Ce massif comprend deux éléments : le Grand Donon qui culmine à 1.010 mètres et le Petit Donon, plus au Nord, qui a son sommet à 964 mètres. La carte jointe montre l’importance de cette position.

Le col du grand Donon permettait aux troupes venant de France de pénétrer en Alsace-Lorraine dans les deux vallées de la Sarre, d’une part, et d’autre part, dans la vallée de la Bruche, c’est-à-dire vers le Rhin par la route qui descend du col vers Schirmeck. Notons qu’on pouvait également accéder à Schirmeck depuis Saint-Dié sur la Meurthe par Provenchères et Saâles.

A l’inverse, si les troupes allemandes occupaient le Donon et son col, elles pouvaient pénétrer en France par la vallée de la Plaine vers Raon-l’Etape sur la Meurthe, et par le petit col du Prayé et de la vallée du Rabodeau vers Etival, sur la Meurthe également.

A mi-chemin de la vallée de la Plaine, le petit col de la Chapelotte permet l’accès vers Badonviller et Lunéville et à mi-chemin de la vallée du Rabodeau, le col de Hantz permet l’accès vers Schirmeck et Saâles.

Ces quelques données géographiques expliquent pourquoi l’état-major allemand comme l’état-major français considéraient la position des deux Donon comme très importante. La pièce principale de cet ensemble était le sommet du Petit Donon qui fut l’enjeu des batailles des 20 et 21 août 1914.

Au moment de l’offensive du 21e Corps d’Armée, le 18 août, le commandant Rauch, chargé de la défense du Petit Donon avec son 21e Bataillon de Chasseurs avait donné les positions suivantes aux 6 compagnies de son bataillon (se reporter à la carte ci-contre).

La 3e compagnie commandée par le capitaine Gaitet, occupait les pentes du Fallenberg, à l’ouest du Petit Donon, en bordure de la route de la vallée de la Sarre Rouge, ainsi que la cote 707.

La 6e compagnie, commandée par le capitaine Zuber, était plus spécialement chargée de la défense du Petit Donon.

La 2e compagnie, avec le capitaine Francillard, était postée sur la petite route, peu carrossable, qui relie entre les deux Donon les vallées de la Sarre avec la route allant vers la vallée de la Bruche, par Schirmeck.

Les autres compagnies : la première, avec le capitaine Serenis, la quatrième avec le capitaine Lapointe, la cinquième avec le capitaine Cunk, étaient chargées de la défense du sud du Grand Donon et de la route venant de Schirmeck.

Telles étaient les positions occupées, dès le 19 août, par les divers éléments du 21e Chasseurs à Pied.

Notons qu’à ce moment, tous les officiers et le commandant du 21e Bataillon pensaient que les troupes engagées par le 21e Corps d’Armée en direction d’Alsace-Lorraine, avaient poursuivi leur mouvement sans avoir été nettement arrêtées.


Combats du Petit Donon le 20 août 1914

Dans la journée du 19 août, de nouveaux éléments étaient passés en direction des vallées de la Sarre et en particulier le 61e Bataillon de Chasseurs qui était le bataillon de réserve du 21e Bataillon. Ce bataillon était commandé par le capitaine Bernard.

De nombreux convois de vivres, de munitions, des ambulances et des hôpitaux de campagne avaient suivi vers la vallée de la Sarre Blanche. Dans l’après-midi de cette même journée, une compagnie ennemie avait été signalée vers la baraque des chasseurs, c’est-à-dire au pied des pentes au Nord du Petit Donon et du Fallenberg. La première section sous le commandement du lieutenant Fumay, était montée au sommet du Fallenberg et elle y passera la nuit, tandis que le reste de la compagnie bivouaquait au bas de la pente Sud du Petit Donon, près de la route du col séparant les deux Donon.
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MessageSujet: Re: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 19:09

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L’ennemi approche

Dans la soirée du 19 août, la deuxième section commandée par l’adjudant-chef Glenzinger, était montée rejoindre la section du lieutenant Fumay, pour bivouaquer avec elle. La nuit se passera sans incident, mais le 20 août vers midi, le lieutenant Fumay signalait l’arrivée, sur la route de la vallée de la Sarre Rouge, d’un peloton de uhlans et d’une troupe d’infanterie. Cette dernière semblait vouloir prendre comme direction la crête entre le Fallenberg et le Petit Donon. Cette indication nous parvient au moment du repas de midi. Elle décida le capitaine Zuber à faire monter le reste de la compagnie sur la crête, où étaient déjà deux sections.

Au sommet, les dispositions suivantes furent prises aussitôt :

La 2e section avec l’adjudant-chef Glenzinger eut pour mission de défendre le sommet du Fallenberg.

La 3e section avec le sous-lieutenant Montenot, se posta au sommet du Petit Donon dont les rochers forment un véritable bastion.

La 1ère section avec le lieutenant Fumay eut pour mission de défendre le petit col entre le Fallenberg et le Petit Donon. Un sentier relie sur la crête le Fallenberg et le Petit Donon.

C’est immédiatement au-dessous de ce sentier vers le Sud, à peu de distance de la 1ère section qui occupait le col, que prit position la 4e section avec le capitaine Zuber et le sous-lieutenant Dalanzy.

Cette 4e section, par sa position, pouvait se porter rapidement vers l’une ou l’autre des trois sections en première ligne à laquelle son appui serait jugé nécessaire.


Premier bombardement

Dès midi, l’artillerie allemande avait déclenché un intense bombardement sur toute la crête occupée par la 6e compagnie. Le bombardement dura 5 heures. Les obus pleuvaient de tous côtés, écrasant les sapins qui s’écroulaient avec des craquements sinistres. Les éclats minuscules de shrapnels ne causèrent heureusement pas de grosses pertes car la plupart des Chasseurs s’étaient placés de manière à pouvoir tirer, tout en étant protégés par les rochers. Seule, la 1ère section perdit 8 hommes. A la 4e, un seul Chasseur fut touché par un éclat à la cuisse.

Vers 5 heures, le bombardement cessa pour permettre aux colonnes ennemies de s’ébranler en direction des sommets. De tous côtés, des bruits de fanfares nous indiquent que le mouvement en avant se poursuit dans la pente. En général, peu de cris, puis tout semble rentrer dans l’ordre.

Nos tirailleurs interprètent mal ces instants trompeurs. Ils croient avoir, par leurs feux nourris, arrêté l’ennemi, alors que celui-ci continue de progresser lentement en profitant de l’abri des sapinières et des rochers qui le dissimulent.

Les renseignements reçus de quelques Chasseurs placés en avant nous donnent l’impression d’une masse ennemie très importante et, de toute manière, très supérieure à l’ensemble de nos éléments de défense. Toutefois, nous ignorons toujours sur quelle partie de la crête l’ennemi va porter son effort principal.

Tout à coup, des cris et des « hourras » nous arrivent du sommet du Petit Donon. Des Chasseurs en descendent le sentier, courant et criant « les Allemands sont au Petit Donon, où notre chef est tué ».

C’est en effet de ce côté que s’est porté le gros de l’attaque. Le sous-lieutenant Montenot a tout de suite été tué d’une balle dans la tête et ses hommes affolés ont abandonné la position.

C’est pour nous le moment d’intervenir.

Le capitaine Zuber me fait un signe et me donne un ordre que je répète à mes Chasseurs « baïonnette au canon ». Je rallie les Chasseurs de la 3e section, je les joints à mes hommes et toute cette masse, baïonnette en avant, se lance dans le sentier qui conduit au Petit Donon. Il y a là plus d’une centaine d’hommes avec, en tête, revolver au poing, le capitaine Zuber et le sous-lieutenant Dalanzy.

Comme un torrent, nous roulons dans l’étroite sente déjà occupée partiellement par les Allemands. Nous fonçons dessus à la baïonnette. Tous les hommes se lancent héroïquement sur la masse ennemie qui ne s’attendait pas à ce revirement. Beaucoup de soldats tombent de tous côtés, mais presque aussitôt le choc tourne à notre avantage et les Allemands fuient dans la descente de la pente Nord du Petit Donon. Autour de moi, beaucoup de mes Chasseurs sont tués ou blessés.

Le sergent Bardin, un de mes meilleurs sous-officiers rengagés du bataillon, est tombé un des premiers. C’était le type du parfait Chasseur. Il inspirait une confiance absolue à ses hommes qui avaient pour lui un véritable culte.

La charge se poursuit rapidement. De tous côtés, l’ennemi a lâché pied, abandonnant de nombreux morts et blessés. Nous poursuivons les derniers résistants jusqu’au sommet, c'est-à-dire jusqu’à l’entrée du bastion formé par les rochers du Petit Donon. Là, nous subissons une nouvelle rafale avant d’atteindre, victorieux, le centre même de ce bastion.

Autour de moi, cette rafale a fait de nombreuses victimes. Je revois encore en pensée les cadavres de quelques Chasseurs : Tesseron, notre meilleur élève caporal, Dailly, encore tout gosse de visage malgré ses 20 ans, Leyder et beaucoup d’autres. Près de moi, l’un d’eux au visage calme, semble reposer. Je crois reconnaître Rosurat.

Mais cette vision a la durée d’un éclair, car toute mon attention est attirée par la fin de la lutte.

Un des premiers, en arrivant sur le bastion, le capitaine Zuber, a été gravement blessé d’une balle qui lui a traversé la main gauche. Pendant qu’on le panse, à côté de moi, je prends ses ordres. La réponse est nette : « Résistez jusqu’au bout ». Telle est la consigne.

Pendant que le capitaine et de nombreux Chasseurs blessés descendent aussi rapidement qu’ils le peuvent la pente Sud du Petit Donon, je reste avec mes hommes valides au sommet, en organisant petit à petit la défense du bastion. Pendant quelques instants, la fusillade continue, car les Allemands ne se sont pas encore retirés très loin du sommet, confiants qu’ils étaient dans leur supériorité numérique.

La fusillade continue un moment, mais elle ne nous cause pas de grandes pertes, car les Chasseurs survivants sont protégés par les rochers qui entourent le bastion du sommet. C’est donc pour un certain temps l’accalmie de notre côté, mais la fusillade se poursuit vers le col occupé par la section du lieutenant Fumay et vers le Fallenberg occupé par la section de l’adjudant-chef Glenzinger.

Le bruit des balles et les « hourras » des Allemands me donnent l’impression qu’ils ont dû occuper tout ou partie de la crête. Le bruit de leurs fifres me confirme cette impression.

Il est certain qu’au Petit Donon, l’assaut peut reprendre d’un moment à l’autre, mais il n’en sera rien jusqu’à la tombée de la nuit, malgré la fusillade qui, de temps en temps, crible de balles, sans résultats d’ailleurs, les rochers de notre blockhaus. A notre droite, j’attends des renforts. Dans mon esprit, en effet, le mot d’ordre reçu « résistez jusqu’au bout » devait vouloir dire « résistez jusqu’à l’arrivée des renforts ». Je pensais que le capitaine Zuber, dans sa descente, quoique blessé, avait pu alerter les éléments de la 2e compagnie du bataillon, qui occupaient le col entre les deux Donon et qui, de ce fait, étaient les plus proches de nous. J’en étais tellement persuadé, qu’à un moment donné, je crus reconnaître dans la nuit la voix du lieutenant Lavocat de cette compagnie.


Dans la nuit

Je hurlais dans l’obscurité : « Lavocat, est-ce vous ? » sans recevoir de réponse. Quelques instants plus tard, une nouvelle demande de ma part fut suivie de cris en langue allemande qui m’obligèrent à reconnaître mon erreur.

Je reviendrai plus loin dans la description de ce que j’ai vu dans la bataille du 21 août, sur le secours que j’attendais du lieutenant Lavocat.

Le sommet était maintenant entièrement dans la nuit et les blessés en s’aidant les uns les autres avaient pu commencer leur descente, protégés par l’obscurité, vers le col entre les deux Donon. L’un d’eux, le Chasseur Monnet était tombé en arrivant au sommet, avec une balle dans chaque cuisse, avait pu être traîné par d’autres camarades, moins gravement touchés, loin du sommet.

Pendant quelque temps, je songeai à passer la nuit sur le bastion, car j’avais l’impression que l’attaque finale n’aurait lieu qu’au petit jour. Mais je n’avais plus avec moi qu’une vingtaine de Chasseurs susceptibles d’y faire face. J’avais de plus en plus l’impression que, dans l’obscurité totale, des renforts ne pouvaient plus m’être envoyés et me joindre avec succès.

Je me rendais compte, d’autre part, que l’ennemi creusait des tranchées dans le sentier qui conduit du Fallenberg au Petit Donon, avec des éléments placés en perpendiculaire sur ce sentier. Dans mon esprit, ces éléments devaient servir à grouper les troupes destinées à prendre le sommet aux premières lueurs de l’aube. J’ai retrouvé ce qu’il reste de cette tranchée dans ma récente montée au petit Donon.


Les survivants (20 Chasseurs) se retirent

Je raisonnai, dans la nuit, aussi froidement que possible, les décisions à prendre : ou bien se faire tuer sans résultats positifs au petit jour, au moment de l’ultime attaque, ou bien conserver pour des luttes futures, les 20 Chasseurs qui me restaient et essayer de descendre dans la nuit la pente Sud du Petit Donon. Ce fut cette dernière solution qui l’emporta.

Les hommes avaient toujours leur baïonnette au canon. Je les groupai autour de moi en une masse compacte et la descente commença. Elle fut longue, car nous avancions dans les sapinières, très lentement, en évitant de faire du bruit.

Les Allemands se rendant compte qu’ils ne pouvaient plus être maîtres du sommet avant la fin de la nuit, avaient cessé leur marche en avant.

Et c’est pourquoi, malgré les pertes importantes qu’ils ont subies le 20 août à la première attaque du Petit Donon, ils n’ont pas fait figurer cette date sur les inscriptions rédigées en l’honneur de leurs morts de la bataille du Petit Donon, mais seulement celle du 21 août. C’est volontairement que nous avons quitté le bastion du Petit Donon que nous avions repris victorieusement le 20 août.

Il me semble juste de rendre ici un hommage à un ennemi que j’ai toujours vu courageux et loyal dans les combats auxquels j’ai participé avant d’être blessé et amputé, en octobre 1914, comme commandant de compagnie.
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MessageSujet: Re: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 19:10

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Combats du Petit Donon du 21 août 1914

Dans le récit des combats qui se sont déroulés sur la crête entre le Fallenberg et le Petit Donon et tout particulièrement au sommet du Petit Donon, dans la journée du 20 août, nous avons fait connaître que l’attaque allemande avait été précédée d’un bombardement de cette crête pendant cinq heures.

Nous avons d’autre part, donné le détail des troupes allemandes ayant participé aux combats du 21 août et parmi lesquelles figuraient quatre compagnies d’un régiment de Génie.

Nous avons, ce faisant, montré que les attaques importantes des troupes allemandes étaient préparées à l’avance par l’artillerie, dans le but de réduire les pertes de l’assaillant et d’affaiblir le moral des défenseurs.

Les troupes, chargées des attaques, étaient accompagnées de soldats du Génie pour la construction des tranchées.

Dans la nuit du 20 au 21 août, nous nous étions rendus compte de la construction de ces tranchées que nous supposions destinées à servir de point de départ pour l’attaque finale, à l’aube, du bastion du Petit Donon.

La descente, sous le commandement du sous-lieutenant Dalanzy, des derniers éléments de la 6e compagnie, du sommet du Petit Donon, leur permit d’atteindre l’entrée de la route du col entre les deux Donon à un endroit bien connu sous le nom de Jagdhutte (la baraque des chasseurs). Ils y retrouvèrent la 3e compagnie avec le capitaine Gaitet et la section de l’adjudant-chef Glenzinger qui avaient dû se replier, sous la pression de forces ennemies très supérieures en nombre.

Le capitaine Gaitet y organisa une défense sommaire.

En raison de l’importance de la position du Petit Donon, que nous avons esquissée en quelques lignes dans la première partie de ce récit, il était certain que l’état-major français essayerait de reprendre cette position.

Dès les premières lueurs de l’aube nous apprîmes que le général Barbade, commandant notre brigade, avait donné des instructions pour reprendre les sommets.

L’attaque devait être menée par un bataillon du 17e régiment d’infanterie, par le 21e Bataillon de Chasseurs à Pied et par quelques compagnies du 17e Bataillon de Chasseurs de réserve.

Je pense que l’ensemble de ces troupes restait inférieur à 3 000 hommes alors que les troupes allemandes, qui avaient été renforcées, dans la nuit, étaient très supérieures à ce chiffre, d’après l’énumération portée sur l’inscription que l’on trouve sur la pierre même du Petit Donon.

Au moment de l’attaque, nous ignorions complètement la disproportion des troupes en présence.

Le bataillon du 17e régiment d’infanterie commença le premier à gravir les pentes. Le 21e Bataillon de Chasseurs, avec le commandant Rauch en tête, suivit immédiatement. La 6e compagnie avait été reconstituée sous le commandement du lieutenant Fumay.

Les Chasseurs du 17e de réserve s’engagèrent ensuite.

Le Lieutenant Madon, de notre bataillon, avec la section de mitrailleuses, restait à la baraque des chasseurs pour protéger une retraite des troupes, si notre attaque échouait.

La progression se faisait lentement. Les clairons sonnaient la charge et les assaillants, sous le commandement de leurs officiers et sous-officiers, s’excitaient avec des cris de « en avant ». Les balles ennemies portaient d’abord trop haut et on entendait leurs zézaiements, au-dessus de nos têtes, mais, peu à peu, des claquements secs nous indiquèrent leur arrêt dans les branchages.

Notre ligne dépassa le groupe du commandant Rauch et de ses Chasseurs. Une première ligne de tirailleurs ennemis installés à mi-pente avait été débordée, en abandonnant quelques cadavres et plusieurs blessés plus ou moins grièvement.

La montée se poursuivit et nous rencontrâmes de nombreux ennemis tués, dont celui d’un sous-officier, la tête trouée d’une balle.

C’est à ce moment que je vis le corps d’un officier de Chasseurs tué, dont la tête était dissimulée par un mouchoir. J’écartai l’étoffe et reconnus les cheveux blonds du lieutenant Lavocat.

L’endroit où se trouvait le corps de mon courageux camarade, par rapport au sommet du Petit Donon, ne pouvait correspondre à la direction de la voix que j’avais cru entendre dans la nuit précédente. De ce fait, je suis persuadé que le lieutenant Lavocat a été une des premières victimes de l’attaque du 21 août.

La montée de mes Chasseurs se poursuivit et nous amena au pied même des rochers du bastion du Petit Donon. C’est là que fut tué à mon côté un de mes meilleurs sous-officiers, le sergent Boudot, d’une balle dans la tête. Il était boulanger à Raon-l’Etape avant la mobilisation.

Notre progression se trouvant stoppée, il nous fallut attendre que les hommes à notre gauche puissent recommencer la même charge à la baïonnette, qui nous avait si bien réussi la veille, pour reprendre le bastion du Petit Donon.

C’est à ce moment que la malchance va jouer contre nous.

J’ai mentionné dans mon récit du combat du 20 août, que j’avais entendu dans la nuit creuser des tranchées. Il est certain que les éléments du Génie présents sur la crête, ont continué ce travail jusqu’à l’aube. Cette tranchée, perpendiculaire à la crête, et dont les débris sont encore visibles après 50 ans, a permis à l’ennemi de déclencher sur la gauche de notre attaque, une contre-attaque de flanc à laquelle nous ne nous attendions pas. En raison de l’importance des troupes ennemies qui surgirent sur notre gauche, il nous fallut redescendre rapidement, pour chercher un abri derrière les mitrailleuses du lieutenant Madon.

C’est ainsi que se termina sur un échec la tentative d’une partie de la brigade du général Barbade pour reprendre la crête entre le Fallenberg et le Petit Donon ainsi que ce dernier sommet, mais les pertes subies par l’assaillant furent si élevées qu’il ne put exploiter son succès.

Dans l’après-midi du 21 août, toute notre brigade put se reconstituer vers le plateau du col du Petit Donon, à l’entrée des bois menant vers les vallées de la Plaine et du Rabodeau. Le lieutenant Madon, blessé, put également rejoindre nos lignes.

Cette tentative ne fut pas inutile, car elle immobilisa des forces ennemies très importantes, puisque l’inscription sur la pierre du Petit Donon permet d’évaluer ces forces à plus d’un demi corps d’armée. »

La Liberté de l’Est,
30 octobre, 31 octobre, 1er novembre 1964
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MessageSujet: DONON   DONON EmptyMer 15 Aoû 2007 - 19:50

re éric,
merci pour les infos bravo

amicalement
pascal
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